Hygiène des mains : lavage simple - L'Infirmière Magazine n° 171 du 01/05/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 171 du 01/05/2002

 

Mode opératoire

Les micro-organismes responsables des infections (entre autres, nosocomiales) se transmettent essentiellement par les mains. Ces infections peuvent être évitées grâce à une véritable hygiène des mains.

Définition

Selon la définition donnée par le groupe de travail du C-Clin Paris-Nord(1), l'hygiène des mains consiste en « un traitement des mains par un savon liquide non médicamenteux ou par un produit (savon, gel ou solution) ayant un spectre d'activité antimicrobien ciblé sur les micro-organismes de la flore cutanée afin de prévenir leur transmission ».

On retrouve sur la peau deux types de flore, la flore commensale (ou résidente) et la flore transitoire (ou superficielle).

La flore commensale (ou résidente). Elle regroupe des germes se situant au niveau des couches superficielles et profondes.

Ces germes sont composés de bactéries aérobies, surtout des cocci à Gram + (Staphylococcus aureus, corynébactéries). Cette flore est peu virulente mais un geste invasif peut la modifier et entraîner un processus infectieux.

La flore transitoire (ou superficielle). Elle est composée le plus souvent de bactéries saprophytes présentes dans notre environnement.

À l'hôpital, la flore transitoire comporte aussi des bactéries pathogènes issues de la flore commensale des patients. Ce sont surtout des bactéries à Gram négatif (entérobactéries, Pseudomonas...) et à Gram positif (Staphylococcus aureus, Candida albicans, etc.).

Matériel

Les équipements requis pour un lavage simple des mains sont : un lavabo (à commande non manuelle de préférence), un savon doux avec distributeur (les savons éliminent 40 % à 50 % de la flore cutanée des mains), un essuie-mains à usage unique en distributeur, une poubelle à commande non manuelle.

Indications

L'hygiène des mains s'impose lors de la prise de service, lors de mains souillées ou poudreuses (après retrait des gants), avant et après chaque soin à un patient ne présentant pas de risques, avant la préparation de perfusion, avant et après chaque geste de la vie courante (toilettes, repas...).

Objectifs

L'hygiène des mains a pour objectifs d'éliminer la flore transitoire et de réduire le risque de transmission par manuportage. Au domicile ou à l'hôpital, c'est le mode de lavage le plus utilisé. À noter : le port de gants ne doit pas se substituer au lavage des mains.

Technique

La technique doit être connue de tous les professionnels intervenant à l'hôpital, dont la tenue de travail suit les mêmes règles : manches courtes, avant-bras nus, ongles courts et sans vernis, pas de bijoux.

Le lavage des mains doit durer au minimum 30 secondes :

- se mouiller les mains et les poignets avec de l'eau froide ou tiède ;

- appliquer une dose de savon ;

- se savonner les mains en insistant sur les espaces interdigitaux, le pourtour des ongles, la pulpe des doigts, le bord cubital et le dos de la main ainsi que les poignets ;

- rincer à l'eau abondamment, maintenir les paumes dirigées vers le haut ;

- se sécher avec un essuie-mains à usage unique en tamponnant, sans frotter ;

- fermer le robinet (si non automatique) avec le dernier essuie-mains utilisé ;

- jeter l'essuie-mains dans la poubelle sans la toucher avec la main.

Attention : les savons solides sont formellement déconseillés car ils peuvent être une source de contamination par des micro-organismes pathogènes.

1- Hygiène des mains, guide de bonnes pratiques. C-Clin Paris-Nord, 3e édition, décembre 2001.

Infections nosocomiales

20 % à 40 % des infections nosocomiales sont dues à une transmission manuportée des bactéries, soit par contact direct entre patients ou de soignants à patients, soit par contact indirect avec des matériels contaminés. Selon l'enquête nationale de prévalence réalisée en mai-juin 1996 dans 830 établissements de santé et qui a porté sur plus de 236 000 patients répartis au sein de plus de 10 000 services hospitaliers : « Les infections nosocomiales sont "plus fréquentes dans les spécialités nécessitant des actes invasifs tels que la réanimation". Les patients opérés sont 11,8 % à être victimes d'une infection nosocomiale contre 5,6 % chez les "non-opérés".

Les porteurs de sonde urinaire ont une infection urinaire dans 17,2 % des cas contre 1,2 % chez les non-porteurs de sonde. Les patients de plus de 65 ans sont presque deux fois plus souvent victimes d'infections nosocomiales que les personnes de moins de 65 ans. Parmi les infections nosocomiales, les infections urinaires sont, de très loin, les plus nombreuses (plus du tiers du total) suivies par les pneumopathies, les infections du site opératoire, les infections de la peau et des "tissus mous"...»