Les morsures et les piqûres - L'Infirmière Magazine n° 174 du 01/09/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 174 du 01/09/2002

 

Premiers soins

Conduites a tenir

La prise en charge d'un patient victime d'une morsure ou d'une piqûre dépend de l'agent causal, de la gravité et du siège de la lésion. En cas de risque venimeux, mortel ou non, une prise en charge hospitalière est fortement recommandée.

LES MORSURES

Il faut bien sûr déterminer l'agent causal, car la conduite à tenir varie selon qu'il s'agit d'un animal venimeux ou non.

Animal non venimeux. Il peut s'agir d'un chien (environ 85 % des cas), d'un chat (6 % des cas), d'un rongeur, de bétail, de reptile...

- Nettoyer la plaie à l'eau et au savon, puis désinfecter ;

- Rechercher des signes de gravité : plaie profonde, atteinte tendineuse, articulaire, nerveuse, hémorragique ;

- Mise en évidence des risques infectieux particuliers (tétanos, hépatite, rage). Vérifier les sérologies du patient. S'enquérir de l'animal (est-il sauvage ou d'élevage ?). Éventuelle mise en observation vétérinaire pour évaluation des risques encourus ;

- Généralement, on ne suture pas une morsure. Il faut surveiller de près son évolution afin de parer à toute surinfection de la plaie. Les différents éléments devant retenir l'attention sont l'aspect, l'odeur, l'apparition de signes d'inflammation, de suppuration, d'induration. La survenue d'une fièvre devra également alerter ;

- Mise en place fréquente d'une antibiothérapie à large spectre, après un éventuel prélèvement bactériologique de la plaie pour mise en culture.

Morsure humaine

- Même type de prise en charge immédiate ;

- Risque bactérien assez faible dans le cadre de morsure d'enfant (école, garderie). Sinon, risque d'infection surtout pyogène et anaérobie ;

- Autres maladies transmissibles par morsure humaine : la tuberculose, la syphilis, les hépatites B et C. Le risque de transmission de l'HIV existe sans doute, mais semble très faible.

Serpents venimeux. Les morsures proviennent de vipères (notamment dans le Sud de la France), mais aussi et de plus en plus de serpents exotiques venimeux pris comme animaux de « compagnie ».

- Mettre la victime au repos, la rassurer, l'allonger en attendant une prise en charge par le Samu. Plus le patient se mobilise, plus il s'angoisse, plus il aura une tachycardie et plus vite l'envenimation se diffusera rapidement par voie sanguine. Il est donc capital de réussir à le calmer et à le tranquilliser. On peut également immobiliser le membre à l'aide d'une attelle ;

- Il est important d'ôter tous bracelets ou bagues pouvant faire garrot ;

- On peut mettre un linge rempli de glace sur la morsure afin de constricter les vaisseaux alentour. Éventuellement, on peut procéder à un bandage non serré (surtout pas de garrot) de la racine du membre mordu à la périphérie pour ralentir l'écoulement lymphatique ;

- Surveiller la tension artérielle et l'état neurologique ;

- Cliniquement, les signes de gravité sont la présence d'une réaction locale ou régionale, d'un oedème plus ou moins extensif, et de symptômes généraux. Cela peut être une hypotension, des vomissements ou diarrhée, des douleurs abdominales, des saignements, voire un état de choc ;

- Durant le transport ou avant si c'est possible, poser une voie veineuse, avec si besoin des antalgiques ;

- À l'hôpital : désinfection, antibiotiques, traitements symptomatiques, perfusion IV de l'antivenin spécifique et surveillance, car une aggravation tardive durant les premières 24 heures est toujours possible.

Araignée. Plusieurs espèces d'araignées en France peuvent provoquer une réaction locale, parfois même une intoxication systémique. La veuve noire peut être mortelle dans certains cas (jeune enfant, problèmes médicaux associés). Le signe majeur est une vive douleur au moment de la morsure, suivie de crampes hyperalgiques, de nausées, de vomissements, de sueurs, de céphalées. Il existe un sérum antivenimeux spécifique.

LES PIQÛRES

La plupart du temps, il s'agit d'une piqûre d'hyménoptère : abeilles, guêpes, frelons et bourdons. Ils sont de loin, en Europe, responsables de la très grande majorité de la morbidité liée aux animaux.

- Rapide ablation du dard ;

- Application d'une source de chaleur (cigarette incandescente, sèche-cheveux) aux abords de la piqûre. En effet, le choc thermique détruit le venin. Attention à ne pas brûler la victime, et à refroidir ensuite la zone de la piqûre (glaçon dans un linge). Ce procédé est aussi actif en cas de piqûre de vive(1) ou de rascasse ;

- Utilisation possible de l'Aspivenin®, sorte de dispositif d'aspiration permettant d'extraire en partie le venin injecté ;

- Désinfection locale ;

- Déceler les signes avant-coureurs d'une réaction systémique : malaise, sueurs, sensation de chaleur diffuse, barre épigastrique, prurit des extrémités, crampes abdominales, diarrhées. En cas de piqûres multiples, l'envenimation massive peut provoquer une réaction toxique liée au venin ;

- Vérification de la protection antitétanique ;

- Traiter les manifestations locales : pansement alcoolisé, antalgiques, antihistaminiques per os si besoin ;

- Prise en charge hospitalière d'une éventuelle réaction allergique massive : urticaire généralisé, oedème de Quincke, oedème laryngé, choc anaphylactique ;

- Les piqûres de scorpion, souvent douloureuses, sont rarement dangereuses sous nos climats, sauf peut-être chez les jeunes enfants. Il existe des antivenins spécifiques selon les espèces.

1- Cf. Les piqûres de vives, in L'Infirmière magazine n° 161, juin 2001, p. XIII.

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