Administrer des collyres antiglaucomateux - L'Infirmière Libérale Magazine n° 370 du 01/06/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 370 du 01/06/2020

 

CAHIER DE FORMATION

SAVOIR FAIRE

OBSERVANCE

Comme le glaucome à angle ouvert est une maladie à l’évolution insidieuse et progressive, une interruption du traitement n’expose pas à des complications immédiatement symptomatiques. Cela peut amener certains patients à oublier ou à abandonner leur traitement. Il convient de rappeler au patient que même si la maladie est asymptomatique, l’observance du traitement est indispensable pour empêcher la progression de la maladie et conserver la vue. Pour éviter les oublis, l’instillation peut être associée à un geste quotidien comme le brossage des dents.

MODALITES D’ADMINISTRATION

Les analogues de prostaglandines s’administrent préférentiellement le soir, et les formes à libération prolongée de bêta-bloquants le matin.

Secteur temporal inférieur

Se laver les mains avant l’instillation. Incliner la tête en arrière et tirer doucement la paupière inférieure vers le bas pour dégager le cul-de-sac conjonctival et y instiller le collyre, de préférence dans le secteur temporal inférieur et non à proximité du conduit lacrymal. Ne pas toucher le globe oculaire ni les cils avec l’embout. Respecter un intervalle de cinq à dix minutes entre l’administration de deux collyres différents pour éviter que le second ne chasse le premier.

Auto-administration

Vérifier que le patient est en capacité de s’auto-administrer le collyre (attention aux douleurs scapulaires et aux tremblements) ou qu’une tierce personne peut l’y l’aider. Certains flacons sont très rigides et difficiles à manipuler par un patient âgé.

À savoir : il existe en pharmacie des applicateurs compatibles avec la plupart des collyres, qui aident à maintenir l’œil ouvert et permettent de diminuer la pression à exercer sur le flacon. Certains modèles, munis de bras, sont intéressants en cas de limitation motrice de l’épaule.

Conservation

Respecter les durées de conservation des flacons multidoses après l’ouverture (entre quinze jours et trois mois selon les collyres). Noter la date d’ouverture sur la boîte.

Attention : Xalatan (latanoprost) se conserve à température ambiante, alors que ses génériques et Xalacom (latanoprost + timolol) se conservent au réfrigérateur entre + 2 et + 8 °C avant l’ouverture (puis quatre semaines à température ambiante). Jeter les unidoses après l’usage.

GESTION DES EFFETS INDÉSIRABLES

Avec tous les collyres antigl a ucomateux, il existe un risque de sécheresse et d’irritation oculaires susceptible de rendre les lentilles de contact inconfortables. Retirer celles-ci avant l’instillation et les remettre vingt minutes après l’application du collyre. Pour limiter le risque d’épaississement des cils et d’assombrissement des paupières avec les analogues de prostaglandines, essuyer l’excès de collyre avec une compresse humide après l’instillation, sans étaler, en tamponnant.

Pour prévenir les effets indésirables systémiques, appuyer avec l’index sur la racine du nez au niveau du sac lacrymal environ une minute après l’instillation. Cela empêchera le passage des principes actifs dans la circulation générale.

Cas clinique 2

Mme B, âgée de 80 ans, hypothyroïdienne et hypertendue, est également traitée avec un collyre antiglaucomateux, le Lumigan, pour un glaucome à angle ouvert, à raison d’une goutte dans chaque œil le soir. Mme B se plaint de sécheresse et d’irritation oculaires, et vous confie ne pas mettre le collyre tous les soirs parce qu’elle a l’impression qu’il lui « fait plus de mal que de bien », et parce qu’elle a du mal à presser le flacon.

Vous expliquez à Mme B que Lumigan contient du chlorure de benzalkonium qui altère le film lacrymal et peut être responsable de l’irritation oculaire. Vous encouragez Mme B à revoir son ophtalmologiste pour réévaluer la prescription et envisager, par exemple, le recours à une forme unidose, sans conservateur et au flacon plus souple et plus facile à presser. Vous lui rappelez l’importance de l’observance correcte de ce traitement pour éviter les complications du glaucome et vous discutez de la possibilité de se faire aider par sa fille pour instiller le collyre.

Les collyres de la cataracte

Après l’opération de la cataracte, un traitement à base de collyres anti-inflammatoires et antibiotiques est prescrit pendant quelques semaines pour prévenir les complications :

– les collyres contenant un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) visent à prévenir l’œdème qui peut survenir après la chirurgie de l’œil (Acular, Indocollyre, Ocufen, etc.) ;

– les collyres contenant un AINS et un antibiotique permettent à la fois de lutter contre l’œdème et de prévenir le risque d’infection.

Je cote à la nomenclature

L’instillation de collyre ne donne pas lieu à une cotation individuelle, mais :

– elle peut faire partie de la séance de soins infirmiers (AIS) lorsqu’ils sont prescrits au bénéfice des personnes dépendantes ;

– elle peut être coté un AMI 1 par jour dans la limite de quinze jours dans une situation ponctuelle, comme lors de la mise en œuvre d’un traitement ou du suivi d’une opération de la cataracte.

Article 10 du chapitre I de la NGAP « Surveillance et observation d’un patient lors de la mise en œuvre d’un traitement ou lors de la modification de celui-ci, sauf pour les patients diabétiques insulino-dépendants, avec établissement d’une fiche de surveillance, avec un maximum de 15 jours, par jour ».