ON ATELLEMENT ENTENDU QUE PLUS RIEN NE SERAIT COMME AVANT ! Selon nos grands experts, l’après-confinement sera à jamais plus serein parce qu’en cette période d’isolement social, chacun ayant eu l’occasion de se recentrer sur les vraies valeurs, le temps de l’indulgence et de la responsabilisation individuelle est venu.
Est-ce si sûr ? Qui va prendre en considération les blessures psychologiques des anonymes qui ont souffert, dans l’ombre, de l’isolement et de la précarité ? Qui va prendre en compte les souffrances de l’armée silencieuse de tous ceux qui nettoyaient les villes, qui livraient ou… qui soignaient (voir p. 19) ?
Ces dernières semaines, à entendre cette pléthore d’experts, de conseilleurs, de spécialistes, partout et en toutes circonstances, on s’étonne qu’ils ne soient pas déjà venus à bout du virus. Ces sachants-savants, sur le devant de la scène télévisée comme dans les colonnes des quotidiens, monopolisent la parole et rivalisent pour nous asséner leur vérité, leurs certitudes. Il est temps de redonner à l’incertitude sa véritable place, d’accepter que la médecine ne soit pas une science exacte et d’admettre que les scientifiques ne savent pas tout sur tout. En toute humilité, il est cependant possible d’avancer que la Covid-19 est une maladie due à un virus couronné de zones d’ombre, dont la détection est délicate (même si les tests sont de plus en plus fiables, voir p. 44) et pour laquelle aucun traitement n’a jusqu’ici fait ses preuves. Et si nous laissions les avis péremptoires aux professionnels de terrain ?
Le Ségur de la santé se penche enfin sur les plaies des soignants, dans un premier temps dans le cadre de l’hôpital. Même si des aides devraient partiellement pallier la diminution de leur chiffre d’affaires, permettre de reporter certaines charges (voir p. 10), qu’en sera-t-il des libéraux qui ont dû, en un temps record, se réorganiser et mettre sur pied des stratégies imparables ? Dorénavant, il serait bienvenu de plancher sur les soins qui ne figurent pas dans la NGAP, et qui ont pourtant un véritable intérêt pour la prise en charge des patients.