L'infirmière Magazine_Hors série n° 406 du 01/09/2019

 

PRÉVENIR LA DÉNUTRITION

COMMENT DIAGNOSTIQUER LA DÉNUTRITION ?

Les critères de diagnostic utilisés aujourd’hui en France sont ceux de l’ANAES de 2003(4) pour l’adulte et ceux de la HAS de 2007 (5) pour la personne âgée. À noter qu’un seul de ces critères suffit au diagnostic de la dénutrition.

La perte de poids

Une faible perte de poids peut suffire à détecter une dénutrition. Par exemple, une perte de poids involontaire de 3 kg en un mois chez un patient de 60 kg constitue déjà un critère diagnostic de dénutrition.

Avoir à disposition un poids de référence et garder claire la chronologie d’évolution du poids du patient est donc indispensable.

L’IMC

Si un IMC faible est toujours signe d’une dénutrition, il faut se méfier des patients ayant un IMC élevé (en surpoids ou obèses) mais qui peuvent présenter une perte de poids involontaire ou une insuffisance de masse musculaire. Ils doivent être considérés comme dénutris.

Les critères biologiques

L’hypoalbuminémie peut être un signe de carence protéique indiquant une dénutrition. Néanmoins, les concentrations plasmatiques en albumine diminuent en cas de syndrome inflammatoire et d’insuffisance hépatique. Ainsi, elles ne peuvent être interprétées qu’en présence de bilans hépatique et inflammatoire normaux.

Le MNA (Mini Nutritional Assessment)

Grâce à dix-huit questions diverses relatives à l’état psychologique, physique, la motricité ou les habitudes alimentaires du patient, le MNA permet une évaluation de l’état nutritionnel du patient.

De nouvelles recommandations de la HAS concernant le diagnostic de la dénutrition sont attendues cette année et devraient reprendre les recommandations issues d’une conférence de consensus de 2018. Il n’est pas toujours possible de diagnostiquer la dénutrition avec ces critères au domicile du patient (absence d’une balance au domicile du patient, pas de résultats biologiques). Nous vous proposons ainsi des clés pour vous aider à repérer vos patients ayant un risque de dénutrition.

Pour vous aider à dépister plus simplement la dénutrition de ces profils de patients à risque, nous vous proposons ce test d’évaluation nutritionnelle(6). Si votre patient présente un score supérieur à 6, il est important de l’orienter vers une consultation chez son médecin traitant pour qu’il puisse bénéficier d’une prise en charge nutritionnelle si besoin.

(4) ANAES. Évaluation diagnostique de la dénutrition protéinoénergétique des adultes hospitalisés. Recommandations professionnelles, sept. 2003. bit.ly/2WvxpIW

(5) HAS. Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée. Recommandations professionnelles, avril 2007. bit.ly/2GXwZC9

(6) Test d’« auto-évaluation nutritionnelle » (Nutrition Screening Initiative). Aussel C, Cynober L. Méthodes diagnostiques de la dénutrition de la personne âgée. In Xavier Hébutherne et al., eds, Traité de nutrition de la personne âgée. Paris : Springer, 2009 :144-157.

Les 12 signes d’alerte de la dénutrition*

Si vous observez un seul de ces signes chez vos patients, il y a un risque qu’il soit dénutri.

1. Des revenus financiers insuffisants.

2. Une perte d’autonomie, physique ou psychique.

3. Veuvage, solitude, état dépressif.

4. Problèmes bucco-dentaires.

5. Régimes restrictifs.

6. Troubles de la déglutition.

7. Consommation de deux repas par jour seulement.

8. Constipation.

9. Prise de plus de trois médicaments par jour.

10. Perte de 2 kg dans le dernier mois ou de 4 kg dans les six derniers mois.

11. Albuminémie < 35 g/L ou cholestérolémie < 1,60 g/L.

12. Toute maladie aiguë sévère.

* PNNS. Guide de nutrition à partir de 55 ans. Livret d’accompagnement destiné aux professionnels de santé, sept. 2006, p. 20.

Le test ci-dessous vous permet d’évaluer le risque de dénutrition de votre patient :

→ Posez chaque question et cochez la case adéquate.

→ Selon le score obtenu, vous saurez si le patient est à risque de dénutrition.

Comment comprendre le résultat obtenu ?

Score

0 - 2 Il faut refaire le questionnaire dans 6 mois. Il n’y a pas de risque.

3 - 5 Le risque de dénutrition est modéré ; il est conseillé d’améliorer les habitudes alimentaires et le style de vie et de refaire le questionnaire dans trois mois.

> 6 Situation à risque élevé de dénutrition.