André Grimaldi, Frédéric Pierru
Piteux constat de ce qui était, hier encore, LE meilleur système de santé : une organisation rétrograde et figée, un fonctionnement embourbé dans une logique financière de restriction de lits, de matériel, de professionnels, pour parvenir à la rentabilité telle que celle attendue d’une entreprise. Les multiples points de vue adoptés dans cet ouvrage (médical, paramédical, économique, sociologique et politique) nous aident à comprendre les limites des différentes réformes successives, leurs répercussions sur la qualité des soins, sur le concept d’égalité de tous face à la santé établi lors de la création de la Sécurité sociale en 1945. La médecine ne fait plus face aux besoins de la population vieillissante, qui présente de plus en plus de maladies chroniques et requiert une prise en charge personnalisée. Guérir de ces affections chroniques devient rare, l’accompagnement et les traitements sont à repenser. Quelque 20 millions de personnes sont concernées, dont la moitié prises en charge à 100 %, et 175 000 en meurent, ce qui représente 30 % des décès chaque année.
Pour soigner les patients aigus aux urgences, engorgées par des personnes qui pourraient consulter en ville mais ne trouvent plus de médecin généraliste, il est temps de réformer le dispositif en profondeur : revoir la gouvernance de l’hôpital, développer le travail d’équipe des professionnels en maisons de santé, améliorer les liens ville-hôpital, rendre au médecin traitant une place centrale, étendre le dossier médical partagé, renforcer la recherche médicale et paramédicale, légitimer et valoriser le travail des infirmiers cliniciens et en pratique avancée. Autant de propositions à mettre en place en y associant les patients, auxquels des missions seront attribuées selon leur formation, leurs compétences, leur expérience.
Éditions Odile Jacob, mai 2020, 496 pages, 23,90 €.