Formation
La participation de l'infirmière à des actions de santé publique a été récemment confirmée par le nouveau décret de compétence. Organisée sous la forme de diplômes universitaires, de stages d'approfondissement ou de colloques, la formation continue reste la meilleure option pour les futurs spécialistes.
• Depuis 1977, date de la trentième assemblée mondiale de la santé, une nouvelle ère du développement sanitaire a commencé avec l'institution d'une politique commune de santé pour tous. Les secteurs principaux où la vigilance et la protection sanitaires se devaient d'être améliorés concernaient principalement la promotion de la santé, l'éducation à un mode de vie adapté, la prévention de la maladie et la surveillance de ses effets, la formation et les soutiens politiques aux systèmes technologiques, de gestion et de recherche pour les personnels intéressés par ces mesures collectives.
La France a été marquée au cours de son histoire récente par trois grandes épidémies : le choléra en 1849, dont la lutte et le traitement ont permis d'améliorer considérablement les mesures d'hygiène dans le secteur public ou hospitalier ; la grippe espagnole de 1919, véritable fléau tuant une grande partie de la population en quelques mois ; le sida, dont les conséquences en termes de propagation ont exigé un remaniement de la politique et de la sécurité sanitaires. Depuis 1920, un ministère de la Santé existe en France. L'État assume la prise en charge des problèmes généraux de santé publique. La Direction générale de la santé, qui comprend une direction de veille sanitaire, évalue les activités et les produits à risque et exerce une mission de vigilance des différents risques sanitaires environnementaux.
Plusieurs axes lui sont réservés : le recueil et la synthèse des informations sur l'état de santé de la population, la lutte contre la pollution atmosphérique, l'élimination des déchets, l'hygiène de l'habitat, la salubrité des agglomérations. Elle assure également une surveillance des risques alimentaires et nutritionnels, respecte les modalités de mise en oeuvre de la politique vaccinale et, bien sûr depuis l'apparition du sida, assure la surveillance des maladies transmissibles. Cette mission vaste et complexe implique également d'autres partenaires comme les directions régionales des affaires sanitaires et sociales (Drass) et les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) ainsi que l'ensemble des professionnels de santé dont les infirmières, qui affirment leur utilité et leurs compétences dans cette prévention publique de la santé.
Depuis le début de la pratique soignante, la conservation de la santé s'est inscrite au sein d'un héritage social, véritable lien entre l'individu et le groupe dont il est issu. Les comportements de santé sont de très bons indicateurs de l'intégration de l'individu dans une communauté donnée. Ainsi, le chômage, la précarisation, l'immigration ont depuis quelques années transformé le rapport à la santé et contraint les professionnels de santé à développer une approche axée sur la prise en compte des agressions extérieures, des modes de vie inadéquats, des rythmes et des organisations de vie prédisposant à de nombreux facteurs de risque.
L'infirmière de santé publique fait face à une nouvelle mission : rétablir l'individu dans un ordre social plus favorable à son bien-être. La maladie a toujours été considérée, dans tout groupe communautaire, comme une rupture avec l'équilibre précaire représenté par l'état de bien-être moral et physique. Une rupture douloureuse puisque suspendant l'intégration d'un individu dans l'hégémonie communautaire. Être en bonne santé, c'est vivre en harmonie avec son environnement. Tous les professionnels de santé sont des acteurs de santé publique. Ils oeuvrent à la mise en place de nouvelles pratiques de soins et explicitent auprès de la population l'orientation et le sens de leur rapport spécifique à l'environnement.
Bien précieux, la santé exige, pour être conservée, la satisfaction des besoins fondamentaux : se nourrir, prendre soin de son hygiène, respirer dans une atmosphère saine, se développer économiquement et socialement, connaître les mesures permettant d'éviter les dangers pour soi-même ou les autres. Des besoins repris sous forme de buts et de politiques par l'Organisation mondiale de la santé qui insiste dans ses rapports sur les actions à mener en matière de santé publique (lutte contre les maladies, promotion des soins de santé primaire...). Ces besoins servent de guide, depuis les années 1950, aux modèles et aux concepts qui ont édifié la profession infirmière : Abraham Maslow, Virginia Henderson, Nancy Roper, tous ces théoriciens des soins ont privilégié dans leur approche conceptuelle une vision élargie de la pratique et de l'éducation soignante compatible avec la fonction d'infirmière de santé publique. La participation à des actions de santé publique est reconnue dans le dernier décret de compétence.
