LA CRISE SANITAIRE A RÉVÉLÉ LES LIMITES DU SYSTÈME DE SANTÉ AUQUEL, TOUT RÉCEMMENT, LE SÉGUR DU MÊME NOM PROMETTAIT DE S’ATTELER. Après leur mobilisation indéfectible pendant le confinement, l’optimisme chevillé au corps, les Idels voulaient évidemment y croire. Ambitieux, ce plan annonce une consultation nationale à destination de tous les professionnels, et prévoit entre autres objectifs de repenser l’exercice en ville. Las ! l’espérance s’est vite effritée, car il suffisait de consulter la liste des membres du comité national, uniquement composé des représentants du secteur hospitalier, de l’Ordre et des syndicats de médecins de ville, pour déchanter. Point d’Idels, ni de pharmaciens ! Cette cuisante contradiction renforce l’amertume et la déception exprimées le 16 juin sur les pavés et détruit les attentes nées quelques semaines plus tôt, lorsqu’on entendait encore, chaque soir à 20 h, la reconnaissance solidaire de la population. Sans doute est-ce par souci d’efficience que le nombre de participants à ce comité a été limité. Mais la légitimité de certains représentants d’instances plus ou moins éloignées des soins souffre-t-elle la comparaison avec celle des professionnels de terrain ?
Un chroniqueur célèbre nous interpellait récemment sur les ondes, en racontant l’histoire d’un chien heureux d’être promené une heure matin et soir pendant le confinement et qui, depuis, reste seul dans sa niche… On ne peut s’empêcher, disait-il, « de faire un parallèle avec tous ceux qui, occupant des emplois subalternes, sont souvent traités comme des chiens et qui auraient pu croire pendant le confinement que, dans le monde d’après, une certaine embellie apparaîtrait, et qu’ils seraient mieux considérés ! ». En attendant la tant espérée revalorisation de la nomenclature des actes infirmiers en ville, que l’on serait en droit de voir incluse dans le pilier numéro un des orientations « transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent », mettons-nous de nouveau à espérer une bonne surprise, enfin inscrite dans les conclusions du Ségur de la santé, mi-juillet. D’ici là, quand vous arriverez à la caisse de votre supermarché, vous pourrez toujours tenter de dire : « Désolée, je n’ai plus d’argent, acceptez-vous les applaudissements ? »