L'infirmière Magazine_Hors série n° 406 du 01/09/2019

 

AVANT-PROPOS

Sylvie Gervaise  

directrice
de la rédaction

PROPOSER CE NUMÉRO SPÉCIAL SUR LES COMPLÉMENTS NUTRITIONNELS ORAUX (CNO), c’est à la fois rappeler l’impact de la dénutrition en terme de santé publique, montrer le rôle prépondérant des infirmières libérales dans sa prise en charge, positionner les compléments nutritionnels oraux dans les opportunités thérapeutiques et préciser le type d’accompagnement des professionnels libéraux pour garantir l’efficacité des CNO en évitant le recours à d’autres stratégies plus contraignantes.

La dénutrition est très répandue et touche deux millions de personnes en France, dont souvent les plus vulnérables. Les sujets âgés en particulier représentent 25 % d’entre eux, mais aussi les patients atteints de cancer ou autres maladies, et les personnes dont les conditions de vie sont précaires.

La dénutrition est une spirale aux risques sanitaires élevés, et un engrenage plus complexe qu’on ne le pense à enrayer.

Pour repérer les signes de dénutrition, l’infirmière libérale est le professionnel de santé le mieux placé par sa proximité avec les patients, et la connaissance de leurs habitudes de vie. Elle est à même d’identifier une perte de poids, un changement dans l’alimentation, l’activité physique, l’autonomie, la vie professionnelle ou personnelle, autant de facteurs qui sont potentiellement des signes d’alerte sur l’état général et nutritionnel. C’est l’infirmière libérale qui peut entamer le processus d’évaluation objectif, conseiller et orienter vers la prise en charge médicale qui peut aller jusqu’à une alimentation entérale ou parentérale, parfois dans le cadre d’une hospitalisation.

Plusieurs mesures nationales visent à favoriser cette prise en charge. Le Comité interministériel pour la Santé, en mars 2019, prévoit parmi diverses priorités de santé publique l’alimentation et la réduction de la dénutrition. Parmi les mesures phares, la mise en place d’une semaine de la dénutrition est préconisée, tandis qu’en parallèle, de nouveaux CNO hyperconcentrés permettent d’apporter une même quantité d’énergie et de protéines dans un volume faible.

En aval de la prescription, c’est encore l’infirmière libérale qui pourra veiller à l’observance, encourager à ne pas interrompre la prise en insistant sur ses bénéfices sur l’asthénie, l’activité et, in fine, sur l’autonomie et la qualité de vie.