Une campagne pour relancer la sensibilisation - L'Infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020

 

CANCERS FÉMININS

ACTUALITÉ

Anne-Lise Favier  

Le centre régional de lutte contre le cancer Oscar-Lambret, basé à Lille dans le Nord, souhaite encourager les femmes à consulter. Pour cela, une grande campagne d’information sur les cancers féminins vient d’être lancée.

« LA CRISE DE LA COVID-19 A EU POUR CONSÉQUENCE DE RENDRE INVISIBLES LES AUTRES TROUBLES DE SANTÉ, ET PARTICULIÈREMENT LES CANCERS. Une baisse significative des actes de dépistage et des consultations diagnostiques a ainsi été constatée. Selon nos estimations, quelque 18 000 mammographies auraient dû être réalisées dans la région des Hauts-de-France pendant la période de confinement », s’inquiète le Pr Éric Lartigau, directeur général du Centre Oscar-Lambret. Pour relancer une dynamique de dépistage, le centre lillois de référence nationale pour la prise en charge des cancers gynécologiques mise sur une vaste campagne d’information et de sensibilisation, baptisée « On a toutes un bon motif de faire son suivi gynéco ! », qui passe par les réseaux sociaux.

Plus de 75 000 femmes touchées par an

D’ici au mois d’octobre, il invite à partager avec son entourage et ses communautés un défi photo sur Facebook et Instagram autour de quatre cancers féminins : un premier challenge en faveur du frottis pour le dépistage du cancer de l’utérus, un second qui traitera du cancer de l’endomètre, un troisième défi mère/fille pour informer sur le cancer des ovaires et enfin le dernier challenge qui interviendra pendant la campagne Octobre rose pour souligner l’importance du dépistage précoce du cancer du sein. Ces défis seront compilés sous les motsdièse #ChallengeCancersFeminins #FollowGyneco et #SuiviGyneco. L’objectif est à la fois d’informer sur chaque cancer de façon concrète et dédramatisée, tout en sensibilisant les femmes à l’importance d’un bon suivi gynécologique par des professionnels de santé.

En effet, « plus de 75 000 sont touchées, chaque année, par un cancer spécifiquement féminin. Notre message est de leur dire qu’il est important de s’informer, de consulter et de se faire dépister. Si une femme a repoussé son rendez-vous chez un médecin pendant la crise sanitaire, en cas de doute, il est toujours temps d’y aller. Il faut continuer de se mobiliser et ne pas repousser la consultation après l’été », insiste le Pr Lartigau. « Il ne faut pas oublier que quatre femmes sur dix ne passent pas de mammographie », déplore de son côté le Dr Delphine Hudry, chirurgien gynécologue oncologue au Centre Oscar-Lambret, qui rappelle que le dépistage permet de prévenir 100 à 300 décès par cancer du sein chaque année.

Les cancers féminins méconnus

Quatre types de cancers féminins sont pris en charge au centre lillois : celui du col de l’utérus qui concerne 3 000 femmes par an, celui de l’endomètre (8 000 cas annuels), des ovaires (5 000 cas par an) et enfin celui du sein, le plus médiatisé car aussi le plus répandu puisqu’il touche 59 000 femmes chaque année.

Concernant le cancer du col de l’utérus, le Dr Hudry rappelle qu’un vaccin existe pour les adolescents, puisque le cancer est dans ce cas une maladie virale provoquée par le papillomavirus humain, qui se transmet lors des rapports sexuels. Sa prévention passe donc à la fois par les jeunes filles, mais aussi par les garçons : le vaccin sera d’ailleurs entièrement pris en charge, dès janvier 2021, pour les adolescents de 11 à 14 ans révolus. À l’heure actuelle, 20 % des jeunes filles sont vaccinées. « Et puis il y a le dépistage par frottis, à faire tous les trois ans lorsque deux premiers frottis, à un an d’intervalle, se sont révélés normaux », rappelle le Dr Hudry. « Pourtant, la moitié des femmes ne réalisent pas ce dépistage », s’inquiète l’oncologue, alors que c’est le dixième cancer le plus fréquent chez la femme.

Plus préoccupant encore, le cancer de l’endomètre, quatrième cause de cancer féminin, n’entraîne pas de signes réellement spécifiques susceptibles d’alerter la femme qui en est atteinte : des saignements anormaux pendant la ménopause ou en dehors des règles peuvent être un signal, mieux vaut donc consulter en cas de doute. Une biopsie de l’endomètre et une IRM lombo-pelvienne sont les méthodes diagnostiques de référence. Réalisées suffisamment tôt, elles permettent de bénéficier d’un bon pronostic. Pour le cancer de l’ovaire, cinquième cancer le plus fréquent, il n’existe pas de dépistage systématique. Une surveillance particulière peut néanmoins être proposée aux femmes qui présentent un risque familial, allant jusqu’à la chirurgie prophylactique qui consiste en une ablation préventive des ovaires. Ce cancer ayant une composante génétique, il est suivi en consultation d’oncogénétique.

Il en est de même pour le cancer du sein, qui reste le plus délétère pour la santé des femmes : une sur huit y sera confrontée au cours de sa vie. Mais dépisté précocement, ce cancer est associé à un bon pronostic : 90% des femmes diagnostiquées en guérissent. Un programme national de dépistage, proposé aux femmes entre 50 et 74 ans depuis 2004, repose sur la réalisation d’une mammographie tous les deux ans.

Plus d’informations sur la campagne de sensibilisation et la participation au challenge via les réseaux sociaux sur www.cancersfeminins.centreoscarlambret.fr

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