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PÉDAGOGIE → Jouer et apprendre en même temps, c’est la réalité pour les professionnels de santé qui peuvent se former grâce aux serious games. Zoom sur les dernières nouveautés.
L’idée fait peu à peu du chemin dans le monde de la santé : le jeu n’est pas uniquement un outil de divertissement, il peut également avoir des atouts formatifs et informatifs auprès des professionnels de santé et leurs patients, via ce que l’on appelle les serious games. Littéralement, les “jeux sérieux” : « Des applications informatiques dont l’objectif est de combiner à la fois des aspects sérieux tels que l’enseignement, l’apprentissage, la communication ou encore l’information, avec des ressorts ludiques issus du jeu vidéo », nous explique Julian Alvarez, chercheur spécialisé dans le domaine et organisateur d’un récent colloque scientifique
Si, pour le moment, c’est surtout le monde hospitalier qui en découvre l’intérêt, de nouveaux serious games sont en train de voir le jour pour les infirmières : par exemple, avec le logiciel Florence1 (www.sante-training.com) développé par la firme nordiste Audace, les infirmières hospitalières ont pu se former à l’hémovigilance à travers le parcours d’un patient dans une unité de soins ou, plus récemment, apprendre les bons gestes pour faire face à une infection nosocomiale. Audace promet d’ores et déjà d’approcher également le monde infirmier libéral, puisque la société ambitionne de sortir d’ici la fin de l’année un jeu sérieux autour du réglage de la pompe à morphine : « Comme ce dispositif nécessite des réglages particuliers, le jeu permettrait à l’infirmière de se repérer, de répéter certains gestes afin d’acquérir certains automatismes lors de l’utilisation de la pompe », précise Jérôme Poulain, directeur d’Audace. L’interface pourrait même être accessible depuis une tablette ou un smartphone pour en faciliter l’utilisation : facile à dégainer en cas de doute.
Mais les serious games ne se contentent pas de former les professionnels de santé : ils peuvent tout à fait devenir une partie du protocole de soin, guidé par le soignant. En psychiatrie, ils aident certains patients bipolaires à mieux gérer leur pathologie avec Bipolife2 (http://bipolife.ubi.com).
En gynécologie, le récent jeu Born to be alive (www.borntobealive.fr), accessible depuis n’importe quelle connexion Internet, guide les futures mamans des premières contractions à la naissance du bébé, en expliquant de manière très didactique les différentes étapes du travail.
Un autre jeu, Hammer and Planks4 (http://naturalpad.fr/produits/hammer-planks) primé lors du colloque valenciennois, permet aux patients hémiplégiques suite à un AVC de retrouver leur faculté d’équilibre : l’outil, développé avec l’aide d’un ergothérapeute, fait évoluer le joueur sur un bateau virtuel qu’il doit diriger, de gauche à droite, d’avant en arrière, en évitant des obstacles et en luttant à coups de canons sur ses ennemis virtuels.
Tout aussi utile, le serious game Voracy Fich5 (www.voracyfish.fr) qui vise la rééducation fonctionnelle du membre supérieur, à travers un univers que le praticien paramètre pour attribuer un programme de rééducation précis à son patient. Du côté des soins infirmiers, tout reste à inventer, mais il y a fort à parier que de nombreuses applications, notamment en matière d’éducation thérapeutique, viendront compléter de manière ludique la démarche infirmière.
* Les e-virtuoses se sont déroulées les 4 et 5 juin à Valenciennes.