Une expertise infirmière contre le suicide

Dans les pays de la Loire, le suicide est la première cause de mortalité chez les 24-34 ans et la seconde chez les 15-25 ans. Une triste moyenne, supérieure de 20 à 25 % à celle du territoire français, qui a conduit à la création à Nantes d'un espace de soins et de prévention pour jeunes adultes en crise. Envoyés par le service d'urgences médicopsychologiques de l'Hôtel-Dieu de Nantes ou par une des structures scolaires ou périscolaires avec qui l'équipe a créé des liens, les jeunes de 15 ans et jusqu'à 35 ans sont accueillis lors de situations de mise en danger de soi. Qu'il s'agisse d'une première tentative de suicide ou de manifestations moins objectivement identifiables, la moindre alerte est prise au sérieux pour permettre aux jeunes en difficulté de ne pas glisser dans une spirale pathologique, ou de mettre à nouveau leur vie en danger. À cet égard, les chiffres sont également effrayants puisqu'on estime à 50 % la part de « primo-suicidants » qui récidivent la première année.

Contre l'isolement.

Le choix de la tranche d'âge assez étroite est lié à une volonté de créer une dynamique de groupe entre les patients eux-mêmes qui ont parfois trop tendance à se sentir isolés. Parallèlement, cette dynamique collective est élargie aux familles, sollicitées dès le début du séjour pour un entretien avec l'équipe seule, puis avec le jeune si les deux parties le souhaitent. Débutant par une période de séparation de 48 heures, le séjour ne dure environ que huit à neuf jours pour éviter la psychiatrisation des jeunes. Les deux premiers jours de mise à distance par rapport à la famille et à l'environnement permettent à l'équipe (infirmières, psychologues, assistante sociale, psychiatre hospitalier) de créer des liens avec le jeune et d'établir avec lui une sorte de contrat de soin. C'est de cette relation initiale que naîtra le processus de « réanimation psychique » mis en place par l'équipe. Dans ce cadre, les infirmières assurent le suivi régulier et des entretiens spécifiques tout au long du séjour, puis le relais à la sortie pendant trois à six mois.