Surveillance du lithium - L'Infirmière Magazine n° 175 du 01/10/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 175 du 01/10/2002

 

Pharmacologie

Conduites a tenir

Comme pour tous les traitements psychiatriques, l'infirmière doit apporter une vigilance particulière au traitement par le lithium de la psychose maniacodépressive. Cette surveillance s'exerce lors de l'administration du traitement, en constatant son efficacité, et ses éventuels effets secondaires.

OBJECTIFS

Le lithium est un normothymique. C'est un régulateur de l'humeur. Il stabilise efficacement la psychose maniacodépressive qui est caractérisée par l'alternance des états maniaques et mélancoliques.

Le lithium est curatif des accès maniaques, et préventif des rechutes maniacodépressives. Il est disponible sous forme de carbonate de lithium (Téralithe® 250 mg, Téralithe® LP 400 mg).

ACTIONS DE SURVEILLANCE

Lors de l'administration du traitement.

Observance. Il faut veiller à la prise effective du traitement. La mauvaise observance est la cause principale d'échec du traitement. Les formes à libération prolongée (LP) sont prises le soir, une fois par jour.

Lithiémie. Il faut vérifier régulièrement les résultats de la lithiémie (taux de lithium dans le sang) autorisant la poursuite du traitement (zone thérapeutique de 0,4 à 0,8 mmol/l).

La lithiémie est surveillée une fois par semaine le premier mois, puis une fois par mois. La prise de sang est faite (à jeun) le matin pour les formes à action immédiate, ou le soir en cas de forme LP. Une lithiémie stable est atteinte en dix jours environ.

Interactions médicamenteuses. Recherche des interactions médicamenteuses : les diurétiques et les AINS augmentent la lithiémie avec signes de surdosage (diminution de l'excrétion urinaire du lithium). Un régime sans sel est contre-indiqué, puisque l'élimination de sodium est accrue en présence de lithium.

Grossesse. La grossesse est contre- indiquée en raison des effets tératogènes cardiaques chez le foetus.

Constater l'efficacité du traitement.

Accès maniaque. Disparition des signes de l'accès maniaque : le lithium entraîne une normalisation de l'humeur expansive. Dans l'accès maniaque, on constate toujours une exaltation de l'humeur qui se focalise dans l'accélération du processus intellectuel. L'agitation psychomotrice est incessante et désordonnée.

L'excitation est constante et accompagnée d'insomnies. Les troubles somatiques sont dus au refus de prendre soin de soi. Face au patient, il faut se montrer à l'écoute et il ne faut pas le contredire. Devant son attitude incohérente, il est important de lui rappeler les règles qui gèrent le cadre de soin.

L'accès dépressif. L'accès dépressif est assimilé à celui d'un état dépressif grave, avec risque important de suicide. Le traitement est assuré par les antidépresseurs. Le lithium n'a donc qu'un rôle préventif.

Instaurer un climat de confiance.

La nécessité s'impose d'une présence quotidienne et prolongée auprès du patient, afin d'observer ses comportements et ses dires, et les noter dans le dossier de soins.

Être à son écoute. Une écoute doit être attentive mais également ferme afin de le rassurer.

Expression. L'aider à exprimer ses émotions afin de diminuer son anxiété :

- ne pas juger ses propos pour éviter qu'il ne se sous-estime ;

- ne pas minimiser les comportements et les propos à connotation suicidaire, car le risque de passage à l'acte existe toujours ;

- maintenir la fréquence des visites de la famille pour qu'il ne se sente pas abandonné.

Dépister les effets secondaires.

Le risque majeur est l'intoxication au lithium qui nécessite l'arrêt du traitement et le contrôle de la lithiémie.

Les troubles digestifs. Les gastralgies sont évitées en prenant les comprimés au milieu du repas. Les nausées et diarrhées sont les signes d'alerte d'un surdosage.

Les troubles neurologiques. Des tremblements, de l'asthénie, des vertiges et des troubles de la mémoire sont fréquents. Une faiblesse musculaire peut survenir. Elle est accompagnée d'une grande sensation de fatigue.

L'intoxication par le lithium aboutit à la confusion mentale puis à un coma avec anurie.

Les troubles cardiaques. Le surdosage se traduit par une dégénérescence myofibrillaire, avec troubles du rythme, visibles à l'ECG.

Les troubles endocriniens. La prise de poids, la diarrhée et la soif sont le reflet de l'atteinte thyroïdienne par le lithium. Possibilité de goitre.

SURVEILLANCE BIOLOGIQUE

Avant tout traitement sous lithium, il faut avoir effectué un bilan biologique, sur prescription :

- la lithiémie est nécessaire en raison de la marge thérapeutique étroite du lithium. L'élévation des taux plasmatiques du lithium est en relation avec l'augmentation du risque de toxicité ;

- un bilan rénal, à la recherche d'une insuffisance rénale qui contre-indique le lithium dont l'élimination est principalement rénale ;

- un ionogramme sanguin (sodium, potassium), à la recherche de perturbations électrolytiques (interférence avec le lithium) ;

- un bilan thyroïdien (T3, T4, TSH), à la recherche d'une éventuelle variation des hormones thyroïdiennes (car le lithium se fixe sur les récepteurs thyroïdiens) ;

- un bilan cardiovasculaire, notamment électrocardiogramme (ECG sur prescription), à la recherche de troubles du rythme ;

- un bilan hématologique (NFS + glycémie).

Articles de la même rubrique d'un même numéro