Rien ne va plus ! - L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 176 du 01/11/2002

 

CLINIQUES PRIVÉES

Actualités

Du haut de l'Observatoire économique des cliniques privées françaises, la situation du secteur privé apparaît sinistrée. En cause : la hausse des charges. Un traitement de choc, à base de revalorisation tarifaire, est préconisé...

Les perspectives actuelles des cliniques privées ne sont pas roses. Les indicateurs de l'Observatoire économique des cliniques privées françaises/CTC Conseil, diffusés lors des journées de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), marquent une certaine dépression : une rentabilité économique négative de 0,9 % en 2001 (contre + 0,7 % en 2000) et 52 % des établissements déficitaires en 2001 (contre 32 % en 2000). La rentabilité financière passe dans le rouge à - 4,7 % en 2001, alors qu'elle était positive en 2000. L'endettement global augmente de 3,5 %, atteignant 70 % du passif. Rien ne va plus à première vue... Enfin, tout dépend de la source, car du côté de la Drees, on parle plutôt d'une évolution positive du taux de rentabilité de l'ensemble des cliniques privées en 2000, de l'ordre de 1,2 %(1).

Peu importent les sources, l'évolution des chiffres montre une dégradation inquiétante. Une représentante de la FHP n'est pas franchement optimiste : « La situation va continuer à se dégrader si l'évolution des tarifs ne suit pas l'augmentation actuelle des charges. »

Mystérieuse malédiction ?

Les difficultés des cliniques privées sont dues aux salaires et aux charges qui se sont alourdis de 7,6 %. Le recours à l'intérim s'est intensifié. Les frais de personnel représentent 52,5 % du chiffre d'affaires. Le seuil critique des 50 % garantissant un équilibre financier a donc été dépassé. La mise en place de la Convention collective unique (CCU), la revue des salaires à la hausse dans l'optique d'un alignement avec le secteur public et les dépenses d'investissement liées aux nouvelles normes de sécurité sanitaire sont pour beaucoup dans la hausse des charges. Cerise sur le gâteau : les primes d'assurance vont être multipliées par trois ou quatre dans les mois à venir. Ce surcoût devrait représenter, d'après la FHP, de 0,5 à 1,5 % du CA.

Le rapport n° 60 du Sénat (novembre 2001) faisait déjà état de la situation financière périlleuse des établissements privés. Résultat : 400 cliniques ont disparu sur 1 000 concernées. La FHP parle de 600 cliniques sur le fil du rasoir à cause des hausses de primes d'assurance, si rien n'est fait d'ici la fin de l'année. Le secteur privé se réduit comme peau de chagrin, et comme le disait un député à l'Assemblée nationale en février dernier, « une mystérieuse malédiction semble s'être acharnée sur les cliniques privées. [...] La plupart des acteurs de ce secteur n'hésitent pas à pointer les abus procéduriers des autorités de tutelle. »

Depuis que le secret de la répartition de l'Ondam a été levé par le ministre de la Santé, M. Mattei, les cliniques savent que le taux d'évolution de leurs dépenses sera limité à 4 % en 2003. Or, ce n'est pas suffisant pour contrebalancer la situation actuelle. L'Observatoire des cliniques privées françaises envisage trois leviers pour améliorer les recettes des cliniques : l'augmentation des redevances médecins-cliniques, l'optimisation du taux d'occupation et la hausse du tarif journalier. Enfin, les revalorisations tarifaires seraient de bonne augure pour relever la situation...

1- Drees, rapport n° 168, avril 2002.

ILS ONT DIT

« Depuis des années, nous vivons sous des contraintes de sécurité et de personnel croissantes, avec des revalorisations tarifaires insuffisantes, qui n'ont jamais été à la hauteur de nos exigences. [...] Désormais, tous les secteurs de l'hospitalisation privée sont en danger. [...] » « Un OQN (objectif quantifié national) de + 4 % ne prend pas en compte l'évolution des dépenses des cliniques au cours de l'année 2002. Nous demandions une progression de l'ordre de 5 %. Nous n'avons donc pas eu ce que nous voulions. »

Max Ponseillé, président de la FHP.