Prélèvement sanguin pour hémoculture dans un contexte fébrile - L'Infirmière Magazine n° 174 du 01/09/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 174 du 01/09/2002

 

Mode opératoire

Les prélèvements de laboratoire pour hémoculture et leur acheminement font l'objet de modalités particulières afin de prévenir des accidents d'exposition au sang chez les intervenants.

DÉFINITION

Le prélèvement sanguin pour hémoculture est un acte de soins pour l'obtention d'un échantillon de sang veineux, destiné à une mise en culture recherchant la présence de bactéries ou de levures afin de confirmer le diagnostic de bactériémie ou de fongémie dans un contexte fébrile.

OBJECTIF

Le prélèvement doit être réalisé de façon rigoureusement aseptique dans le « respect de l'ensemble des mesures propres à empêcher tout apport exogène de micro-organismes ». Il est indispensable de ne pas ensemencer le milieu de culture avec d'autres germes que ceux présents dans le sang du malade. Seul le prélèvement veineux garantit une interprétation correcte : proscrire tout prélèvement à travers un cathéter. Les échantillons de sang doivent être transférés le plus rapidement possible après prélèvement au laboratoire.

MATÉRIEL

Il faut réunir :

- un savon antiseptique pour le lavage des mains ;

- un antiseptique cutané (chlorhexidine, povidone iodée) destiné à la désinfection de la peau du patient à l'endroit de la ponction ;

- des compresses stériles ;

- un masque de protection ;

- des gants stériles ;

- un garrot nettoyé et décontaminé ;

- un sac à déchets ;

- des étiquettes identifiant le patient (nom, prénom, date de naissance, sexe, lieu, date et heures du prélèvement) ;

- les feuilles d'accompagnement du prélèvement, remplies par l'infirmière (renseignements techniques tels que la survenue de frissons et la température du malade au moment du prélèvement).

Le matériel pour la ponction comprend :

- soit une seringue stérile de 10 ml avec aiguille ;

- soit un système de prélèvement spécial de type Vital (dispositif de prélèvement adapté aux flacons : corps pvt vacutainer safety lock 32 g et unité pvt vacutainer à ailette 21 g 3/47, flacons Vital Anaer conservés à l'abri de la lumière).

TECHNIQUE

Le lavage des mains de l'infirmière est réalisé dans la chambre du malade avec un savon antiseptique. Les gants sont enfilés avant d'appliquer la solution antiseptique sur le bras du patient.

Une protection est placée sous le bras du patient, autour duquel est placé le garrot à 15 cm environ au-dessus du point prévu pour la ponction. Le choix du site de ponction respecte le capital veineux du patient pour des prélèvements ultérieurs. L'infirmière applique largement la solution antiseptique sur le site à ponctionner et la laisse sécher au moins une minute. Les flacons sont identifiés en collant l'étiquette patient sur celle du flacon (pas sur le verre). Ils sont décapsulés ; leur opercule est désinfecté avec une compresse imbibée d'antiseptique. La veine est piquée au poncteur et le sang apparaît dans la tubulure sur quelques centimètres. L'aiguille libre est piquée rapidement dans le flacon et on vérifie l'écoulement du sang. Le flacon est ensuite fermé. Le volume de sang par flacon est de 5 à 8 ml (jamais supérieur à 10 ml par flacon). Attention, l'air ne doit pas entrer dans le flacon !

La manipulation est répétée sur le deuxième flacon. L'aiguille est retirée de la veine selon les procédures en vigueur et jetée (sans recapuchonner) avec la tubulure dans le conteneur prévu pour cet usage. Le garrot est ôté en comprimant le point de ponction et un pansement sec est appliqué à cet endroit. Les flacons sont enveloppés par paire dans un sac plastique jetable que l'on ferme ou dans des récipients lavables et désinfectables ou à usage unique hermétiquement clos. La feuille de demande d'examen est jointe.

L'infirmière doit se laver les mains à nouveau après avoir ôté ses gants. Les échantillons sont transférés le plus rapidement possible au laboratoire ou en dehors des heures d'ouverture du laboratoire, conservés à l'étuve à 35-37 °C à l'obscurité.

PRÉCAUTIONS

Les faux positifs seront évités par un prélèvement dans des conditions rigoureuses d'asepsie, par le bon choix du moment du prélèvement, du milieu de culture et l'exactitude de l'étiquetage.

Les risques infectieux liés au sang doivent être clairement exposés aux techniciens et aux soignants. Les ramassages et le transport ne concernent pas seulement les unités hospitalières mais aussi des personnes non entraînées. Les unités où ont lieu les prélèvements doivent prendre systématiquement toute mesure pour prévenir les intervenant d'accidents d'exposition aux prélèvements. Un principe doit prévaloir : tout patient peut être porteur méconnu d'agents infectieux tels que le VHC, le VHB, le VIH... Dans toutes les unités, les modalités de prélèvement, d'étiquetage, de transport doivent être définies par des protocoles. De même, le matériel de prélèvement, le recueil des aiguilles et matériels de prélèvement en récipient spécial doivent être notifiés.

Le personnel d'assistance et d'entretien doit être prévenu des risques infectieux des unités dans lesquelles il travaille. Il faut expliquer aux agent chargés de l'enlèvement des déchets sous sac plastique que le port de gants épais de manutention est nécessaire.