À quoi sert le Conseil international des infirmières ? - L'Infirmière Magazine n° 167 du 01/01/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 167 du 01/01/2002

 

Enquête

Fédération créée en 1899, le CII regroupe plus de 120 associations nationales d'infirmières. Il vise à renforcer la profession dans le monde et à promouvoir la santé dans les pays défavorisés . Fonctionnant parfois comme un syndicat, il peut même négocier collectivement au nom de la profession.

« Je ne remercierai jamais assez le Conseil international des infirmières (CII) pour son aide. Grâce à son soutien, j'ai pu représenter les couleurs du Guatemala à l'étranger. » En 1983, Ana Maria, infirmière basée au Guatemala, part au Brésil pour un congrès international des infirmières. L'occasion de rencontrer des collègues du monde entier et d'échanger des idées sur l'évolution du métier. Un Conseil international d'infirmières, vous dites ? Oui, cela existe et il ne chôme pas. Petit retour sur image.

Énorme machine créée en 1899, le Conseil international des infirmières est une fédération qui regroupe aujourd'hui plus de 124 associations nationales d'infirmières. Il se compose d'un Conseil des représentantes nationales (CRN), son organe directeur qui élit un conseil d'administration et une présidente pour un mandat de quatre années.

« Une voix forte ». Lors du dernier congrès international qui s'est tenu à Copenhague, du 10 au 15 juin 2001, le conseil a élu à la présidence Christine Hancock, ancienne secrétaire générale du Collège royal des infirmières (Royal College of Nursing) au Royaume-Uni. Quelques phrases de son discours d'investiture résument l'esprit du CII : « Tout d'abord, le CII est une voix forte et unie pour les infirmières, s'efforçant de faire prendre conscience aux gouvernements et aux organes internationaux du rôle essentiel que les infirmières jouent en ce qui concerne la situation sanitaire des pays. Ensuite, le CII a la chance incroyable d'être en mesure de diffuser les bonnes idées et les bonnes pratiques à travers le monde. Il y parvient à travers ses congrès, ses publications et son International Nursing Review, ainsi qu'à travers ses groupes de travail. Le CII joue un rôle extrêmement important, je pense, en faisant partager la recherche et les idées pratiques. »

Vocation syndicale. Mais avant toute chose, et d'un point de vue politique, le Conseil international des infirmières est le représentant officiel des infirmières auprès de l'Organisation internationale du travail. C'est donc lui qui agit en cas de litiges. Voilà ce que l'on peut lire sur le site officiel du CII : « Dans certains pays, le CII fonctionne comme un syndicat et négocie collectivement au nom de la profession. Dans d'autres, bien que n'étant pas reconnu comme syndicat, il est impliqué dans un certain nombre d'actions de défense des infirmières. Ces activités ont connu un important essor ces dernières années, car aujourd'hui les gouvernements et les employeurs tentent de réduire les coûts de santé, modifient la combinaison des différents personnels dans les équipes de santé et s'opposent à toute augmentation des salaires. » Depuis quelques années déjà, le CII se bat pour que les politiques ne réagissent pas en termes de coûts de la santé mais en termes de valeur des soins. Pour aider les associations nationales, le CII a recours à des experts pour juger de la contribution des infirmières à la santé. Et diffuse largement ses prises de position via de nombreuses publications : Politique de grève (2000), Bien-être socioéconomique des infirmières (1999), La Mobilité professionnelle dans la profession infirmière (1993), Coût, efficacité et valeur des soins infirmiers (1995)... Établi il y a plus d'un siècle, le Conseil international des infirmières détient deux autres rôles essentiels : renforcer la profession infirmière dans le monde entier et par là même, soutenir la santé dans les pays les plus défavorisés. Afin de consolider la profession et ses pratiques, le CII distribue des bourses et des prix récompensant le travail d'infirmières en exercice.

De nombreux prix. Un exemple : le prix Christiane Reimann, du nom de la première secrétaire exécutive du CII, élue en 1922 et qui l'est restée jusqu'en 1934. Instauré en 1985 et remis tous les quatre ans, à l'occasion du congrès du CII, il a pour objectif d'être « attribué à une ou plusieurs infirmières diplômées (autorisées par l'État à exercer la profession d'infirmière) qui durant les années précédant la cérémonie, auraient fait une contribution remarquable, soit au sein de la profession infirmière - par l'intermédiaire de la recherche ou des soins infirmiers pratiqués au bénéfice de l'humanité - ou pour la profession infirmière » (sources : Fondation Christiane Reimann). Autre exemple de récompense distribuée par le CII : la bourse Virginia Henderson. L'auteur du best-seller Principes fondamentaux des soins infirmiers a donné son nom à ce prix. La bourse attribuée permet au lauréat de « rechercher, développer et diffuser un nouveau savoir relatif à la pratique des soins infirmiers ».

Soutenir les pays en développement. À titre d'exemple, la dernière primée a été la docteur Iku Inoue du Japon, une infirmière praticienne depuis 25 ans et experte en soins gériatriques à domicile, auteur de publications sur des thèmes aussi divers que l'anxiété face à la mort, la dépression chez les membres de la famille du soignant. Cette somme d'argent obtenue lui permettra de rédiger une publication sur « les problèmes et pratiques dans le domaine des soins infirmiers à domicile ». Pour renforcer la cohésion des infirmières du monde entier, les rencontres se multiplient comme, tous les quatre ans, les congrès internationaux. Le dernier en date, le 22e, qui s'est tenu à Copenhague du 10 au 15 juin 2001, a réuni 97 pays et plus de 178 représentants nationaux. Chaque congrès du CII est un événement. Le tout premier s'est tenu en 1901 à Buffalo, aux États-Unis. En 1999, à Londres, l'organisation a fêté son centenaire. Le CII tire donc le meilleur de son influence pour renforcer les soins dans tous les pays, y compris les plus défavorisés.

