CAHIER DE FORMATION
SAVOIR FAIRE
Selon les signes présentés et la situation globale (psychologique, socio-professionnelle, etc.) du patient atteint de Covid-19, le médecin référent détermine le suivi le plus adapté (2) :
- un traitement symptomatique, avec conseils d’hygiène et une autosurveillance par le patient et/ou son entourage ;
- un suivi renforcé à domicile par télésurveillance ;
- un suivi renforcé à domicile par des infirmières en complément du suivi médical ;
- une hospitalisation à domicile (HAD).
En complément du suivi médical, les critères cliniques relevant de la surveillance du patient à domicile par une infirmière sont :
- l’hyperthermie (mesure de la température et/ou signes de type frissons ou sensation de fièvre) ;
- l’évaluation de la fonction respiratoire (fréquence respiratoire, saturation pulsée en oxygène ou SpO2, toux, expectorations) ;
- l’évaluation de la fonction cardio-vasculaire (pression artérielle, pouls, marbrures, cyanose) ;
- l’état général (signes de déshydratation, état de conscience).
Le suivi renforcé par des infirmières est prescrit par le médecin pour un patient présentant des symptômes de Covid-19, relativement autonome, mais qui ne peut assumer une autosurveillance. La prescription médicale détaille la fréquence du suivi, les signes de gravité qui imposent d’alerter immédiatement le médecin et la possibilité d’appeler le centre 15 en cas d’urgence vitale, en informant le médecin référent. Elle précise également le nombre d’actes et leur fréquence.
→ Surveillance à domicile
Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures dérogatoires, dont une valorisation de l’acte de surveillance infirmière à domicile. « Les syndicats ont proposé d’emblée à l’Assurance maladie une cotation calquée sur celle prévue par la Nomenclature générale des actes professionnels pour la bronchopathie chronique obstructive (BPCO) », rapporte Carine Lager, infirmière libérale et fondatrice de l’équipe IdelCovid à Avignon (Vaucluse). C’est-à-dire la cotation d’un AMI 5,8 comme pour « un acte de surveillance clinique de prévention chez un patient avec exacerbation d’une BPCO » prévu par la NGAP (article 5 ter, chap. II, titre XVI), avec :
- une majoration de coordination (MCI) associée à chaque cotation AMI 5,8 ;
- des indemnités kilométriques (IK) pleinement prises en charge, indépendamment de la présence d’infirmières à proximité du domicile du patient ;
- le cumul de l’acte AMI 5,8 à taux plein avec d’autres soins effectués chez le patient (en dérogation de l’article 11B de la NGAP).
→ Prélèvements effectués lors de Covid-19
Le prélèvement nasopharyngé ou sanguin à domicile pour un patient infecté est coté :
- AMI 4,2 si c’est le seul acte réalisé ;
- AMI 1,5 s’il a lieu pendant un acte de surveillance à domicile (+ AMI 5,8 pour l’acte de surveillance + MCI).
Outre le suivi au domicile du patient, l’infirmière peut continuer à pratiquer des téléconsultations et utiliser le télésuivi, un nouvel acte infirmier créé à l’occasion de l’épidémie de Covid-19.
Les actes de téléconsultation, prévus à la NGAP depuis le 1er janvier 2020, sont pris en charge à 10 0 % par l’Assurance maladie pendant la période de l’épidémie à Sars-CoV-2. Trois types d’actes peuvent être demandés par le médecin dans l e cadre d’une prescription médicale :
- la téléconsultation réalisée au cours d’un s o in infirmier d é jà prévu (code TLS : 10 €) ;
- la téléconsultation réalisée dans un lieu spécialement dédié à cet effet (code TLL : 12 €) ;
- la téléconsultation organisée à domicile de manière spécifique (code TLD : 15 €).
Sur prescription médicale, le télésuivi infirmier est pris en charge à 100 % pour la surveillance clinique des patients suspectés d’infection ou reconnus atteints de Covid-19 (Journal officiel du 20 mars 2020). L’acte de télésuivi est coté AMI 3,2 et permet de pratiquer des soins à distance, des télésoins, par vidéotransmission ou téléphone, notamment :
- la recherche de signes évocateurs d’aggravation des symptômes ;
- le recueil des constantes cliniques (température, etc.) ;
- la mise en place ou le rappel des consignes d’hygiène et de prévention pour l’entourage.
Les patients qui présentent des comorbidités favorisant le risque d’évolution défavorable de l’infection au nouveau coronavirus font l’objet d’une attention particulière. Outre les sujets âgés de 70 ans et plus, cela concerne les personnes qui souffrent (2) :
- de toute maladie chronique respiratoire susceptible de décompenser (insuffisance respiratoire chronique, asthme, mucoviscidose, etc.) ;
- d’insuffisance rénale chronique dialysée ;
- d’insuffisance cardiaque de stade Nyha III (gêne ressentie lors d’efforts modérés) ou IV (gêne lors du moindre effort voire au repos) ;
- de cirrhose décompensée (de stade B et au-delà) ;
- d’antécédents cardiovasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral, ou coronaropathie, chirurgie cardiaque) ;
- de diabète insulinodépendant ;
- de microangiopathie ou macroangiopathie secondaire au diabète ;
- d’immunodépression ;
- d’obésité morbide (IMC supérieur à 40) ;
- de grossesse (par précaution).
