Infection
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docteur en pharmacie, avec l’aimable collaboration du Dr Odile Bagot, gynécologue obstétricienne à Strasbourg.
Les infections vulvo-vaginales les plus fréquentes sont de loin des candidoses génitales, suivies par les vaginoses bactériennes. Bien que bénignes le plus souvent, elles sont à l’origine d’une génie importante, particulièrement lorsqu’elles récidivent.
Les candidoses vaginales et les vaginoses bactériennes font partie des infections vulvo-vaginales non sexuellement transmissibles. Toutes deux sont liées à un déséquilibre de la flore vaginale. La candidose génitale affecte les trois quarts des femmes au moins une fois dans leur vie (HAS, 2018), avec des récidives fréquentes pour 5 % d’entre elles (plus de quatre par an). De son côté, la vaginose bactérienne touche environ 120 000 patientes chaque année, à raison de deux épisodes par an en moyenne (HAS, 2017).
Champignons pour les candidoses, bactéries pour les vaginoses.
Dans 90 % des cas, cette infection vaginale est due à des champignons (levures) du genre Can dida, en général de l’espèce Candida albicans, naturellement présente au niveau du microbiote vaginal (flore vaginale). Certains facteurs modifient l’équilibre vaginal, ce qui peut favoriser la prolifération de C. albicans et augmenter le risque de candidose (voir le tableau).
Comme son nom l’indique, cette infection vaginale est liée à la prolifération de diverses bactéries, principalement de Gardnerella vaginalis qui fait également partie de la flore vaginale. Cette prolifération est due à une diminution des lactobacilles protecteurs dont le rôle est de maintenir l’acidité du vagin afin de préserver la muqueuse vaginale du développement de bactéries ou de levures. L’augmentation du pH qui en résulte ouvre la voie à l’infection bactérienne.
Leucorrhées inodores pour les candidoses, malodorantes pour les vaginoses.
– Prurit au niveau de la vulve, qui devient rouge et cuisante, parfois étendu à la zone périanale.
– Leucorrhées inodores, ressemblant à du lait caillé.
– Douleurs au moment des rapports et brûlures lors de la miction sont possibles.
Leucorrhées fluides, grisâtres, malodorantes, associées à un prurit vulvaire.
– Le traitement local repose sur les antifongiques azolés. Il doit associer systématiquement une crème à appliquer pendant 8 à 10 jours et des ovules pour éradiquer les levures. Avec une efficacité équivalente, les ovules à libération prolongée sont privilégiés (Éconazole LP, etc.).
– Un savon à pH neutre ou alcalin, destiné à limiter la prolifération des levures, est conseillé en parallèle (Hydralin Gyn, par exemple).
À savoir : au cours des premières 24 heures, une exacerbation des brûlures, due à la lyse de la levure, est possible. Le traitement peut être mis en place durant les règles, mais l’usage de tampons est déconseillé, car ils peuvent en compromettre l’action. Le traitement systématique du ou de la partenaire asymptomatique est inutile.
– Lors de récidives fréquentes (au-delà de quatre par an), un antifongique en prise unique par voie générale se révèle souvent efficace (fluconazole, etc.). En cas d’échec, le traitement est répété toutes les deux à quatre semaines pendant six mois.
Si une candidose survient systématiquement à la suite d’une antibiothérapie, un traitement préventif est recommandé par l’administration unique d’un ovule à la fin du traitement antibiotique.
Plusieurs ovules antifongiques sont disponibles sans ordonnance. Seule la candidose vaginale d’une femme non enceinte, qui en reconnaît les symptômes, peut faire l’objet d’un traitement d’automédication. Des récidives fréquentes, plus de quatre par an, malgré un traitement bien conduit, nécessitent un avis médical et un prélèvement local pour identifier le ou les agents pathogènes en cause.
Il repose sur les nitro-imidazolés par voie orale (comme le métronidazole), en prise unique pour favoriser l’observance et limiter les effets indésirables. Le traitement du ou de la partenaire asymptomatique n’est pas systématique.
À savoir : les troubles digestifs, de type nausées ou troubles du goût, sont fréquents. La prise concomitante d’alcool induit une réaction antabuse. Elle est déconseillée jusqu’à trois jours après la prise du médicament.
Les recommandations habituelles d’hygiène intime sont préconisées : pas de douches vaginales ou de toilette “interne” susceptible de déséquilibrer le microbiote vaginal, ni d’emploi prolongé de savons antiseptiques (Solubacter, etc.) éventuellement prescrits à la suite d’un épisode infectieux. Serviettes et tampons hygiéniques doivent être régulièrement changés durant les règles.
« Les récidives surviennent fréquemment à la suite d’un traitement d’automédication mal conduit, comme l’usage d’une crème antifongique seule ou d’un ovule antifongique seul, ce qui ne détruit pas toutes les levures », souligne le Dr Odile Bagot. Il est également recommandé de limiter toute humidité excessive, en portant des sous-vêtements en coton plutôt que synthétiques, en évitant les pantalons trop serrés, le port continu de protège-slips ou encore d’un maillot de bain mouillé.
Dr Odile Bagot, gynécologue obstétricienne à Strasbourg, auteure de Vagin & Cie, on vous dit tout !*
Les probiotiques par voie vaginale sont couramment prescrits, avec de bons résultats, en prévention des récidives de candidose vaginale, en association avec les estrogènes qui favorisent la croissance des lactobacilles.
Les prébiotiques par voie vaginale acidifient le pH vaginal et présentent un réel intérêt en prévention des vaginoses (Hydralin Balance, Geliofil, etc.).
* Éditions Mango, collection Petit guide visuel, février 2019.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.