Une enquête avant le prochain plan national - L'Infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020

 

SOINS PALLIATIFS

ACTUALITÉ

Laure Martin  

Le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV) a mené une enquête qualitative et quantitative inédite auprès des unités et des équipes mobiles de soins palliatifs (USP et EMSP). Objectif : connaître les moyens dont elles disposent et leurs conditions de travail. Des efforts restent à faire.

« NOUS AVONS EU DE NOMBREUX ÉCHOS, L’HIVER DERNIER, SELON LESQUELS LES UNITÉS ET LES ÉQUIPES DE SOINS PALLIATIFS ÉTAIENTMISES ÀMAL EN TERMES DE FINANCEMENT ET DE RESSOURCES HUMAINES, indique Sandrine Bretonnière, directrice adjointe du CNSPFV et sociologue. Nous avons voulu savoir ce qu’il en était. »

L’enquête, rendue publique mijuin, révèle que dans les USP, les effectifs sont assez homogènes sur le territoire. Les écarts sont substantiels entre les équivalents temps plein (ETP) théoriques et effectifs, particulièrement pour les infirmiers (1,28 ETP), les aidessoignants (2,54 ETP) et les médecins (0,93 ETP), mais très peu entre les ETP budgétés et effectifs. « 54 % des équipes d’USP estiment que la pression ressentie est gérable et que les ressources pour chaque poste sont majoritairement adaptées, alors que c’est l’inverse pour les EMSP qui considèrent à 52 % que la pression sur leur équipe est“limite” », rapporte Sandrine Bretonnière.

Les EMSP fonctionnent généralement avec un à deux ETP médecins (43%) et un à deux infirmiers (50 %). Mais 61 % des EMSP interrogées déclarent avoir une activité à la fois intrahospitalière et extrahospitalière. « Les équipes mobiles ont, depuis quelques années, une charge de travail supplémentaire souvent liée à l’extrahospitalier, confirme Sandrine Bretonnière. Le nombre de conventions signées avec les établissements médicaux-sociaux a beaucoup augmenté, mais elles ne bénéficient pas pour autant d’effectifs complémentaires, les moyens n’ayant pas suivi. »

Globalement, le fonctionnement dans les EMSP apparaît plus tendu que dans les USP, les équipes ne pouvant alors pas remplir l’intégralité de leurs missions, notamment dans les champs de la formation et de la recherche.

Réfléchir aux lits d’aval

Néanmoins, l’enquête montre que les USP comme les EMSP sont satisfaites de leur collaboration avec les autres ressources en soins palliatifs disponibles sur le territoire, telles que l’hospitalisation à domicile (HAD), les lits identifiés soins palliatifs (Lisp) ou les équipes mobiles de gériatrie (EMG), ce qui permet de limiter les ruptures de parcours de soins pour les patients. Certaines déplorent cependant la disparition récente des réseaux de soins palliatifs au profit des plates-formes territoriales d’appui (PTA). Mais en général, « tous parviennent à travailler en transversalité pour le suivi des patients », précise Sandrine Bretonnière.

Enfin, « les répondants ont pointé du doigt l’importance qui devrait être accordée aux lits d’aval, souligne-t-elle. Pour les équipes, il serait nécessaire de créer des structures pour prendre en charge les patients qui sortent des USP et pour lesquels, actuellement, il n’existe que peu de solutions en dehors d’un passage en soins de suite et réadaptation (SSR) ou un retour à domicile, pas toujours facile à organiser ». La solution ? « Pourquoi pas des USP avec des lits dédiés pour des plus longs séjours ? », suggère la directrice adjointe.

Avec cette enquête, l’objectif du CNSPFV est de faire en sorte que les autorités se saisissent des conclusions et en tiennent compte pour l’élaboration du prochain plan national sur les soins palliatifs, toujours attendu aujourd’hui, le précédent plan couvrant la période 2015-2018..

LES FONDEMENTS DE L’ENQUÊTE

Le CNSPFV a pour mission de rassembler des données sur l’accompagnement en fin de vie et les soins palliatifs, et de participer au suivi des politiques publiques. « Nous nous sommes rendu compte qu’il n’existait aucune étude sur les ressources humaines en USP et en EMSP à l’échelle nationale », indique Sandrine Bretonnière. Dorénavant, ce volet sera intégré aux statistiques annuelles des établissements de santé effectuées par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). En attendant, le CNSPFV a mené une enquête en ligne, en novembre et décembre 2019, diffusée par courriel aux 566 unités et équipes de soins palliatifs de France. Au total, 85 % des USP ont répondu (dont 63 % de réponses exploitables) et 75 % des EMSP (dont 62 % d’exploitables), soit un taux de réponses considéré comme très satisfaisant et par ailleurs homogène sur le territoire.

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