L'asthme, maladie infirmière - L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002

 

PROFESSION

Actualités

L'asthme est l'affection professionnelle respiratoire la plus fréquente dans les pays industrialisés. Selon un bilan établi par l'Onap (Observatoire national des asthmes professionnels), les infirmières sont les professionnels de santé les plus concernés(1). Au banc des accusés : le latex et les aldéhydes.

Dans la population générale, on considère que la prévalence de l'asthme est comprise entre 5 et 10 %(2). Combien de ces asthmes sont-ils à rapporter à une exposition professionnelle ? Ceci est difficile à estimer et les chiffres avancés varient de 9 à 15 %, selon les études. C'est en partie pour cette raison qu'en janvier 1996, un Observatoire national des asthmes professionnels (Onap) a été mis en place à l'initiative commune de la Société française de médecine du travail et de la Société de pneumologie de langue française afin d'analyser l'incidence de l'asthme professionnel, la fréquence respective des différents agents étiologiques suspectés et des métiers responsables d'asthme professionnel. Les données, fournies par les consultations de pathologie professionnelle, les médecins du travail et les pneumologues, sont encore très partielles mais montrent une fréquence de l'asthme professionnel nettement supérieure au nombre de déclarations (200 à 250 nouveaux cas d'asthme professionnel indemnisés chaque année en France).

Attention au latex !

Entre 1996 et 1999, 246 cas d'asthme professionnel survenant chez des professionnels de la santé ont été signalés. Les infirmières sont les professionnels de la santé les plus fréquemment concernés par l'asthme professionnel. 97 % des cas signalés avaient des symptômes rythmés par le travail. Une vingtaine d'agents étiologiques a été identifiée, parmi lesquels le latex et les aldéhydes. L'asthme au latex a été le plus fréquent : les tests cutanés et la mesure des IgE spécifiques ont été positifs dans 98 et 87 % des cas. Les ammoniums quaternaires peuvent être considérés comme une substance émergente et méritent d'être surveillés.

Actuellement, les statistiques médicolégales ne permettent pas d'évaluer le nombre réel de nouveaux cas d'asthme professionnel. Et le nombre de cas signalés par les professionnels de la santé est probablement sous-évalué pour différentes raisons : caractère volontaire du signalement, sous-diagnostic possible de l'asthme professionnel, sous-déclaration et sous-diagnostic de peur d'être pénalisés professionnellement, éviction du risque avant la certitude diagnostique. De plus, la réparation des asthmes professionnels est jugée peu satisfaisante. Or, comme toute affection professionnelle, cette pathologie peut et doit être prévenue. Elle doit aussi être déclarée si l'on souhaite qu'elle soit prise en charge au même titre que les autres maladies professionnelles.

1- Résultats issus de l'Observatoire national des asthmes professionnels (Onap), 1996-1999. Communication présentée au congrès de pneumologie de langue française, Nice, du 26 au 29 janvier 2002.

2- Source : Moira Chan-Yeung, Jean-Luc Malo, «Epidemiology of occupational asthma», in «Asthma and rhinitis», pp. 44-57. Blackwell Scientific Publications. Boston, 1995. Busse/Holgate editors.