Soigner à l'aune des Siips - L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 168 du 01/02/2002

 

DERMATOLOGIE

Actualités

Les Siips (Soins infirmiers individualisés à la personne soignée) et la dermatologie ont fait l'objet d'une étude du CHU du Mans présentée au forum infirmier en décembre dernier. Charge et temps d'exécution des soins ont été au centre du débat.

Le forum infirmier qui s'est déroulé le 7 décembre 2001 dans le cadre des journées dermatologiques de Paris au Palais des Congrès fut un véritable succès. La salle était comble : le nombre d'infirmières présentes dépassant largement les prévisions, il fallut remédier à une pénurie de chaises. L'un des ateliers a été l'occasion de présenter l'étude de Solange de Lanzac (cadre infirmier) et Francine Philippet (cadre infirmier supérieur) du centre hospitalier du Mans, sur les Siips et la dermatologie. Les Siips (Soins infirmiers individualisés à la personne soignée) constituent l'une des méthodes d'évaluation de la charge en soins infirmiers. Mis en place entre 1985 et 1990 à l'hôpital du Mans, ils mesurent le temps passé auprès des patients pour tous types de soins (soins de base, techniques ou relationnels). L'étude globale fut menée sur quatre années : 1996, 1997, 1998 et 2000.

Augmentation de la charge en soins.

Trois analyses se dégagent de cette étude : la première concerne la structure et la charge en soins des infirmières, la deuxième établit une comparaison entre la prise en charge des patients en hospitalisation de semaine ou en hospitalisation traditionnelle, la dernière passe en revue trois pathologies (ulcères, psoriasis et eczéma) et la pertinence des diagnostics infirmiers pour chacune. Plusieurs constats peuvent être dressés à partir de la première analyse : la charge en soins a augmenté entre 1996 et 2000. Elle est passée de 19 000 à 26 000 heures de soins infirmiers, en moyenne, par an. La structure des soins a changé : si le volume d'heures moyen par patient et par année a diminué, la part des soins techniques représente une part croissante du travail des infirmières. D'après Solange de Lanzac, cette tendance traduit la séparation qu'instaurent les infirmières par rapport aux aides-soignantes et au personnel de service dans la nature des soins qu'elles dispensent.

L'analyse a permis de déterminer un standard définissant un équilibre « idéal » à atteindre : 40 % de soins techniques pour 60 % de soins de base et relationnels. Ce constat va permettre de réorienter l'organisation du travail infirmier en dermatologie de manière pertinente. Les résultats de cette analyse sont aussi un moyen de négociation avec la direction de l'hôpital sur des points comme l'augmentation nécessaire du quota d'heures de travail infirmier en dermatologie.

Le bilan de la deuxième analyse (basée sur trois semestres des années 2001 et 2002) a permis de démontrer la plus grande adaptabilité de l'hôpital de semaine aux types de soins prodigués en dermatologie, car les soins techniques et relationnels y sont plus élevés qu'en hôpital traditionnel. Enfin, la troisième analyse révèle, entre autres, l'outil incontournable d'évaluation du temps pour les différents soins que sont devenus les Siips. Grâce à la constitution de « classes » numérotées de 1 à 6, chacune correspondant à un temps moyen passé à exécuter un soin sur l'une des pathologies (ulcères, psoriasis, eczéma), la gestion du temps est devenu un jeu d'enfant (cf. schéma). Exemple : la classe 1 correspond à un temps moyen de cinq minutes, la classe 2 à 25 minutes, la classe 3 à 75 minutes, etc. De plus, les Siips répondent à la demande de traçabilité des soins relative à la loi sur le droit des malades, et permet à l'équipe suivante d'évaluer d'un coup d'oeil le suivi et les besoins de chaque patient.

Aujourd'hui, les Siips servent de fil rouge à la démarche infirmière (phase de connaissance, actions et résultats). Ils se concrétisent par le développement de diagnostics infirmiers et de plans de soins- guide pertinents. Selon Solange de Lanzac, les Siips devraient être considérés dans une perspective plus large que leur simple valeur d'outil d'évaluation de la charge en soins. « La prochaine étape serait de confronter les données des Siips à celles du PMSI. »