Un outil numérique pour suivre les patients à distance - L'Infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020

 

COVID-19

ACTUALITÉ

Géraldine Langlois  

Plusieurs Agences régionales de santé (ARS) ont mis à la disposition des soignants de leur région un outil de suivi à distance des patients atteints de Covid-19, ou suspectés de l’être, et qui ne sont pas hospitalisés. Il permet une surveillance rapprochée, sans nécessiter le déplacement des professionnels de santé.

DANS LES HAUTS-DE FRANCE, L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ PILOTE UN BOUQUET DE SERVICES D’E-SANTÉ INTÉGRÉS D’UNE AMPLEUR INÉDITE.

L’outil de téléconsultation qui y est inclus, Prédice, a connu un tel succès « qu’il nous a semblé évident qu’il fallait développer un outil spécifique pour le suivi des patients atteints de Covid-19 à domicile, explique Gwen Marqué, directeur adjoint de la stratégie et des territoires à l’ARS. Pour le concevoir, nous avons travaillé avec les professionnels de santé de la région, des urgentistes, des infectiologues et les URPS des infirmiers et des médecins libéraux », en adéquation avec les référentiels nationaux sur l’infection au nouveau coronavirus.

Dès la mi-avril, il était disponible sur la plate-forme Prédice pour tous les professionnels de santé. Il peut être utilisé en amont d’une consultation médicale “physique”, en présentiel, durant laquelle la Covid est diagnostiquée ou suspectée. Le médecin peut proposer le suivi à distance aux patients qui, selon lui, n’ont pas besoin d’être hospitalisés. Il leur fournit alors une fiche explicative qui leur présente l’outil et la manière de l’utiliser.

Un suivi en 21 questions

Dès lors, les patients inclus reçoivent deux fois par jour un SMS et un courriel pour leur rappeler de renseigner un questionnaire médical sur leur état de santé. Chaque patient répond à 21 questions. Il peut en outre indiquer la survenue d’un nouveau symptôme comme une toux, des maux de tête ou une diarrhée. Ces réponses sont interprétées par l’outil afin de classer l’état de santé du patient sur une échelle de 1 à 4.

De leur côté, les médecins et les infirmiers qui suivent ces patients reçoivent en temps réel les réponses au questionnaire, et un tableau de bord leur permet de suivre l’évolution de leur état de santé. Des téléconsultations peuvent être proposées si nécessaire. Et lorsqu’un score 4 apparaît, signant une « rapide aggravation des symptômes », le patient est automatiquement informé qu’il doit aussitôt appeler le 15. Les professionnels de santé qui le suivent sont également alertés afin de mettre en œuvre au plus tôt les mesures nécessaires.

En cas de besoin, par exemple lorsque le patient ne dispose ni d’un smartphone ni d’un ordinateur, ou s’il n’est pas en mesure de s’en servir, le questionnaire peut aussi être complété par un professionnel de santé, une Idel par exemple, lors d’un entretien téléphonique, un télésoin ou une visite à domicile. Dans les Hautsde-France, les infirmières peuvent mettre en place le service pour les patients, le paramétrer, mais aussi les accompagner au quotidien dans leur réponse au questionnaire, voire coordonner l’équipe de soins dans le cadre de ce suivi.

Une centaine d’Idels connectées

Plusieurs régions ont adopté cet outil depuis. « C’est le cas des Paysde-la-Loire, souligne Bernard Geffroy, chargé de mission e-santé à l’ARS de cette région. Mais aussi dans le Centre, en Normandie, dans le Grand Est, etc. » Comme dans les Hauts-de-France, l’outil est accessible directement depuis la solution régionale numérique de parcours et de télémédecine. Il se veut en effet complémentaire des téléconsultations, dont le nombre a explosé durant la crise sanitaire. Dans les Hauts-de-France, plus de 170 patients ont bénéficié de l’outil de télésuivi, indique l’ARS, et 106 infirmières s’y sont connectées au moins une fois. Il n’est malheureusement impossible de savoir si elles exercent en libéral ou pas. En effet, l’outil ne leur est pas réservé : les professionnels des établissements de santé peuvent également y recourir.

Dans les Pays-de-la-Loire, ce sont plutôt les hôpitaux qui utilisent cet outil. « Quelques professionnels de santé libéraux s’en sont emparés, mais ils ne sont pas nombreux », constate Bernard Geffroy. Il faut dire que l’épidémie de Covid-19 n’a pas été très forte dans cette région et n’a pas saturé le système de soins. Le Groupement régional d’appui au développement de l’e-santé (Grades) propose en tout cas un accompagnement aux professionnels qui le souhaitent avec, outre des tutoriels, une formation sous la forme de webinaires de trente minutes, deux fois par semaine.

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