SÉGUR DE LA SANTÉ… OU DE L’HÔPITAL ?
ACTUALITÉ
Le monde libéral affiche sa déception face aux conclusions du Ségur de la santé : les 33 mesures présentées concernent avant tout l’hôpital, laissant largement de côté la ville.
S’IL EST UN SECTEUR QUE LE SÉGUR DE LA SANTÉ N’A FAIT QU’EFFLEURER, C’EST BIEN LE SECTEUR LIBÉRAL. Car si certaines mesures prévoient, selon la formule consacrée, d’investir dans le lien ville-hôpital, la première moitié du fameux binôme est loin d’être au cœur du projet présenté en juillet. Et les professionnels s’en sont bien aperçus.
« La pratique de l’Idel à domicile n’est absolument pas mise en avant, elle n’est pas revalorisée, et c’est une déception importante », commente Sylvie Ciron, membre du conseil d’administration de l’Union nationale des infirmiers diplômés d’État libéraux (Unidel). Sans nier la pertinence d’une revalorisation des soignants hospitaliers, elle estime que la contribution des Idels à la lutte contre le coronavirus n’est pas reconnue à sa juste valeur. « Le secteur libéral a évité beaucoup d’hospitalisations », estime la militante.
Côté syndical, l’appréciation n’est pas plus positive. Par exemple, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) a jugé, dans un communiqué publié après la présentation des 33 mesures, que le bilan du Ségur était « décevant et minimaliste », regrettant une « vision du système de santé très hospitalocentrée » et des mesures « tenant du “réchauffé” » : renforcement de la télémédecine, soutien à l’exercice coordonné, ou encore accélération du déploiement des infirmières en pratique avancée (IPA).
Justement, du côté des IPA libérales, l’accueil réservé au Ségur est tout aussi circonspect. Si Pierrette Meury, Idel en Guadeloupe et vice-présidente de l’Union nationale des IPA (Unipa), reconnaît que la volonté gouvernementale de former davantage d’IPA est « une bonne nouvelle », elle souligne que tout dépendra de l’accueil qui sera fait aux nouvelles professionnelles sur le terrain.
« Il faut que les équipes de soins primaires constatent l’intérêt de notre présence, affirme-t-elle. C’est quelque chose qui ne se décrète pas, cela se construit. » D’autant plus que le modèle économique n’est toujours pas assuré. « Aujourd’hui, s’engager en tant qu’IPA lorsqu’on exerce en libéral, c’est être pénalisé au niveau des revenus », rappelle Pierrette Meury. Toute la question est de savoir ce que la ville en général, et les IPA en particulier, peuvent espérer après les milliards dépensés pour la revalorisation des salaires à l’hôpital.