Money, money, money... - L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002

 

GRANDE-BRETAGNE

Actualités

Outre-Manche, les infirmières veulent plus d'argent et l'institution ne peut les contenter, faute de budget. Bref, elles semblent patauger dans le même bourbier que leurs voisines les « grenouilles », au grand dam des patients européens...

Dix à 15 % d'augmentation de salaire ! Telle est la revendication des infirmières britanniques travaillant pour le National Health Service (NHS). Le Royal College of Nursing, qui représente 345 000 infirmières (NHS, secteur privé et libéral) sur les 700 000 diplômées en Grande-Bretagne, n'a pas chiffré sa demande mais sa porte-parole a indiqué que l'objectif était de rattraper les salaires des professeurs et des agents de police. Le salaire annuel moyen d'une infirmière NHS est de 29 687 euros selon le syndicat. « Une augmentation conséquente est l'unique moyen de faire face aux problèmes de recrutement et d'attractivité à l'hôpital. Ceci est essentiel si on veut réussir la réforme souhaitée par le gouvernement pour l'amélioration de la prise en charge des patients », a expliqué Beverly Malone, secrétaire générale du Royal College of Nursing lors d'une conférence de presse le 4 novembre dernier. Pour appuyer sa revendication, le syndicat a fait référence à un sondage qu'il a conduit en 2002 auprès de 5 000 infirmières. Ses résultats indiquaient que 63 % des infirmières faisaient des heures supplémentaires et qu'un quart de ces heures n'étaient pas payées. 12 % des infirmières affirmaient avoir l'intention de quitter leur profession dans les deux années à venir. Et 46 % des infirmières de moins de 40 ans déclaraient qu'elles arrêteraient d'exercer dans les cinq ans.

Exode en Australie

Le recrutement a aussi été évoqué. Le gouvernement britannique avait envisagé en janvier 2002 l'embauche de 20 000 infirmières mais il estime maintenant nécessaire de recruter 35 nouvelles infirmières jusqu'en 2008. Le Royal College of Nursing a précisé que le nombre d'infirmières étrangères a été multiplié par cinq depuis 1990. On en compte aujourd'hui 30 000. « Le paradoxe, c'est que certaines régions sont en excédent d'infirmières, comme dans le Nord-Est », expliquait Pete Lowe, responsable de la section infirmière au syndicat Unison, lors des Assises de l'UFMICT-CGT à La Pitié-Salpêtrière le 25 octobre dernier. « Et il ne faut pas oublier que 20 % de jeunes diplômées vont tenter leur chance en Australie où les salaires sont plus élevés... » Quand s'arrêtera ce jeu de chaises musicales entre les systèmes de santé des différents pays ? En attendant, le NHS devra trouver des arrangements pécuniaires suffisamment solides. Sauf que l'administration du NHS estime que si des augmentations de salaires étaient accordées, elles se feraient au détriment de l'offre de soins pour les patients et consommeraient une grande partie de l'augmentation prévue au budget 2003 du NHS...