Jessica Dias est infirmière puéricultrice. Depuis 2018, elle intervient au domicile des parents pour les accompagner dans leur parentalité.
J’ai toujours travaillé dans le secteur de la petite enfance. J’étais auxiliaire puis infirmière, et je suis puéricultrice depuis 2008. J’ai exercé dix ans dans le cadre de la protection maternelle et infantile (PMI). Les premières années, j’avais beaucoup de moyens à ma disposition. Je pouvais effectuer trois à quatre visites à domicile chaque jour. Aujourd’hui, les parents sont souvent éloignés géographiquement de leur famille et se retrouvent seuls à la naissance de leur enfant. Ils ont besoin d’être mis en confiance dans leur rôle de parents. Mais à la PMI, les moyens alloués ont diminué et les visites à domicile sont devenues l’exception. J’ai donc quitté la structure pour aller dans un service de néonatalogie. Le même schéma s’est reproduit. Les premières années, nous pouvions travailler en binôme, avec une auxiliaire pour trois nourrissons. Mais la direction a revu les financements du service. J’ai de nouveau ressenti le besoin de partir. J’ai réalisé que je souhaitais avant tout accompagner les parents et j’ai donc décidé de me lancer à mon compte. J’ai découvert que je ne pouvais m’installer en libéral que pour effectuer des soins techniques, alors que notre cœur de métier est l’accompagnement à la parentalité. En France, les infirmières puéricultrices ne sont pas reconnues pour leur valeur ajoutée. Le soin relationnel n’est pas codifié. Je me suis quand même installée, en tant qu’auto-entrepreneure. Au domicile, je reste entre une heure et demie et deux heures. J’interviens pour les besoins de l’enfant, pour tout ce qui concerne le sommeil, les pleurs, l’allaitement, la diversification alimentaire, mais également les massages, le portage, les relations entre père, mère et enfant. Aujourd’hui, je ne parviens pas encore à vivre de mon activité. Je continue les vacations à l’hôpital afin d’avoir un salaire convenable. Il faut que mon réseau se développe. J’ai rencontré des professionnels de santé, notamment des pharmaciens et des pédiatres, qui me recommandent aux parents. J’espère qu’un jour nous serons reconnues en libéral, car aujourd’hui mes prestations ne sont pas remboursées.
Les infirmières puéricultrices peuvent s’installer pour développer une activité de soins techniques autour des enfants. Elles apportent une vraie valeur ajoutée, car les enfants ont leurs spécificités. L’infirmière puéricultrice va, en libéral, mettre en œuvre ses compétences techniques, adapter les moyens antalgiques, avec une valorisation financière si l’enfant a moins de 7 ans. Mais de nombreux actes de notre spécialité ne disposent pas de cotation dédiée, comme le soutien à la parentalité, l’accompagnement à l’allaitement. Nous plaidons pour une cotation spécifique, car nous constatons un besoin et une demande des familles. Certaines infirmières puéricultrices, qui souhaitent proposer ce type d’actes, sont contraintes de s’installer en auto-entrepreneur, ce qui donne une dimension commerciale aux soins et va à l’encontre de l’égalité d’accès pour tous.