Infections bactériennes néonatales - L'Infirmière Magazine n° 172 du 01/06/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 172 du 01/06/2002

 

Conduites à tenir

Les infections bactériennes sont fréquentes à la période néonatale (environ 1/1 000 naissances), et plus encore si le nouveau-né est prématuré. Leur gravité tient à la mortalité et au risque de séquelles dans les infections sévères.

Définition

Les infections bactériennes sont des infections cliniquement ou microbiologiquement identifiables, contractées dans une maternité ou une structure de soins néonataux. Les infections maternofoetales (IMF) dites précoces surviennent dans les trois premiers jours de la vie, les infections secondaires à partir du quatrième jour.

Manifestations

L'infection peut être évidente d'emblée, avec par exemple :

- tableau septique associant fièvre ou hypothermie, météorisme abdominal, hépato- splénomégalie, altération de l'état général, faillite hémodynamique, tachychardie, hypotension artérielle, altération de la conscience, hypotonie, éruption maculopapuleuse, purpura, ictère, oedème ;

- détresse respiratoire ;

- tableau neuroméningé, signant une méningite néonatale : mouvements anormaux, trémulations ou surtout clonies, cris geignards, troubles du tonus franc, raideur méningée, tension de la fontanelle antérieure ;

- tableau ostéo-articulaire (tuméfaction inflammatoire).

Facteurs étiologiques

Dans le cas d'une IMF, la contamination peut avoir lieu in utero, avant la naissance, et l'enfant naît alors infecté. L'infection est parfois favorisée par une rupture prématurée et prolongée des membranes. La contamination lors de l'accouchement est également fréquente. Les germes principalement en cause sont : Escherichia coli, streptocoque du groupe B, Listeria monocytogenes. On peut aussi rencontrer : Klebsiella, Enterobacter, pneumocoque, Hæmophilus...

Les contaminations secondaires sont postnatales, principalement observées dans les unités de soins intensifs, en rapport avec l'émergence de germes sélectionnés par une antibiothérapie ou liée à une contamination nosocomiale. Les germes en cause sont pour la plupart, des entérobactéries (Klebsiella, Enterobacter, Serratia, pyocyanique) et Staphylococcus aureus.

Les facteurs de risque connus sont le faible poids de naissance, la prématurité, l'immaturité pulmonaire ou les affections nécessitant une ventilation, les affections intercurrentes justifiant des actes invasifs, les infections génitales maternelles non traitées.

Objectifs

La lutte contre les infections néonatales constitue un enjeu majeur de santé publique : prévenir ou guérir vite.

Actions

Les mesures de prévention des IN sont :

- la surveillance épidémiologique dans le cadre de réseaux qui permettent aux services participants de se comparer entre eux et de valider de nouvelles stratégies collectives ;

- l'aménagement adéquat des chambres ;

- la mise en oeuvre de procédures d'isolement du nouveau-né malade ou en risque infectieux, le respect de l'obligation d'une unité néonatale de six à dix lits dans les maternités qui pratiquent plus de 1 500 accouchements ;

- l'asepsie rigoureuse des soins de base, des soins invasifs, ventilation et cathétérisme en particulier ;

- la rigueur de l'hygiène de l'alimentation : biberonnerie de préférence centralisée avec zone non stérile destinée au nettoyage et à la stérilisation des biberons venant des unités, zone stérile destinée aux manipulations diététiques avec remplissage des biberons ;

- le respect des mesures de base concernant : le lavage des mains; la tenue vestimentaire de base qu'il faut changer toutes les 24 heures et chaque fois que souillée, la tenue de protection (individuelle par enfant, de préférence à manches longues) à changer toutes les huit à douze heures et si souillée, le port éventuel d'un masque de soins, le port de chaussures propres et réservées au service, l'habillage chirurgical lors de certains gestes invasifs ; la préférence doit aller aux textiles supportant des températures élevées (> 60 °C) ou à défaut la chloration; l'entretien des locaux; l'entretien de l'incubateur : avec une chiffonnette à usage unique et un détergent neutre, appliqué en commençant par l'intérieur côté propre (tête) et en finissant par le côté sale, en insistant sur les hublots et en finissant par l'extérieur, ceci après la toilette du bébé, au moment de la réfection du lit (élimination des déchets et du linge souillé suivie d'un lavage simple des mains); l'entretien du bac à eau, vidé chaque jour et nettoyé avec le produit détergent puis rincé à l'eau stérile avant de remplir à nouveau; le nettoyage-désinfection de l'incubateur entre deux nouveau-nés ; la santé du personnel soignant : en cas d'herpès cutané, un soignant ne doit pas avoir de contact avec les nouveau-nés, en cas d'herpès labial, il doit protéger la lésion (port de masque).

Les mesures de prévention des IMF sont la surveillance attentive de la mère et le traitement de toute vaginose ou cervicite survenant au cours de la grossesse.

Les traitements passent par l'antibiothérapie, l'ablation d'un cathéter responsable d'une infection secondaire, les mesures symptomatiques : intubation et ventilation artificielle, perfusion pour corriger les troubles hydro-électrolytiques et assurer les besoins hydriques et glucidiques de base. Mise en incubateur pour contrôler les troubles thermiques.

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