Prise en charge d'une escarre - L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002

 

Escarres

Mode opératoire

DÉFINITION

Une escarre est une nécrose ischémique des tissus compris entre le plan du support sur lequel repose le sujet et le plan osseux.

Il existe trois types d'escarres :

- escarre « accidentelle », liée à un trouble temporaire de la mobilité et/ou de la conscience ;

- escarre « neurologique », conséquence d'une pathologie chronique, motricielle et/ou sensitive ;

- escarre « plurifactorielle » du sujet confiné au lit et/ou au fauteuil (localisations multiples).

OBJECTIF

- Évaluer le stade de l'escarre afin d'appliquer le traitement adapté. Cette évaluation permettra également de suivre l'évolution de l'escarre. Elle devra comprendre une appréciation de la couleur de la plaie, la mesure de la surface de la perte de substance avec une réglette millimétrée ou calque, la mesure de la profondeur avec un stylet ou une réglette, et la topographie de la plaie en utilisant un schéma ;

- Avoir un langage commun grâce au choix d'une classification ;

- Évaluer la douleur qui peut être spontanée ou limitée aux soins. L'évaluation de la douleur est fondamentale afin d'orienter au mieux la prise en charge du patient (causes, intensité, retentissement sur le comportement quotidien et l'état psychologique) ;

- Informer et éduquer le patient et sa famille.

MATÉRIEL

- Calque, réglette millimétrée, stylet ;

- Échelle d'évaluation de la douleur ;

- Choix et utilisation d'une échelle de classification des escarres.

PRISE EN CHARGE

- Afin de conditionner le succès du traitement, la prise en charge doit être pluridisciplinaire. Les soignants doivent adhérer à un protocole de soins et à son évaluation. La participation du patient et de sa famille est indispensable ;

- Intensifier les mesures de prévention, quel que soit le stade de l'escarre ;

- Surveiller les déséquilibres métaboliques et hémodynamiques ;

- Ne pas utiliser de glaçons, d'air chaud, de produits alcoolisés et colorant de type éosine (masque la plaie et son pourtour) ;

- Massage à proscrire ;

- Pour le nettoyage de l'escarre non compliquée, le chlorure de sodium à 0,9 % doit être uniquement utilisé ;

- La plaie ne doit pas être asséchée ;

- En cas d'escarre infectée, un antiseptique ou un antibactérien est parfois utilisé. L'infection est affirmée sur des signes cliniques et sur le résultat de prélèvements bactériologiques (liquide d'aspiration : au-delà de 105 germes/ml ; biopsie : au-delà de 105 germes/g de tissu) et/ou d'hémoculture positifs. Le traitement antibiotique par voie générale doit être intégré dans le cadre d'une stratégie globale médicochirurgicale, le risque étant une propagation à l'os et une septicémie à partir d'une bactériémie aux conséquences dramatiques.

ÉCHELLES OU CLASSIFICATIONS

- SHEA ;

- EPUAP (European Pressure Ulcer Advisory Panel) ;

- NPUAP (National Pressure Ulcer Advisory Panel) ;

- Yarkony ;

- Garches ;

- Échelle colorielle Red Yellow Black.

SURVEILLANCE

La fréquence des évaluations dépend de l'évolution de l'escarre. Elle doit être :

- quotidienne en cas de nécrose ou de fibrine présentes en quantité importante (risque d'infection ++++) ; en cas de signes cliniques d'infection ;

- systématique à chaque changement de pansement ;

- obligatoire lorsque le patient change de lieu de prise en charge (retour à domicile par exemple) afin d'assurer la continuité des soins.

RÉFÉRENCES

- Décret n° 2002-194 du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'infirmier ;

- Textes de la conférence de consensus « Prévention et traitement des escarres de l'adulte et sujet âgé », Anaes, Paris, 15 et 16 novembre 2001 (http://www.anaes.fr).