« Débrouillez-vous ! »
PLAIES ET CICATRISATIONS
Actualités
« Si l'infirmière se hasarde à demander un avis au médecin, la réponse est souvent : "Continuez à faire la même chose !" ou "Débrouillez-vous et faites au mieux !" », regrette le Pr Gérard Lorette, chef du service de dermatologie au CHU de Tours et membre du comité de pilotage de l'Observatoire de la cicatrisation.
Rôle fondamental de l'infirmière.
Lors de la 6e Conférence nationale des plaies et cicatrisations, qui s'est tenue du 13 au 15 janvier au Palais des Congrès de Paris, les professionnels de l'Observatoire revenaient sur le rôle fondamental de l'infirmière dans la prise en charge des plaies chroniques. Fondé à l'initiative des laboratoires Genévrier, l'organisme propose aux infirmières de ville et hospitalières d'échanger leurs expériences et d'acquérir de nouvelles compétences (cf. encadré sur les ateliers de formation). Aujourd'hui, le corps infirmier se heurte à de nombreux obstacles relationnels et thérapeutiques. « Pourtant, l'infirmière a un rôle central », insiste Gérard Lorette.
Une enquête réalisée en janvier 2001 auprès de 600 infirmières lors du 5e congrès Plaies et cicatrisations révèle l'impuissance de la profession dans le traitement des pathologies ulcéreuses.
En effet, 57 % des sondées déclarent ne pas disposer des moyens matériels et humains nécessaires pour une prise en charge efficace. Et seules 28 % d'entre elles estiment aujourd'hui bénéficier de formations adaptées au sein de leur établissement. Ce même sondage a permis de dresser un palmarès des plaies les plus souvent rencontrées en milieu hospitalier. Résultats : l'ulcère culmine à la première place (92 %) suivi par l'escarre (84,9 %), les pieds diabétiques (67,1 %), les plaies chirurgicales (54,8 %) et cancéreuses (43,8 %).
Enjeu de santé publique.
Malgré leur fréquence et leur impact sur la qualité de vie du patient, ces troubles de la cicatrisation sont encore trop souvent minimisés.
Aujourd'hui, face au vieillissement de la population, la prise en charge de ces pathologies où l'âge est un facteur déterminant, s'avère d'ores et déjà un réel enjeu de santé publique.
Ateliers de formation
Les Ateliers de la cicatrisation ambitionnent de bâtir des ponts d'échanges et de partage des connaissances entre infirmières et médecins. Ces formations menées en région tout au long de l'année s'adressent exclusivement aux infirmières, qu'elles soient libérales ou hospitalières. Ulcères veineux, perforants, maux perforants plantaires, escarres... Chaque atelier développe des cas cliniques commentés par un binôme médecin/infirmière. S'ensuit alors une réflexion menée par petits groupes autour de questions/réponses. Déjà, six cas cliniques ont été élaborés et une série de documents pédagogiques est en cours de réalisation. Coup d'envoi de ce programme de formation en février 2002.
Renseignements : http://www.laboratoires-genevrier.com
Le pied diabétique en chiffres
Aujourd'hui, près de 5 % des Français souffrent de diabète. 20 à 25 % d'entre eux seront touchés au moins une fois dans leur vie par une lésion du pied. À savoir : 50 % des amputations des membres inférieurs et d'origine non traumatique concernent des patients diabétiques.
Une pathologie démoralisante
En France, les ulcères de jambes touchent plus de 300 000 personnes. Aujourd'hui, la prévalence de cette pathologie douloureuse atteint 3 % chez les plus de 65 ans et près de 5 % chez les plus de 80 ans. Démoralisés, la plupart des patients vivent cette pathologie chronique comme une fatalité. Ainsi, 50 à 60 % d'entre eux se soignent sans recourir à une consultation médicale. Cette situation inquiétante conduit inévitablement à une prise en charge tardive, des soins récurrents plus lourds et une qualité de vie compromise.
Congrès
Organisée depuis 1997 au Palais des Congrès de Paris, la conférence nationale Plaies et cicatrisations rencontre au fil des ans un succès grandissant. En 2000, elle enregistrait près de 3 000 participants. La 6e édition s'est déroulée du 13 au 15 janvier 2002, alternant ateliers et séances plénières. Cette manifestation offre un plateau d'échanges entre les différentes professions concernées : infirmières, médecins généralistes, dermatologues, chirurgiens, gériatres ou encore pharmaciens.