Solidarité. Et voilà sans doute l'un de ses autres rôles essentiels : le soutien aux infirmières des pays en développement. « Améliorer la situation sanitaire des nations » est devenu, au fil des années, l'un de ses chevaux de bataille. Le site Internet du CII témoigne de ses actions lors des rencontres internationales. Aux plus riches d'aider les plus pauvres. Sous l'égide du CII, certaines organisations nationales se relaient donc pour aider leurs collègues moins favorisées. Exemple concret en Espagne : l'association Infirmières pour le monde, fondée en 1996, sous l'initiative du Conseil général des infirmières espagnoles, organise des formations en Équateur, Bolivie ou encore au Salvador. Ces pays bénéficient ainsi de programmes variés : formation d'aides-soignantes au niveau local, mise en place de points d'eau potable dans des villages, aide aux enfants des rues...

Le Canada, dont le conseil national est très puissant (il soutient 28 pays) aide à hauteur de 100 000 $ CAN sur trois ans l'Association des infirmières du Viêt-nam (AIV) qui compte 30 000 membres. Et les exemples de ce genre sont nombreux. Mais le CII, soucieux de défendre les infirmières des pays pauvres, doit aussi rester à leur écoute. Comme le souligne Gabrielle, une infirmière de Paris présente à l'un des derniers congrès internationaux : « Je me souviens d'avoir assisté à une conférence sur le sida à côté d'une infirmière étrangère qui me raconta que, dans son propre pays, elles en étaient encore à se battre contre le choléra... »

Une énorme machine. Il est primordial que les États et les infirmières du monde entier puissent se rencontrer et confronter leurs situations respectives. Malgré le poids économique des pays occidentaux, les enjeux politiques de la santé sur leurs territoires ne doivent pas faire oublier que certains États ont des générations de retard dans le domaine sanitaire. Les pays les plus riches ne doivent pas pour autant monopoliser les débats. Quoiqu'il en soit, énorme machine travaillant à plein temps, le Conseil international des infirmières joue un rôle fondamental pour la profession. Véritable porte-voix pour les infirmières du monde entier, il réunira de nouveau ses membres au Maroc, à Marrakech, en 2003.

Qui contacter ?

- Conseil international des infirmières

3, place Jean-Marteau

CH-1201 Genève

Suisse

Tél. : 00 41 22 908 01 00.

Site Internet : http://www.icn.ch (site bilingue anglais/français)

- Infirmières au Canada : http://www.cna-nurses.ca

- Infirmières en Espagne : http://www.enfermundi.com

- Infirmières en Afrique du Sud : http://www.sanc.co.za

- Infirmières au Japon :http://www.nurse.or.jp

- Infirmières britanniques : http://www.rcn.org.uk/

Et la France dans tout ça ?

Catherine Duboys Fresney, présidente de l'Anfiide (Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés d'État et étudiants) évoque l'implication de la France au sein du CII.

Quand l'Anfiide a-t-elle intégré le CII ?

L'Anfiide a été fondée le 25 octobre 1924. Elle a rejoint le Conseil international le 27 juillet 1925.

Pourquoi l'Anfiide est-elle seule à représenter la France lors des rencontres internationales ?

Un seul représentant de la profession par pays peut se présenter au CII. En France, nous n'avons pas de conseil national des infirmières, contrairement à de nombreux pays. L'Anfiide est la seule association représentant des infirmières présentes dans tous les secteurs d'activité. Elle a donc sa place dans ce conseil international, même si au sein de l'association, nous sommes tous des bénévoles.

L'Anfiide soutient-elle des projets humanitaires ?

Non, mais le CII nous fait parvenir beaucoup de ses prises de position concernant des sujets de santé divers. Et c'est à nous de faire le lien avec le ministère. Le CII est notre représentant au niveau international et nous sommes toujours de son avis. Ce qui permet aussi de renforcer notre poids au niveau national.

Le conseil international est-il un bon ambassadeur de la profession ?

Oui, il s'adapte bien aux situations, aussi bien des pays riches que pauvres. Il connaît les problèmes de chaque État. C'est une très bonne structure, bien organisée et cela à tous niveaux.

Réseau emploi sur Internet

Exemple de petite annonce que l'on peut trouver sur le site Internet du CII : « Recherche infirmière diplômée d'État pour exercer pour la Croix-Rouge internationale. Nous cherchons 350 personnes pour travailler dans l'une de nos 60 délégations réparties dans le monde entier. » Un emploi dans une ONG, pour les Nations unies ou tout autre organisme international ? C'est l'un des nouveaux services que propose le CII à toute la profession depuis novembre dernier. L'occasion de consulter des possibilités d'emploi sur toute la planète. Cette prestation gratuite signale aux infirmières les postes à pourvoir dans les organisations internationales du système des Nations unies ainsi que dans les associations nationales et internationales des infirmières. En installant cette page spéciale sur son site web, le CII a voulu éveiller l'attention de l'ensemble de la communauté des soins infirmiers sur les nombreux moyens permettant aux infirmières de travailler au niveau international, fournir un accès à l'information pour postuler à ces emplois, et les inciter à envisager la diversité des options de carrière disponibles internationalement. Seul hic de ce site, mieux savoir parler anglais car non seulement les postes sont destinés à des personnes qui maîtrisent cette langue mais le site, lui même, est rédigé intégralement dans la langue de Shakespeare.

Site Internet : http://www.icn.ch/employment.htm