Surveillance d'un antifongique - L'Infirmière Magazine n° 174 du 01/09/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 174 du 01/09/2002

 

Dermatologie

Conduites a tenir

Les mycoses requièrent une attention particulière en raison de leur fréquence de plus en plus importante et de la nécessité de respecter la durée de leur traitement. L'arrêt prématuré est en effet source de rechutes et de résistances.

OBJECTIF

Les antifongiques assurent le traitement des mycoses. Ils s'agit de maladies infectieuses dont l'agent causal est un champignon. Le traitement antifongique est souvent uniquement externe. Il peut être accompagné d'un traitement complémentaire par voie orale. Les cas graves sont traités par voie parentérale.

ACTIONS

Précautions avant l'administration.

Adapter la forme pharmaceutique à la pathologie. La forme pharmaceutique sous laquelle se présente l'antifongique permet de traiter les différents types de lésions :

- les lésions macérées des plis (génital, sous-mammaire, inter-digital...) sont traitées par la poudre ; les lésions sèches non macérées et limitées (candidose dermique, teignes...) sont traitées par la crème, tandis que les lésions nombreuses (Pityriasis versicolor) nécessitent une solution ou une lotion ; les mycoses des muqueuses et des peaux fragiles nécessitent l'usage d'une émulsion fluide (anciennement appelée lait dermique) ; les mycoses des poils et des cheveux sont traitées par une lotion, souvent utilisée comme shampooing ; les mycoses des ongles (onyxis, périonyxis) nécessitent un traitement d'un à deux mois, avec un vernis traitant ou une crème en usage externe. Ce traitement local est souvent accompagné d'un antifongique par voie orale.

Respect des modalités d'emploi. Avec une crème il faut masser de façon douce jusqu'à pénétration complète. Il n'est pas conseillé d'utiliser les gels ou les solutions sur les muqueuses en raison de la présence d'alcool qui pourrait être douloureuse. Les ovules sont mis en place le soir au coucher pour favoriser leur diffusion. Rechercher une absence d'antécédents d'allergie.

Vérification de la prescription. Le respect de la durée du traitement s'avère important, car les antifongiques sont fongistatiques. Ils font diminuer la population fongique. Si le traitement est arrêté prématurément, la croissance fongique reprend et la mycose réapparaît. Dans certains cas, le traitement doit être renouvelé quinze jours après sa fin.

Constater l'efficacité du traitement.

Disparition des signes. Les candidoses buccales (muguet, perlèche, glossite, etc.) sont à traiter localement et par voie orale. Il est recommandé de traiter simultanément l'origine digestive et la mycose externe, pour éviter l'apparition ultérieure d'une nouvelle candidose à partir du foyer digestif ;

- Les candidoses dermiques sont souvent des lésions de macération comme la mycose interdigitale des orteils. Il faut traiter le pied mais aussi les chaussettes et chaussures pour éviter la recontamination ;

- Dans le cas de la vaginite à candidose, les symptômes disparaissent rapidement (irritation prurigineuse intense de la vulve et des leucorrhées blanches peu abondantes). Le traitement du partenaire n'est pas obligatoire ;

- Les teignes dermiques (dermatophyties) sont d'aspect caractéristique en cible. Sur le cuir chevelu, elle sont responsables de tonsures. Elle mettront du temps à partir après le traitement ;

- Le Pityriasis versicolor (Pityrosporum ovale) est contagieux. Il s'exprime par des petites taches décolorées sur la peau. Le traitement doit se poursuivre jusqu'à restitution d'une peau saine ;

- Les mycoses digestives se traduisent par des diarrhées. Le traitement antibiotique modifie la composition de la flore saprophyte, favorisant le développement du Candida.

Surveillance bactériologique. La durée d'incubation des champignons est de 48 heures. La surveillance doit se faire sur un milieu de culture spécifique ou par examen direct au microscope.

Dépistage des effets secondaires.

Traitements locaux dermiques et buccaux. Rares cas d'intolérance avec sensation de brûlure, prurit et rougeurs.

Traitements gynécologiques. Les ovules sont peu allergisants. Sensation de chaleur avec les imidazolés.

Effets secondaires généraux. Ils concernent l'administration par voie orale ou injectable des antifongiques à large spectre de la famille des imidazolés (Triflucan®, etc.). De plus, lors d'une application locale, il y a risque de passage dans le sang en cas de lésion ou si la surface d'application est importante.

- Hépatotoxicité : augmentation des transaminases, et risque d'hépatite s'exprimant par asthénie, anorexie, nausées, vomissements, ictère. Troubles gastro-intestinaux : du type nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées. Réactions allergiques et cutanées s'exprimant par un rash cutané, un prurit, de l'urticaire. Réactions cutanées sévères à type de toxidermies bulleuses (syndrome de Lyell). Effets généraux : céphalées, vertige, alopécie. Troubles hématologiques rares : leucopénies et thrombopénies.

Amphotéricine. L'amphotéricine (Fungizone®) est bien tolérée par voie orale, mais elle est responsable de nombreux troubles graves par voie injectable lorsqu'elle est utilisée dans le traitement des candidoses viscérales.

CONSEIL AUX PATIENTS

Il est déconseillé d'utiliser un savon acide. Il faut porter des sous-vêtements en coton. On doit s'appliquer à supprimer les facteurs favorisants : supprimer la macération grâce à un séchage soigneux et l'aération des lésions ; éradiquer les sources de contamination (traitement de toutes les lésions, des membres de la famille, décontamination des vêtements, désinfection à l'eau de Javel des bacs de douche et du carrelage) ; éviter les causes des mycoses vaginales (certains soins locaux excessifs avec savons acides, douches vaginales, rapports sexuels contaminants, déséquilibres d'un diabète ou de la grossesse, modification de la flore saprophyte par les traitements antibiotiques).

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