Le spasme du sanglot - L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002

 

PÉDIATRIE

Fiches

Le spasme du sanglot est la cause la plus fréquente de syncope chez l'enfant jeune. Il survient à la suite d'une contrariété, un traumatisme mineur ou une émotion. Ce trouble est sans gravité mais il a tendance à se répéter et peut susciter de l'inquiétude chez les proches, tant ses manifestations sont spectaculaires.

Environ 5 % des enfants en bas âge font au moins un spasme du sanglot dans leur existence. Si ce malaise s'observe essentiellement chez l'enfant âgé de six mois à trois ans, il peut commencer à se manifester dès l'âge de quelques semaines et durer jusqu'à six ans. La plupart du temps, il ne se prolonge pas au-delà de cet âge.

Le profil psychologique type de l'enfant victime de spasmes du sanglot est celui d'un enfant émotif, hyperactif, coléreux et opposant, dont la famille, souvent la mère, est anxieuse. Le facteur déclenchant peut être une réprimande, une frustration, une chute bénigne... La présence d'un proche susceptible d'être fortement impressionné majore le risque de provoquer le malaise.

Formes de crise

On distingue deux types de syncopes lors du spasme du sanglot :

- la forme bleue, cyanique ou asphyxique : elle représente environ 60 % des cas. L'enfant, contrarié au départ, pleure, s'énerve, trépigne puis hurle. Sa respiration devient saccadée, il reprend difficilement son souffle et au bout d'un certain nombre de sanglots, parfois seulement après deux ou trois, il subit un blocage du thorax... Il se cyanose et c'est l'apnée. Lorsque cette dernière dure, il perd connaissance, a les yeux révulsés dans un tableau d'hypotonie totale. Il devient violacé et se trouve comme mort. Il ne bouge plus et ne respire plus. Il peut avoir quelques mouvements musculaires avec parfois une perte d'urines ;

- la forme blanche, pâle ou ischémique : elle représente environ 20 % des cas. Là encore, la crise est précédée d'une frustration, d'une émotion. En revanche, dans ce cas, l'enfant ne pousse aucun cri, il pâlit brusquement puis il perd connaissance. Cette syncope est souvent convulsivante. Elle est attribuée à une ischémie cérébrale par bradycardie extrême ou arrêt cardiaque. Pour les 20 % de cas restants, une distinction franche entre ces deux formes ne peut être faite.

Dans tous les cas, en l'espace de quelques secondes (un peu plus s'il y a eu des convulsions), l'enfant respire à nouveau et reprend conscience spontanément, sans aucune intervention.

Diagnostic

Il est important de bien reconnaître le spasme du sanglot pour le différencier d'une crise d'épilepsie ou d'une crise de spasmophilie. Les éléments essentiels du diagnostic reposent sur :

- la durée, toujours courte, de la perte de connaissance (de quelques secondes à quelques minutes au maximum) ;

- les circonstances de survenue de la syncope, notamment les événements qui l'ont précédée.

Traitement et conduite à tenir

Il n'existe pas de traitement spécial pour réveiller la conscience d'un enfant victime d'un spasme du sanglot, il la retrouve spontanément. Certains médecins prescrivent néanmoins des médicaments comme le Gardénal® ou des remèdes homéopathiques voire phytothérapiques. Il convient avant tout de rester bien calme. En cas de crises trop fréquentes, on peut prévoir un électroencéphalogramme pour écarter une épilepsie éventuelle (surtout s'il y a des cas connus dans la famille) : le tracé lors d'un spasme du sanglot est celui d'une anoxie cérébrale, différent de celui d'une crise d'épilepsie.

On peut également, dans des cas douteux, pratiquer un électrocardiogramme ainsi qu'une échographie cardiaque pour éliminer une possibilité de troubles du rythme. Dans la majorité des cas, le traitement le plus efficace consiste avant tout à faire comprendre aux parents les mécanismes de ces crises, de les persuader de ne pas s'en inquiéter et de leur dire qu'aucun accident grave n'a été observé lors de spasmes du sanglot.

Principal danger

Le principal danger du spasme du sanglot est plus d'ordre éducatif que sanitaire. Il réside dans la peur panique des crises que ressentent les parents et la tendance de l'enfant à abuser de la situation. En effet, la répétition des syncopes entretient un climat d'anxiété dans la famille et la crainte d'une nouvelle crise conduit les parents à avoir un comportement trop permissif. Il faut que les proches opposent une certaine indifférence aux crises et qu'ils aient avec l'enfant souffrant de spasmes du sanglot une attitude éducative normale sans excès de rigueur, ni de faiblesse.

Évolution

L'évolution est variable dans :

- la fréquence. Chez certains enfants, le malaise se renouvelle souvent ; chez d'autres, il est plus sporadique ;

- les formes. Habituellement, les syncopes sont d'un seul type chez le même enfant, mais elles peuvent être, bien que plus rarement, des deux types en alternance.

Si lors de l'entrée dans « l'âge de raison » (vers six ou sept ans), l'enfant en a fini avec ces manifestations spectaculaires que sont les spasmes du sanglot, il resterait cependant plus que d'autres exposé à présenter des syncopes de la grande enfance ou de l'adolescence et, selon certains auteurs, il serait plus enclin à développer des troubles névrotiques.