La formation préparant à la pratique infirmière est centrée sur les problèmes prioritaires de santé. Fondée sur un apprentissage en alternance, interactif entre le milieu théorique et pratique, elle aide les futurs professionnels à acquérir des méthodologies de résolution de problèmes (démarche de soins, résolution de problèmes, auto-apprentissage, travaux en petits groupes) en les sensibilisant à la prise en charge de besoins de santé publique. Mais cette formation initiale ne permet pas, durant les trois années d'enseignement, de privilégier la posture et la qualification de spécialiste en santé publique. La formation continue, organisée sous la forme de diplômes universitaires, de stages d'approfondissement ou de colloques, reste le moyen idéal pour s'engager dans un système de perfectionnement efficace et ciblé. La santé publique est au carrefour de disciplines auxquelles elle emprunte ses méthodes : épidémiologie, sociologie, économie, biologie, gestion, anthropologie, sciences infirmières.
La confrontation de ces différentes disciplines impose aux concepteurs des cursus de formation l'élaboration de contenus adaptés à la pluridisciplinarité des domaines et des professionnels tout en privilégiant une approche commune. La formation universitaire et l'obtention d'un diplôme permettent aux soignants d'être reconnus dans l'affirmation de leurs concepts et dans la mise en oeuvre de leurs pratiques de santé publique. Ils deviennent ainsi les vrais acteurs du renforcement de la santé et de la réduction de la maladie, deux dimensions fondamentales de la mission de santé publique qui leur a été confiée.
Infirmière anesthésiste, diplômée cadre, Gabrielle Lefevre est actuellement en activité à l'hôpital Bichat (Paris).
Elle a obtenu une maîtrise en santé publique au Kremlin-Bicêtre, suivi d'un DESS en santé publique à l'École nationale de la santé publique en 1996. Cette même année, elle a participé à la création pour la Commission européenne d'un CD-Rom répertoriant l'ensemble des formations médicales et non médicales disponibles en Europe dans le domaine de la santé publique.
« Cette formation m'a permis de développer des connaissances et une écoute particulière aux problèmes de santé publique. C'est véritablement un plus, actuellement non valorisé dans le secteur hospitalier, confronté à une réalité plus terre à terre et qui se bat face à des problèmes concrets, mais je ne regrette pas de l'avoir suivie. Cela donne une expertise et permet de développer des orientations de travail plus précises en matière de projet de santé publique. »
→ Diplôme de 2e cycle
Université Victor-Segalen
Bordeaux II
Tél. : 05 57 57 10 10
→ DU santé publique en milieu pénitentiaire
Faculté de pharmacie
4, avenue de l'Observatoire
75270 Paris cedex 06
Tél. : 01 53 73 96 26
→ Diplôme universitaire santé publique et hygiène
Université Pierre-et- Marie-Curie
Paris VI
Tél. : 01 44 27 44 27
→ DESS santé publique
Faculté Xavier-Bichat
16, rue Henri-Huchard
75018 Paris
Tél. : 01 44 85 63 30
→ DU santé et développement de l'enfant
UFR Necker-enfants malades
156, rue de Vaugirard
75006 Paris
Sous la responsabilité du professeur Lenoir
Tél. : 01 40 61 55 55
→ Enseignement de santé publique
Université Pierre-et- Marie-Curie
Département de santé publique
149, rue de Sèvres
75743 Paris cedex 15
Tél. : 01 40 61 54 70
→ DIU santé publique et grand âge
Institut de santé publique, d'épidémiologie et de développement
146, rue Léo-Saignat
33076 Bordeaux cedex
Tél. : 05 57 57 10 31
→ DEA santé publique
16, avenue Paul-Vaillant-Couturier
94807 Villejuif cedex
Tél. : 01 45 59 51 36
→ DESS éducation à la santé
Université de Provence
1, avenue de Verdun
13410 Lambesc
Tél. : 04 42 57 17 17