Les antipyrétiques chez l'enfant - L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002

 

PHARMACOLOGIE

Fiches

Avant l'âge de cinq ans, la fièvre, à l'origine de convulsions fébriles, doit être combattue efficacement. À l'aspirine, déconseillée pour ses effets secondaires néfastes, on préférera deux autres traitements antipyrétiques : le paracétamol et l'ibuprofène. Leurs contre-indications sont, en effet, peu nombreuses.

La raison prédominante nous poussant à agir contre la fièvre, est le risque de convulsions fébriles chez les enfants de moins de cinq ans. D'autre part, des températures élevées provoquent un état d'inconfort, une augmentation de la consommation d'oxygène et du métabolisme de base, une réduction de la vigilance, un risque de déshydratation. Rappelons néanmoins que l'élévation de la température corporelle semble utile dans le mécanisme de lutte contre certaines infections, lorsque les germes sont sensibles aux fortes températures... En clair, avant cinq ans, il faut lutter efficacement contre la fièvre ; après cinq ans, il faut agir en fonction de l'état général de l'enfant et de l'inconfort généré. Et ne pas oublier les petits moyens simples mais pourtant fort utiles : découvrir l'enfant, lui donner à boire, lui faire prendre un bain d'un à deux degrés en dessous de sa température corporelle. Enfin, rappeler aux parents que la main sur le front est un piètre moyen, bien peu efficace et très subjectif, pour se rendre compte de la température réelle de l'enfant. L'utilisation du thermomètre est vraiment nécessaire.

Aspirine et syndrome de Reye

L'aspirine est un antipyrétique connu depuis plus de 2 000 ans. Très efficace, encore assez utilisée en France, l'aspirine ne l'est quasiment plus aujourd'hui aux États-Unis et au Canada, en tout cas chez l'enfant. En effet, de nombreuses études étiologiques corrèlent l'utilisation des salicylés et le syndrome de Reye, une stéatose hépatique avec encéphalopathie. Dans ces pays, des campagnes d'information auprès du public ont également permis de diffuser l'information afin de changer les choix d'automédication des parents. De très nombreux praticiens français ont modifié leurs habitudes de prescription au regard de ces études. Cette affection aiguë ne touche que l'enfant de moins de 15 ans, avec une prédominance nette pour les consommateurs d'aspirine, notamment au cours d'une virose, d'une grippe ou d'une varicelle. Bien que cette pathologie soit assez rare, le taux de mortalité est de 50 %. Et sa survenue est désormais exceptionnelle dans les pays qui ont proscrit l'utilisation de l'aspirine chez l'enfant. De quoi motiver une remise en question de nos habitudes.

Paracétamol

En première intention, le paracétamol, connu outre-Atlantique sous le nom d'acétaminophène, constitue la molécule de choix pour traiter la fièvre chez l'enfant. Tout aussi efficace comme antipyrétique que l'aspirine ou l'ibuprofène, elle est très bien tolérée et a fait preuve de son innocuité.

La dose adaptée à l'enfant est de 10 à 15 mg par kg de poids, à renouveler en cas de besoin toutes les quatre à six heures, soit 60 mg/kg/jour en quatre à six prises. La dose maximale à ne pas dépasser est 80 mg/kg/jour chez l'enfant de moins de 37 kg. Les contre-indications sont exceptionnelles : hypersensibilité au paracétamol, et insuffisance hépatocellulaire.

Ibuprofène

Une autre molécule de plus en plus employée, l'ibuprofène, constitue une bonne alternative à l'utilisation d'aspirine. Très efficace, son effet antipyrétique est atteint dès 5 à 10 mg par kg de poids, à renouveler toutes les six à huit heures. La dose à ne pas dépasser est de 30 mg/kg/jour. En cas de fièvre rebelle, on peut alterner paracétamol et ibuprofène, afin de lutter contre les survenues brutales d'élévation de la température. Les contre-indications de cet anti-inflammatoire non stéroïdien sont : les allergies aux AINS ou l'intolérance à l'un des composants, l'ulcère gastroduodénal, l'insuffisance rénale ou hépatocellulaire, le lupus. Il est fortement déconseillé de l'associer à d'autres AINS, à l'aspirine, aux anticoagulants oraux, à l'héparine, au lithium.