Patrick Canova est médiateur familial auprès de l’Union départementale des associations familiales de Charente (Udaf 16). Par l’écoute et l’accompagnement, il aide les différents membres d’une famille à renouer le dialogue, pour tendre vers un apaisement et, à terme, résoudre les conflits.
La carrière de Patrick Canova, 55 ans, est ponctuée par l’exercice de plusieurs métiers, qui ont pour point commun la communication et l’écoute. « J’ai travaillé dans la gestion administrative pour un orchestre philharmonique, j’ai aussi fait de la conception de sites internet, raconte-t-il. Mais ce sont les cours d’informatique que j’ai donnés à des seniors et une formation d’accompagnement pour les personnes en fin de vie qui ont confirmé mon désir de travailler davantage dans le social, à l’écoute des autres. » Il entreprend alors une reconversion professionnelle et passe le diplôme d’État de médiateur familial. « Les cours sont orientés vers un travail d’écoute et de présence, mêlant la psychologie, le droit, le social. Ils poussent à un repositionnement intérieur, à une prise de conscience, pour adopter une juste posture professionnelle et une nécessaire neutralité. » Diplômé en 2014, il commence par travailler comme référent “famille et petite enfance”, dans un Lieu d’accueil enfants-parents (Læp) à Marseille, avant d’intégrer l’Union départementale des associations familiales (Udaf) de Charente, en novembre 2017.
Patrick Canova travaille avec des familles, des couples qui se séparent, d’autres qui souhaitent rester ensemble mais ne parviennent plus à communiquer, des parents et des adolescents en conflit, des grands-parents qui ne voient pas leurs petits-enfants ou encore, dans le cadre d’une expérimentation, avec les aidants autour de l’autonomie. Le médiateur familial « est une espèce de passeur, une personne qui écoute pour faire émerger les besoins des personnes, explique-t-il. La médiation devient un espace de parole, en présence d’un tiers pour donner un cadre au processus.
Patrick Canova intervient dans le cadre de deux types de médiation, qui sont gratuites pour les bénéficiaires de l’aide juridictionnelle, ou payantes selon un barème de la Caisse d’allocations familiales (CAF) qui débute à 2 € la séance. La médiation peut être spontanée, lorsque des personnes contactent directement l’Udaf. « La médiation peut également être judiciaire, c’est-à-dire reposer sur une décision du juge aux affaires familiales », indique-t-il. C’est par exemple le cas en préaudience, lorsque le juge demande une médiation entre deux parents en conflit pour la garde de leurs enfants, ou pour des questions d’obligation alimentaire. Le juge fait alors parvenir aux familles et à l’Udaf une ordonnance les enjoignant de contacter le service de médiation familiale.
En médiation spontanée ou judiciaire, l’intervention du médiateur suit le même protocole. « Je demande aux personnes sur quoi elles veulent s’exprimer lors de la séance, souligne-t-il, précisant organiser une cinquantaine de processus de médiation familiale par an. Je travaille sur le temps présent, sur l’histoire du couple, l’intérêt des enfants, les ressentis de la famille. » Son cœur de métier est d’accompagner la réflexion, de faire en sorte que les personnes parviennent à s’écouter et à communiquer. Dans le cadre des médiations judiciaires, notamment en cours d’audience ou après, le médiateur reçoit le contenu du jugement. À la fin de la procédure, il remet une attestation de présence et de participation au juge et aux participants dans laquelle il n’évoque pas le contenu de la médiation. Indépendant de la justice, il est en effet soumis à une obligation de confidentialité et d’impartialité sur ce qui se déroule au sein de l’espace de médiation.
La mission de Patrick Canova repose sur l’écoute et la confiance. « Je créé un cadre sécurisant pour les personnes qui ont besoin d’être rassurées et entendues. Je ne les amène pas obligatoirement à parler, je travaille d’ailleurs beaucoup sur le silence. » Et de conclure : « La médiation n’implique pas nécessairement de trouver un accord sur le différend pour lequel elles sont venues me voir initialement. Un conflit est souvent un ensemble de petits litiges et lorsque l’un des nœuds principaux est exprimé et dénoué, généralement, le reste s’apaise. Revenir sur des crispations ou des rancœurs qui n’ont jamais été évoquées permet de rétablir la confiance et la communication, et de faciliter par la suite le processus de médiation. »
Patrick Canova reçoit les familles dans le cadre de médiations à Angoulême, dans les locaux de l’Udaf de la Charente. Mais il assure également sa mission sur le reste du département. « Je dispose de lieux d’accueil sur l’ensemble du territoire de la Charente, au sein desquels je peux recevoir les familles, pour être au plus près d’elles », rapporte-t-il, précisant parcourir de nombreux kilomètres chaque semaine pour accompagner celles qui n’ont pas toujours la possibilité de se déplacer. La médiation demande du temps, un investissement personnel, et si je peux éviter aux demandeurs d’avoir à poser une demi-journée pour en bénéficier, cela fait partie de mon travail. » D’ailleurs, pour toujours plus d’accessibilité, pendant la période de crise sanitaire, le service dédié de l’Udaf propose des médiations en visioconférence et un soutien par téléphone.
« Les infirmières, comme les autres professionnels de santé qui estiment qu’une famille a besoin d’un tiers pour qu’un conflit s’apaise, peuvent les orienter vers la médiation familiale. Cela ne coûte rien de guider et de proposer, d’autant plus que l’entretien d’information préalable à la médiation familiale est gratuit. Les infirmières libérales peuvent aussi nous contacter directement. Nous sommes toujours disponibles pour les personnes qui se posent des questions sur notre profession, pour partager, pour échanger, afin de faire connaître notre sphère d’intervention. C’est le cœur même de notre métier. Il est essentiel pour moi de collaborer avec tous ceux qui interviennent au sein de la cellule familiale. »