La sécheresse cutanée de la personne âgée - L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002

 

PRÉVENTION

Fiches

Le vieillissement entraîne quatre conséquences qui caractérisent la sénescence cutanée : les rides, la pâleur, la diminution de l'épaisseur de la peau et la sécheresse cutanée. La prévention de cette sécheresse combine l'hydratation de la peau et des méthodes qui ralentissent l'évaporation de l'eau.

Rides

La diminution et la désorganisation des fibres élastiques réduisent l'élasticité de la peau. La perte des cellules de graisse et la diminution de l'hydratation du derme réduisent son épaisseur. Résultat, des sillons cutanés se forment : ce sont les rides.

Couleur de la peau

Les vaisseaux du derme se modifient avec le temps. Les mélanocytes, quant à eux, disparaissent de certaines zones et laissent des taches blanches de dépigmentation. Sur le dos des mains apparaissent des taches de couleur brunâtre ; elles sont liées à une perturbation de l'organisation de la mélanine. Ce trouble du métabolisme est secondaire au vieillissement cutané, mais aussi à l'exposition de la peau au soleil.

Épaisseur

L'hydratation se fait moins bien. Les structures collagènes se raréfient et s'effondrent. La peau devient dans certaines zones du corps très fine. A contrario, une lichénification de la peau, qui correspond à une forme particulière d'épaississement cutané, peut apparaître lors de prurits intenses.

Sécheresse

Les glandes sudoripares sécrètent moins et le renouvellement des couches de l'épiderme est plus lent. Cette diminution de la fonction sébacée et donc du film lipidique de surface, rend la peau plus sensible aux irritations. La peau devient sèche, squameuse et rêche. Elle devient également plus sensible aux agressions extérieures. Cette sécheresse cutanée est responsable de démangeaisons importantes, notamment en période de froid. Pour soulager ce prurit, les personnes se grattent, occasionnant des lésions, dites de « grattage ». Ainsi, on peut observer des excoriations cutanées, des petites croûtes linéaires parfois surinfectées, des papules... Ces lésions sont situées sur des zones faciles à atteindre (jambes, bras, fesses) alors qu'un prurit d'origine médicamenteuse ne se limitera pas à ces zones.

Étiologie

Il existe deux grandes causes de prurit : les prurits secondaires à des maladies primitivement cutanées appelées « dermatoses prurigineuses » (comme la gale), et les prurits d'origine interne qui sont la conséquence de divers désordres métaboliques (insuffisance hépatique, pancréatite, insuffisance rénale évoluée). Outre ces causes générales, la sécheresse cutanée de la personne âgée et des troubles psychiques peuvent être responsables d'un prurit. Il est donc essentiel de rechercher en premier lieu une étiologie à ce prurit.

Moyens d'action

Nous disposons de plusieurs moyens pour lutter contre la sécheresse cutanée :

- l'hygiène de la peau. À l'hôpital, les infirmières ont l'habitude d'utiliser des savons ou des produits détergents qui ne conviennent pas à la peau de la personne âgée. Outre l'eau calcaire, ces produits accentuent la perte du film hydrolipidique et augmentent la sécheresse cutanée.

La pratique du bain quotidien et un séchage énergique aggravent également le phénomène. On conseille donc maintenant de ne baigner que deux fois (une fois en cas de prurit) par semaine les personnes âgées souffrant de sécheresse cutanée. Les bains seront donnés le matin, dans une eau tiède, de manière à permettre la reconstitution du film hydrolipidique pendant le reste de la journée (le prurit sénile a une recrudescence vespérale).

Les douches sont préférables au bain. On utilisera un savon surgras pour le lavage et, après un séchage doux, on appliquera sur le corps une émulsion eau dans huile. Sur le visage, on peut utiliser quotidiennement un lait de toilette que l'on rince à l'eau ou, mieux encore, avec une lotion. On sèche soigneusement. Pour les personnes qui ont l'habitude du savon, il faut utiliser un savon surgras. Enfin, les ongles doivent être coupés courts afin de réduire les lésions cutanées dues au grattage ;

- l'hydratation de la personne. Les personnes âgées ressentent moins la sensation de soif. On doit donc veiller à leur proposer de boire souvent (au moins huit verres par jour). On peut également appliquer sur la peau des produits anti-déshydratants (vaseline, huiles végétales...), des agents lipophiles restructurants (acides gras essentiels, phospholipides...), des agents filmogènes hydrophiles (collagènes) pour limiter l'évaporation de l'eau. De nombreuses crèmes hydratantes sont maintenant à notre disposition pour aider à hydrater la peau. Les émulsions huile dans l'eau apportent de l'eau à la couche cornée, tandis que les émulsions eau dans l'huile freinent la déshydratation. À noter que l'exposition au soleil, le stress, la cigarette, les produits irritants, les températures extrêmes, le manque d'humidité dans les locaux sont autant d'éléments qui peuvent accentuer la sécheresse cutanée ;

- les traitements médicamenteux. Parmi les traitements proposés à visée antiprurigineuse, les médicaments antihistaminiques sont les plus largement utilisés, bien que leurs effets ne soient que partiels dans la grande majorité des cas. Leur utilisation locale est même à proscrire car elle peut entraîner un eczéma. L'application locale de cortisone est aussi à proscrire, en dehors de quelques indications bien précises. Elle risque d'aggraver le phénomène.