Se former à l’étranger - L'Infirmière Libérale Magazine n° 370 du 01/06/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 370 du 01/06/2020

 

FICHE PRATIQUE

Géraldine Langlois  

journaliste

Les sessions de formation continue proposées par les organismes agréés amènent parfois les infirmiers à se déplacer… très loin. Ces dernières années, plusieurs centres de formation ont en effet organisé des voyages-formation à l’autre bout du monde. Certains catalogues affichent par exemple des propositions telles que “diabète et soins infirmiers” aux Philippines ou encore “nouveaux rôles, nouvel acte infirmier : insuffisance cardiaque et BPCO” au Pérou. D’autres proposent de s’initier à l’éducation thérapeutique du patient en République dominicaine, pendant dix jours, ou d’apprendre à mieux prendre en charge la douleur en Birmanie. Il est possible de mêler l’utile à l’agréable sur terre, mais aussi sur mer, puisque des croisières sont notamment organisées sur le thème de la Nomenclature générale des actes professionnels, quelquefois avec son conjoint.

Dix jours… dont deux de formation

Les séjours durent en général une dizaine de jours, dont deux jours ou quatre demi-journées de formation proprement dite (14 heures au total). Le reste du temps est consacré à des excursions ou à la détente.

Selon certains organisateurs, de nombreuses sessions à l’étranger sont finalement annulées, faute d’un nombre de participants suffisant. Pourtant, en 2016, un stage sur “l’hypnoanalgésie en pratique de soin” a bien eu lieu aux Seychelles, organisé par Orion et Havas Voyages, avec seulement 21 participants…

Les enseignements sont dispensés par des formateurs de l’organisme de formation. Quant au voyage luimême, il est livré clés en main par une agence de voyage (transport, transferts, hôtel, excursions, visites diverses et variées, etc.). Un guide, issu de cette agence, accompagne en outre le groupe sur place.

Selon certains organismes, la mode du voyage-formation a fait long feu. Ils ont d’ailleurs décidé de ne plus en proposer, ou de planifier des sessions dans des lieux offrant des conditions tout aussi agréables… mais en France. Pour d’autres, la demande pour les formations à l’étranger existe toujours.

Le DPC-voyage rarement financé

Pourtant, ce type de séjour revient cher. Pour une dizaine de jours, il vous en coûtera près de 3 500 € tout compris, dont seulement 550 € de frais spécifiquement liés à la formation. Et s’il est toujours envisageable de solliciter un crédit d’impôt au titre de la formation professionnelle, d’après un centre organisateur, il est devenu quasiment impossible d’obtenir un financement dans le cadre du développement professionnel continu (DPC).

Depuis un an et demi, l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) a en effet limité les possibilités, pour un organisme de formation, de rendre l’association voyage-formation éligible au DPC. Le comité d’éthique de l’ANDPC a adopté, en 2018, la charte du DPC(1) dont la partie III encadre précisément les sessions organisées hors de France.

Depuis, les formations doivent, pour être éligibles à un financement au titre du DPC, remplir certaines conditions. Par exemple, il faut qu’elles traitent de problématiques transnationales de santé, ou qu’elles permettent aux participants de comparer la coordination des prises en charges médicales ou thérapeutiques entre plusieurs territoires. Certaines sessions, adossées à un événement international, peuvent aussi être éligibles, ainsi que celles qui sont organisées de manière transfrontalière. De la même manière, les organismes qui souhaitent que leurs formations soient éligibles au DPC doivent s’abstenir, d’une manière générale, « de faire du lieu du déroulement de la session un argument promotionnel de l’action de formation », précise la charte éthique de l’ANDPC. Les activités culturelles, touristiques, sportives ou encore gastronomiques organisées en marge des cours doivent également être présentées comme “secondaires” par rapport à la dispensation des enseignements.

Plus de candidats que d’élus

Les organisateurs de formations à l’étranger doivent formuler une demande préalable auprès de l’ANDPC, en amont de la tenue des sessions, et justifier les critères qui font que, selon eux, elles sont éligibles au DPC. Si l’ANDPC reconnaît leurs arguments, elle délivrera un numéro d’accord préalable et les participants pourront bénéficier d’une prise en charge de leurs frais de formation au titre du DPC (sur la partie formation seulement). Dans les faits, depuis l’adoption de cette charte éthique du DPC, seules deux sessions, organisées en Belgique et concernant notamment les infirmiers, ont été acceptées par l’agence en 2019. Aucune formation à l’étranger n’a pour le moment été validée par l’ANDPC pour 2020.