Développer la prévention en misant sur la formation

POUR DÉVELOPPER LA PRÉVENTION EN SANTÉ, ON PEUT ATTENDRE DES DÉCISIONS POLITIQUES FORTES OU PRENDRE LES DEVANTS. C’est ce qu’ont décidé de faire la faculté de médecine de Brest et la fondation Ramsay Santé, en mettant sur pied le tout premier diplôme universitaire (DU) de chargé(e) de prévention en santé. Ensemble, ils souhaitent lever un “frein majeur” au développement de la prévention : la rareté des professionnels de santé formés à cette approche, liée au manque pur et simple de formations dédiées, dû quant à lui à l’inexistence d’un métier axé sur le préventif… la boucle est bouclée.

Né d’un partenariat

Dans l’objectif initial de soutenir les initiatives en matière de formation, « nous avons cherché si des DU en prévention existaient pour les professionnels de santé, explique Caroline Deægher, déléguée générale de la fondation, mais nous n’avons trouvé qu’une formation pour les citoyens ». La faculté de médecine de Brest, au sein de son Université citoyenne de prévention en santé de Bretagne occidentale (UCPSBO), propose en effet un enseignement en prévention santé, ouvert aux citoyens, quels qu’ils soient. La fondation a donc contacté la faculté et elles ont décidé de monter une formation spécifiquement dédiée aux professionnels de santé en « capitalisant sur le DU existant », souligne la déléguée générale. Une sorte de partenariat public-privé dans le domaine de la formation en santé.

Apprendre à convaincre

Le DU, qui débute en janvier 2021, s’adresse à tous les professionnels de santé, médecins, kinésithérapeutes, aides-soignants, mais surtout aux infirmiers, qu’ils soient salariés en établissements sanitaires ou médico-sociaux, dans le milieu institutionnel (Éducation nationale, collectivités, Assurance maladie, service de santé au travail, etc.) ou exercent en libéral. Dans toute la France. De ce fait, les cours se dérouleront pour les deux tiers à distance et pour le tiers restant en présentiel, à Brest mais aussi à Paris. « La formation porte autant sur les savoirs, qui peuvent s’acquérir à distance dans certaines conditions, que sur les savoir-faire et les savoir-être, très importants dans la prévention en santé », explique le P^r Christian Berthou, directeur de la faculté de médecine de Brest. Selon lui, pour ces deux types de compétences, l’enseignement présentiel est incontournable. Les cours auront donc lieu dans un centre de simulation en santé, particulièrement adapté à l’entraînement pratique et comportemental comme l’entretien motivationnel.

Un programme chargé d’avenir

Au menu de la formation ⁽¹⁾, des modules sur le modèle psychosocial et la “santé positive”, les grandes familles de situations professionnelles, les facteurs de risque modifiables, la prévention ciblée ou l’approche médico-économique en prévention. D’autres modules aborderont l’éducation thérapeutique du patient, le marketing social, les atouts et les limites de la santé connectée, les compétences psychosociales ou encore la construction d’un projet de promotion de la santé. La formation est répartie en 96 heures de cours, 24 de travaux pratiques et 140 heures de stage. À l’issue de ce DU, les “chargés de prévention” devraient savoir repérer les situations pouvant donner lieu a. une action e.ducative en santé, apporter une aide individualise.e ou organiser des actions collectives en e.ducation pour la sante.. Ils pourront aussi « développer des pratiques professionnelles nécessaires a la mise en œuvre d’actions en éducation pour la santé. ».

Globalement, souligne Christian Berthou, « nous espérons dans un premier temps que les organisations de travail des professionnels de santé formés leur permettront de disposer d’un temps de consultation dédié à la prévention ». Au moins le temps que le système de santé évolue vers la structuration d’une véritable filière dédiée à la prévention, comprenant la reconnaissance du métier de chargé de prévention en santé et d’un acte de soin spécifique, donc valorisable. En créant ce DU, les deux partenaires souhaitent apporter leur contribution à cette démarche qu’ils jugent d’utilité publique. Et démontrer aux pouvoirs publics qu’il est vraiment temps de s’engager dans cette voie.