En cas de signes de gravité, l’hospitalisation est organisée via un appel au Samu-centre 15. Plusieurs signes de gravité imposent une hospitalisation (2) :
- une polypnée (fréquence respiratoire supérieure à 22 cycles par minute) ;
- une saturation en oxygène (SpO2) inférieure à 90 % en air ambiant ;
- une pression artérielle systolique inférieure à 90 mmHg ;
- une altération de la conscience, une confusion, une somnolence ;
- une déshydratation ;
- une altération brutale de l’état général chez le sujet âgé.
(1) Situation rapportée par Carine Lager, infirmière libérale et fondatrice de l’équipe IdelCovid à Avignon.
(2) « Prise en charge des patients Covid-19 en ville », fiche du ministère de la Santé, 4 avril 2020.
M. C, que vous suivez pour le traitement de son diabète, est diagnostiqué positif à la Covid-19. Vous passez habituellement trois fois par jour pour une injection d’insuline, car M. C, autonome par ailleurs, ne sait pas la doser selon sa glycémie capillaire. Vous l’aidez aussi à prendre son traitement, car il n’est pas très observant. Son médecin a prescrit un « suivi renforcé à domicile avec un suivi par une infirmière en complément du suivi médical ».
Vous rappelez à M. C que, dans son cas, un isolement à domicile d’une durée de quatorze jours est préconisé, puisqu’il ne présente pas de symptômes graves d’infection au coronavirus. Durant cette période, toutes vos visites vont nécessiter des précautions importantes, pour vous-même ou pour les infirmières des équipes dédiées à cette maladie qui vous remplaceront durant la période d’isolement. Vous lui proposez aussi la possibilité d’un télésuivi en lui expliquant que cela consiste à être assisté par téléphone pour évaluer la dose d’insuline à injecter selon la glycémie capillaire. Vous lui dites que vous lui préparerez un pilulier de 14 jours pour ses autres médicaments (1).
Dans le cas d’un patient dont l’état ne justifie pas une hospitalisation, la durée minimale de l’isolement à domicile est de 14 jours à partir du début des symptômes. Et au moins 48 heures après la disparition de ces derniers, notamment d’une éventuelle dyspnée, alors qu’une toux irritative peut persister après la guérison. La décision de fin d’isolement est prise en accord avec le médecin référent.
→ Cas possible : personne présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë avec fièvre ou sensation de fièvre.
→ Cas probable : personne présentant les mêmes symptômes au cours des 14 jours qui suivent un contact étroit avec un cas confirmé de Covid-19, ou présentant aussi des signes visibles évocateurs de Covid-19 au scanner thoracique.
→ Cas confirmé : personne, symptomatique ou non, dont l’infection est confirmée par un prélèvement.
Source : Santé publique France, définitions susceptibles d’évoluer selon les informations disponibles.
Carine Lager, infirmière libérale à Avignon (Vaucluse), fondatrice de l’équipe IdelCovid et infirmière au comité de pilotage (Copil) de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Grand Avignon.
Pourquoi une équipe infirmière dédiée à la Covid-19 à domicile ?
L’idée de constituer une équipe dédiée à cette infection est venue du constat que les équipements de protection individuelle, de type masques ou surblouses, commençaient à manquer et que le dispositif de soins à domicile en place était ultra contagieux. Il y avait un fort risque de contamination, tant dans la population prise en charge que chez les soignants. L’objectif était donc d’économiser au maximum les moyens de protection, tout en étant efficace et efficient dans la prévention de la contagion.
Intervenez-vous pour d’autres soins que ceux liés au nouveau coronavirus ?
Les deux types de prise en charge sont possibles. Certains patients n’ont pas d’autres soins que le suivi de l’infection, mais ne peuvent assurer une autosurveillance. Ils nécessitent malgré tout une prise en charge présentielle. Nous pouvons aussi être sollicitées pour assurer la continuité des soins, en remplacement de l’équipe habituelle pendant la durée de l’isolement “prescrit” par le médecin. Dès le début de l’épidémie, le ministère de la Santé a préconisé un isolement de 14 jours pour les patients diagnostiqués et les personnes qui avaient été en contact avec une personne infectée.
Comment êtes-vous sollicitées ?
Ce sont les médecins traitants qui nous contactent via un numéro unique. L’infirmière régulatrice avertit alors le cabinet infirmier habituel du patient que le médecin traitant a fait appel au dispositif Covid-19. Le cabinet infirmier qui suit habituellement le patient nous transmet les ordonnances en cours, uniquement pour la période d’isolement. Une fois celui-ci levé, le patient retrouve son équipe habituelle.