Le C2DS expose ses propositions pour le secteur de la santé - L'Infirmière Libérale Magazine n° 373 du 01/09/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 373 du 01/09/2020

 

DÉVELOPPEMENT DURABLE

ACTUALITÉ

Anne-Lise Favier  

Les soignants veulent des soins plus verts, plus vertueux, en lien avec leurs valeurs. Le C2DS vient d’éditer de nouvelles propositions qui cadrent avec les objectifs de l’OMS et les référentiels de la HAS.

LA PLUPART DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ (90 %) DÉCLARENT VOULOIR UN CHANGEMENTDANS LE DOMAINE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ, selon un sondage réalisé en avril 2020 par le Comité pour le développement durable en santé (C2DS) et Primum Non Nocere. Meilleure gestion des déchets, des transports, de la consommation d’énergie, de la qualité de vie au travail sont autant d’items sur lesquels médecins, infirmières, aides-soignantes sont unanimes.

À cet égard, le C2DS vient de formuler de nouvelles propositions pour le secteur de la santé, dans la droite ligne de la feuille de route de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et dans le respect du référentiel 2020 de la Haute autorité de santé (HAS). Elles reprennent les idées du “livre vert” que le C2DS avait édité en 2017, associées à celles mises en avant par les 2 500 professionnels de santé sondés.

Des soins plus verts et responsables

Parmi ces propositions figurent l’intégration des concepts de développement durable, d’éco-conception des soins et de santé environnementale dans la formation des professionnels de santé, lesquels seraient « insuffisamment formés sur les risques émergents », selon le Comité. Le C2DS propose également de limiter l’usage unique, le plastique jetable (qui connaît pourtant un rebond avec la crise sanitaire), en favorisant le retraitement, tout en assurant la sécurité sanitaire. Dans la même veine, des filières locales de valorisation des matières résiduelles pourraient être créées pour générer une économie circulaire créatrice d’emplois non délocalisables. Ce volet rejoint une proposition concernant les achats responsables et la réduction de l’utilisation des composés organiques volatils, ou encore l’interdiction des perturbateurs endocriniens dans le domaine de la santé, l’un des chevaux de bataille du C2DS depuis de nombreuses années.

Fidèle à la doctrine d’Hippocrate « primum non noncere », qui donne son nom à son partenaire expert en responsabilité sociétale des établissements de santé, le comité propose aussi des actions en direction des professionnels de santé : « Leur santé n’est ni mesurée, ni suivie, ni accompagnée », regrette le C2DS. Pourtant, il s’agit de garantir que ceux qui sont chargés de la santé et de l’accompagnement de la dépendance soient eux-mêmes en parfaite santé : à cet égard, il prône la création d’un Observatoire de la santé des professionnels du secteur, avec l’ambition d’animer un plan “santé au travail” et de lancer un plan d’aide au sevrage tabagique porté par des tabacologues dédiés.

Réduire les risques pour optimiser les dépenses

La prévention est aussi un axe de réflexion du comité, qui souhaite que la quatrième édition du Plan national santé-environnement (PNSE 4) devienne le vecteur du financement d’actions préventives : « La prévention mérite une dotation spécifique. Les dépenses générées par l’impact de la mauvaise qualité de l’air, des nuisances sonores, des perturbateurs endocriniens, des chutes de personnes âgées, des accidents domestiques, de la mauvaise alimentation, sont connues. Les populations défavorisées sont davantage concernées. » À cet égard, une approche éco-conçue des soins permettrait d’optimiser les dépenses de santé en réduisant certains risques, une dynamique qui doit être mise en lumière « pour réduire les externalités négatives des soins ».

Au domicile des patients, le C2DS propose « d’organiser et de financer la collecte des excreta de patients traités en chimiothérapie sur le même modèle que celui des déchets d’activités de soins à risques infectieux, et de sensibiliser et protéger les aidants et les familles des impacts induits par ces thérapies », afin de réduire la pollution des eaux par les résidus médicamenteux. Ces propositions s’adressent clairement aux politiques, « à ceux qui pilotent le navire santé, mais qui ne savent pas forcément quels sont les freins, les leviers, les impacts d’une stratégie en responsabilité sociale des entreprises et en santé environnementale à l’échelle du pays », explique Olivier Toma, président du C2DS. Ce dernier assure que les ministres de la Santé et de l’Environnement, sollicités sur ces questions, lui ont affirmé vouloir « taper très fort en termes de santé environnementale à la rentrée ».

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