L'infirmière « ressource » - L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002

 

DOULEUR

Actualités

La lutte contre la douleur chronique rebelle (DCR) compte parmi les priorités du plan quadriennal. Forte d'une « culture de la douleur plus marquée », l'infirmière, désignée personne « ressource » à l'hôpital, est au coeur de ce programme.

Le colloque « organisation de la prise en charge de la douleur : repères pour les décideurs » organisé le 8 octobre à Paris par la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS), fut l'occasion de faire le point sur les priorités du nouveau programme quadriennal contre la douleur (2002-2005). La deuxième partie du colloque s'est focalisée sur les structures de prise en charge de la douleur chronique rebelle (DCR), la migraine, les Clud et des expériences de prise en charge de la douleur par des réseaux.

La lutte contre la douleur est, depuis 1998, érigée au rang de priorité de santé publique. Si le premier plan a permis de rattraper un retard notable dans la prise en charge de la douleur, des difficultés dues à des dysfonctionnements persistent : les structures de prise en charge de la DCR sont peu connues du public et des médecins libéraux. L'utilisation d'outils de référence comme les échelles de douleur reste encore anecdotique. La formation des soignants est aussi insuffisante. Et l'utilisation des opioïdes est confinée au champ de la fin de vie. Jean-François Mattei a rappelé qu'il était pour un renforcement de la prise en charge de la douleur : « Il y aura un deuxième plan douleur pour quatre ans et il y aura des plans douleur jusqu'à ce qu'on n'en ait plus besoin. »

La DCR et ses trois priorités.

En 2002, 11,4 millions d'euros ont été consacrés à la lutte contre la douleur. Parmi les objectifs du nouveau plan, une meilleure information du patient via la diffusion au sein des établissements de santé du « contrat d'engagement douleur »(1), venant remplacer le carnet douleur. Ce document remis aux patients dès le début de leur hospitalisation établit l'implication de l'hôpital dans la lutte contre la douleur, et les encourage à en parler. Autre outil mis en avant, un « guide d'orientation »(1) pour organiser la lutte contre la douleur dans les établissements de santé. Ce document constitue une aide à la mise en oeuvre d'une politique de prise en charge de la douleur dans les projets d'établissements.

La réussite de l'application de cette politique passe par une forte implication des chefs de service et le renforcement du rôle infirmier. D'ici quatre ans, les ARH vérifieront que chaque établissement a effectivement mis en oeuvre une politique ciblée de lutte contre la douleur. Le ministre pense même intégrer cette politique dans les paramètres d'accréditation de l'Anaes... Trois priorités ont été définies au niveau de la prise en charge de la DCR : la douleur provoquée par les soins et la chirurgie, la douleur de l'enfant et la migraine. Si l'offre de soins spécialisés dans la prise en charge de la DCR s'est incontestablement développée, des inégalités régionales « insupportables », pour utiliser les mots du ministre, doivent encore être vaincues. Trente-cinq départements ne bénéficient d'aucune consultation douleur et six régions ne disposent d'aucun centre de prise en charge de la DCR. L'objectif du plan est d'avoir d'ici quatre ans au moins une consultation et un centre de prise en charge de la DCR dans chaque département et dans chaque région.

Jean-François Mattei a aussi souligné les disparités en matière de pratiques professionnelles, où « le meilleur côtoie le pire ». Un pas a été effectué au niveau des formations continues : depuis 1996, 28 000 personnes dont 18 000 infirmières ont suivi une formation douleur. Le personnel infirmier est au centre de ce programme. L'établissement doit désigner parmi le personnel infirmier ou cadre soignant des personnes ressources dans le domaine de la douleur(2). « Si les infirmières sont plus mobilisées que les médecins dans cette prise en charge de la douleur, c'est qu'elles ont développé une culture de la douleur plus marquée », a souligné le ministre. Infirmières, le gouvernement compte sur vous...

1- Téléchargeables sur http://www.sante.gouv.fr.

2- Circulaire DHOS/E2 n° 266 du 30 mai 2002.