De l'intérêt du concept - L'Infirmière Magazine n° 173 du 01/07/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 173 du 01/07/2002

 

FORMATION

Actualités

« Réconcilier la pratique et la théorie, avoir la capacité d'influencer la trajectoire du changement, avoir un pouvoir d'influence ! » Une vague d'enthousiasme a porté les journées de l'Anfiide, les 20 et 21 juin derniers, consacrées à l'expertise infirmière. Après le vibrant « Osons l'expertise en soins infirmiers » de la présidente, Catherine Duboys Fresney, et les définitions de concepts d'expertise, Odette Doyon, professeur en sciences infirmières à l'université du Québec à Trois-Rivières, a démontré l'intérêt de l'expertise pour la construction d'un savoir infirmier, et l'intérêt du savoir comme source de pouvoir. « Les infirmières se plaignent d'une déchirure entre le désir qui les a amenées à ce métier et le vécu quotidien dans les services. Elles ont aussi cette impression d'être indispensables mais paradoxalement de n'avoir que très peu de pouvoir. » Alors que faire ? Odette Doyon a dévoilé son arme secrète : la théorie de David Kolb (professeur de « comportement organisationnel » à la Weatheread School of Management) sur l'apprentissage.

Cycles du savoir.

La théorie est simple : le savoir se construit par une suite de cycles composés de quatre étapes : l'expérience concrète, l'observation réfléchie, la conceptualisation abstraite, l'expérimentation active. « Pour soigner, les infirmières sont dans l'expérience concrète. » Et si elles franchissent aisément l'étape suivante de l'observation réfléchie, elles sont rebutées par la conceptualisation, voire irritées par ceux qui la pratiquent. Or, il est important que les infirmières procèdent elles-mêmes à la conceptualisation. Car c'est le seul moyen de choisir ses instruments d'évaluation, de construire un savoir, et à partir de là de le montrer aux autres professionnels de santé. Évidemment, pas de conceptualisation valable sans une expérimentation sur le terrain ! La construction du savoir est un cycle, et pour ne pas le rompre, le maintien d'une collégialité entre infirmières praticiennes, cliniciennes, enseignantes, cadres gestionnaires est essentiel...