Home, sweet home...

Pour bénéficier de soins à domicile, le patient doit avoir besoin d'une surveillance médicale, sans que son état clinique ne nécessite une hospitalisation traditionnelle. Ce type de prise en charge permet de promouvoir le bien-être physique, psychique et social des malades et de leurs proches dans un environnement familier.

Manque de moyens.

Il existe plusieurs types de structures et de personnes intervenant au domicile du patient (associations de soins à domicile, hospitalisation à domicile, infirmière libérale), avec pour chacune des prestations spécifiques.

L'hospitalisation à domicile ou HAD est une véritable structure de soins à elle seule. Une équipe pluridisciplinaire se partage l'organisation des soins, guidée par un médecin coordinateur, dont la mission est d'assurer les liens entre les médecins prescripteurs et de juger, selon l'état de santé du malade, d'un retour utile, souvent ponctuel, en institution hospitalière. Les soins à domicile (SAD), aide et soins à domicile (ASAD), offrent au malade l'assurance de recevoir des prestations de soins (surveillance médicale, assistance pour les soins de toilette et d'hygiène, soins paramédicaux). Les infirmières libérales interviennent pour effectuer des soins techniques ou de confort. Elles restent en contact avec les médecins traitants afin d'évaluer régulièrement la situation de la personne.

Malgré ces avantages reconnus par tous, le secteur des soins à domicile souffre d'un manque de moyens de plus en plus important, face à une demande des usagers croissante et une durée d'hospitalisation réduite. Depuis plusieurs mois, les associations d'aide à domicile tentent de sensibiliser le public et d'alerter les usagers sur le devenir de ce secteur. Les associations d'aide à domicile sollicitent actuellement le Premier ministre pour que leur secteur bénéficie de moyens supplémentaires. Objectifs : permettre aux professionnels d'accomplir leur mission dans les meilleures conditions possibles, et conserver les malades à domicile dans des contextes de vie satisfaisants. Ce secteur fonctionne en effet avec une organisation tendue, soumise à des exigences de qualité et de sécurité.

Démarche qualité.

Depuis 1998, l'Unassad(1) a beaucoup oeuvré pour mettre en place une véritable démarche qualité aboutissant à la publication par l'Afnor en septembre 2000 d'une norme spécifique aux services aux personnes à domicile, conçue pour vérifier la conformité et l'efficacité des prestations. Cette norme est une véritable reconnaissance des savoirs et des aptitudes de l'ensemble des soignants exerçant dans ce secteur. Longtemps demeuré dans l'ombre, ce savoir est actuellement en pleine mutation. Il doit pouvoir s'adapter avec pertinence et réalisme aux enjeux du vieillissement croissant de la population.

Un grand nombre de soignants s'engagent actuellement dans ce secteur, soit au début de leur carrière, pour conserver une liberté d'actions avant de se fixer dans une spécialité donnée, soit après des années d'exercice professionnel, lassés par une trop grande technicité et revenus des contraintes hospitalières. Le secteur des soins à domicile requiert des aptitudes indispensables : une autonomie manifeste, un esprit d'équipe, une dextérité technique, une aptitude à la communication, et surtout une faculté à accepter autrui dans sa diversité et sa différence. Des capacités régulièrement évaluées au cours de la formation, mais qui doivent être renforcées et adaptées à ces secteurs de soins.

En effet, les proches, présents ou non durant les soins, interviennent régulièrement dans l'organisation de la prise en charge de la personne. Le soignant se trouve parfois impliqué dans le règlement des problèmes familiaux latents ou manifestes. Il importe de bien analyser le comportement des proches afin de désamorcer d'éventuels conflits entre les membres de la famille.

Formations sur le terrain.

Plusieurs types de formation peuvent aider les infirmières exerçant à domicile. Il s'agit notamment de formations d'appropriation, ciblées sur un contenu : démarche qualité et mise en conformité, enregistrement des normes institutionnelles, profils de poste, évaluation des personnes ; gestion des soins, ingénierie de la santé (souvent réservée aux coordinateurs ou aux directeurs d'équipe) ; amélioration des écrits et de la traçabilité, dossier de soins, résumé de soins, transmissions ciblées. Ces formations sont de plus en plus souvent mises en place directement sur le terrain et concernent l'ensemble de l'équipe, coordinateurs et directeurs inclus.

D'autres sessions sont proposées, en lien avec une méthodologie précise, plus adaptée à ce type de secteur : gestion du stress, réflexologie, massage, ergonomie ; approche de la violence et de la maltraitance, grille d'observation, accompagnement des familles. En complément des traitements habituels pour certains patients âgés ou déments, elles aident le soignant soumis à des rythmes et à une fatigue physique importante lors des trajets entre les domiciles et lors des manutentions de malades. Enfin, d'autres formations sont plus directement liées à une technique quotidienne (acquisition et perfectionnement des techniques, chimiothérapie, hémovigilance...). Plus particulièrement destinées aux hospitalisations à domicile travaillant avec des centres hospitaliers, elles sont dispensées par les professionnels des services de soins, partenaires de la prise en charge.

Un enjeu important.

La difficulté à se former n'est pas due à un manque de motivation des infirmières, mais plutôt à une carence en temps libre sur leur journée de travail. Les sessions d'actualisation de connaissances ne leur sont donc pas accessibles. Certaines structures pallient ce problème en proposant des sessions de très courte durée (deux heures maximum) à l'ensemble des professionnels sur le site même de la structure.

Les soins à domicile redonnent de la valeur aux soins infirmiers. Prenant en considération la personne dans son intimité, son cadre de vie, son entourage, ses désirs et ses frustrations, ils engagent les soignants autant que les patients dans une véritable relation de partenaires. En ce sens, ils représentent un enjeu important de la profession infirmière et, plus généralement, du secteur de la santé.