Prévenir le mélanome - L'Infirmière Magazine n° 173 du 01/07/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 173 du 01/07/2002

 

CANCER

Actualités

Le taux de mortalité lié au mélanome ne cesse d'augmenter. Principal accusé : le retard diagnostique. Les campagnes de dépistage systématique permettraient-elles de combler ce retard ? Interrogé lors d'Eurocancer, Jean-Jacques Grob(1) se montre sceptique. Pour lui, ces campagnes, telle la journée organisée chaque année par le Syndicat national des dermatologues, ont peu d'intérêt, outre leur contribution positive à la notoriété de la tumeur. « On "ramasse" quelques mélanomes au passage mais il n'est pas sûr qu'on change le cours de l'affection, estime-t-il. La campagne touche plus les personnes cancérophobes ou déjà sensibilisées. »

Afin de mieux cerner les véritables « sujets à risque », la recherche s'oriente actuellement vers les facteurs phénotypiques et génotypiques. Selon les études épidémiologiques, les marqueurs de risque les plus importants sont le nombre de nævi supérieur à 5 mm, les antécédents personnels et familiaux de mélanomes et la carnation. Contrairement aux idées reçues, l'exposition brutale et occasionnelle au soleil serait plus dangereuse que le contact régulier et prolongé. L'adepte du bronzage aux multiples nævi encourrait donc plus de risques que le cantonnier doté d'un génotype stable.

La surveillance médicalisée de la population à risque doit être fréquente, fondée sur un support iconographique et conduite par un expert. Son coût est donc hautement dissuasif ! Elle se limite aux patients à très haut risque. Pour les autres, l'autosurveillance offre d'intéressantes perspectives. Ils peuvent ainsi détecter le changement récent d'une lésion pigmentée préexistante ou l'apparition d'une nouvelle lésion, en comparant leur tégument avec une photographie de référence. Cette stratégie permet de toucher à moindre coût une partie beaucoup plus importante de la population à risque. Hélas, l'iconographie référentielle n'est pas (encore ?) prise en charge par la Sécurité sociale.

1- Service de dermatologie-vénéréologie, hôpital Sainte-Marguerite, Marseille.

Limites du diagnostic précoce

L'impact du diagnostic précoce comprend certaines limites liées au comportement biologique de la tumeur elle-même. Pour les tumeurs d'évolution aiguë, comme le sont le plus souvent les mélanomes nodulaires, la tumeur est souvent déjà épaisse, même si le diagnostic a été rapide tandis que, pour les tumeurs d'évolution lente, la tumeur est souvent peu invasive, même si le diagnostic a été tardif. Promouvoir le diagnostic précoce est certes indispensable mais il ne permet pas d'éradiquer tous les mélanomes épais de mauvais pronostic.