Des Idels en campagne pour les municipales - L'Infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020

 

POLITIQUE

ACTUALITÉ

Véronique Hunsinger  

Les infirmières libérales sont nombreuses à s’investir associativement, syndicalement ou politiquement. Le scrutin pour les élections municipales le prouve une fois encore.

POUR TOUS LES CANDIDATS AUX ÉLECTIONS MUNICIPALES, CETTE CAMPAGNE AURA ÉTÉ PARTICULIÈREMENTATYPIQUE : suspendue après un premier tour dont la tenue a été controversée, elle a repris timidement à la fin du mois de mai dans les incertitudes du déconfinement. Pour les Idels candidates, cette suspension de campagne s’est généralement accompagnée d’une reprise intense de l’activité professionnelle auprès des patients.

Ce fut notamment le cas pour Fanny Delestré, Idel de 37 ans, mère de quatre enfants, qui exerce à Humbercourt dans le nord du département de la Somme. Déjà élue conseillère municipale de sa commune, lors de deux mandats, elle s’est présentée cette année en tête d’une liste sans étiquette à Doullens, la grosse commune voisine de 6 000 habitants. Au premier tour, elle s’était retrouvée en ballotage avec trois autres candidats après avoir recueilli 18 % des suffrages. « Avec le confinement, nous avons suspendu la campagne quasiment du jour au lendemain, se rappelaitelle une semaine avant le second tour. J’ai immédiatement repris mon activité professionnelle au rythme habituel. Quand le Premier ministre a annoncé que le second tour se tiendrait le 28 juin, la reprise s’est faite doucement. »

L’envie d’en faire plus

L’épidémie de Covid-19 a eu pour effet de la renforcer dans ses convictions et dans son envie de s’engager dans la vie politique de la ville. « La gestion de la crise au niveau de la commune a été menée par une tête de liste qui est l’actuelle première adjointe, raconte-t-elle. Elle a certes mis en œuvre les directives préfectorales. Mais je pense qu’on aurait pu aller beaucoup plus loin. À sa place, j’aurais agi davantage et cela m’a parfois mise en colère. » Ainsi, sa concurrente aurait, selon elle, trop tardé à mettre des masques de protection à la disposition des administrés. « Avec ma collègue du cabinet, nous nous sommes organisées avec des patientes couturières, en leur fournissant du tissu et des élastiques pour qu’elles puissent confectionner des masques, se souvient Fanny Delestré. Ainsi, en avril, tous nos patients pouvaient se protéger quand ils étaient obligés de sortir pour faire leurs courses. »

La crise sanitaire a également rappelé à quel point le problème des déserts médicaux est criant et préoccupe d’ailleurs quasiment tous les élus locaux aujourd’hui. « Il nous manque au minimum un médecin généraliste, estime l’Idel de la Somme. L’équipe municipale précédente avait aidé un médecin généraliste à s’installer. Mais je considère qu’il aurait fallu conditionner cette aide à l’engagement qu’il fasse venir un autre médecin avec lui en plus. »

Prendre le pouls de la population

Le désert médical est également la première préoccupation de Kathia Viel, une autre Idel candidate sans étiquette à Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée. Arrivée à la deuxième place au premier tour de mars, elle a évidemment suspendu sa campagne pendant le confinement. En plus de son temps plein en libéral, elle est aussi intervenue en renfort dans un centre Covid temporaire, ainsi que dans un service de réanimation au centre hospitalier de Challans. « Je n’allais pas rester à la maison, alors que j’avais une expérience en réa », explique-t-elle.

Dans son programme figure notamment la création d’un centre de santé municipal où des médecins généralistes seraient salariés. C’est d’ailleurs d’un médecin généraliste qu’elle brigue la succession à la mairie. Ce dernier avait continué d’exercer tout en étant maire. « Quoi qu’il arrive, je poursuivrai mon activité au cabinet, annonçait-elle. Mais si je suis élue maire, je réduirai sans doute un peu mon temps de travail. »

Dans tous les cas, cette période lui aura permis de prendre le pouls de la population. « Je n’ai pas fait campagne auprès de mes patients, car je n’aime pas le mélange des genres, tient-elle à préciser. Beaucoup ont découvert que j’étais candidate en recevant les professions de foi dans leur boîte aux lettres. » C’est pourtant eux qui lui ont donné l’envie de s’engager. « À force de discuter avec les gens, je voyais toutes les choses qui n’allaient pas, explique l’Idel de Vendée. Comme je crois qu’on ne peut pas toujours faire que râler, il y a un moment où il faut aller plus loin et commencer à s’investir. » C’est sans doute ce qui a poussé des dizaines d’Idels à se lancer, comme elle, dans toute la France.

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