L'infirmière Libérale Magazine n° 370 du 01/06/2020

 

THÉRAPIES ORALES

ACTUALITÉ

Laure Martin  

Pour permettre un meilleur accompagnement des patients sous thérapies orales, la start-up Continuum+ propose Ako@dom, un suivi à domicile initié en 2017 et assuré par les infirmières libérales, par le biais d’une plate-forme numérique de coordination.

« LES PATIENTS TRAITÉS PAR DES ANTICANCÉREUX À DOMICILE NE BÉNÉFICIENT PAS D’UN SUIVI SPÉCIFIQUE, ALORS QUE LEUR TRAITEMENT PEUT GÉNÉRER DES EFFETS INDÉSIRABLES, relève Florence Ambrosino, infirmière et responsable des opérations cliniques et pédagogiques chez Continuum+. Ils sont parfois un peu perdus, ne sachant pas comment gérer ces effets secondaires ni s’ils doivent contacter ou non leur oncologue. » Pour les soutenir, Continuum+ propose un accompagnement durant les premières semaines de leur traitement – qui sont généralement les plus sensibles – par une infirmière libérale. Le parcours de soins peut ainsi être sécurisé, avec un suivi personnalisé qui favorise l’observance et améliore la qualité de vie du patient.

Critères d’inclusion ciblés

Chaque patient est inclus dans la plate-forme par son oncologue, le pharmacien hospitalier ou l’infirmière de coordination de l’hôpital, dès lors qu’il suit une thérapie ciblée pour un cancer, et qu’il est jugé vulnérable (isolement géographique, social, risque de non-observance, comorbidité). « Lorsque nous recevons une demande d’inclusion, nous contactons le patient pour connaître les coordonnées de son infirmière ou savoir s’il souhaite que nous lui en trouvions une », précise Florence Ambrosino. Dans ce dernier cas, l’infirmière coordinatrice de Continuum+ se rapproche d’Idels ayant déjà effectué un accompagnement ou, à défaut, elle consulte l’annuaire de l’Assurance maladie.

Lorsqu’une infirmière accepte ce suivi, elle doit suivre une formation, sur l’utilisation de la plateforme, les maladies ou encore les effets indésirables des traitements, à l’issue de laquelle elle passe un test. À sa première visite chez le patient, elle est accompagnée par une infirmière d’appui. L’Idel ne dispense aucun soin technique. Son rôle est d’assurer le suivi du patient pendant les trois premiers mois du traitement, ce qui représente neuf visites environ. À chacune d’elles, elle déroule le protocole : prise des constantes, évaluation de la douleur, analyse des symptômes avec des questions précises à poser au patient. « Selon les réponses obtenues, une fiche l’informe de la conduite à tenir », rapporte Florence Ambrosino. Par exemple, pour un certain type d’effets indésirables de grade 1, elle peut conseiller le patient, alors qu’il est recommandé de contacter le médecin généraliste face à un grade 2, voire le spécialiste lors de grade 3.

Le chaînon entre patient et médecins

L’Idel sert aussi d’interface entre le patient et ses médecins. « Le relevé des données qu’elle effectue à chaque visite est stocké sur un espace sécurisé accessible par l’ensemble des professionnels de santé du patient, ce qui permet d’assurer le lien ville-hôpital », souligne l’infirmière, précisant que les différents acteurs des soins peuvent échanger via un fil de discussion.

La plate-forme est gratuite pour l’ensemble de ses utilisateurs. « Des laboratoires pharmaceutiques ont accepté de financer ces parcours de soins, sans impliquer nécessairement leurs molécules », indique l’infirmière. Une convention de prestation est signée avec l’Idel qui est rémunérée à un tarif un peu supérieur à l’AMI 5,8 du programme Prado. En deux ans, 248 patients ont été inclus et, sur les 87 questionnaires de satisfaction validés, « l’Idel est toujours mise en avant, conclut Florence Ambrosino. Les patients se disent rassurés de ne pas être seuls face à leur traitement et de pouvoir échanger avec l’infirmière ».

Carine Wenceslas, Idel à Reichstett (Grand Est)

« Nous exploitons notre expertise clinique »

« J’ai été contactée fin 2018 par Continuum+, car l’une de mes patientes a été incluse dans ce dispositif par son oncologue et j’ai accepté d’assurer ce suivi. L’avantage de la plate-forme est de nous donner un rythme pour les visites et de nous informer des problématiques que le patient peut être amené à rencontrer, des effets secondaires, etc. En tant qu’Idel, face aux patients, nous assurons notre rôle propre, puisque nous exploitons notre expertise clinique et prenons en charge le patient dans sa globalité. Nous assurons également un suivi complet par rapport au traitement, ce qui permet à l’oncologue de connaître les réactions du patient. Finalement, nous sommes les coordinatrices des soins. »