Condamnation en bloc - L'Infirmière Magazine n° 177 du 01/12/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 177 du 01/12/2002

 

AIDES OPÉRATOIRES

Actualités

L'examen de vérification des connaissances, censé reconnaître aux aides opératoires les mêmes droits que les Ibode, a ravivé la mobilisation infirmière début décembre. Un seul mot d'ordre : non à l'exercice illégal de la profession infirmière !

« Annulée ? On se moque de nous ! Je viens du Havre pour passer l'épreuve ! », s'exclame une femme devant la porte de l'Institut régional des formations des travailleurs sociaux à Canteleu, près de Rouen, le 4 décembre dernier. Venue passer l'épreuve de vérification des connaissances des personnels aides opératoires, elle se retourne vers les infirmières et les Ibode qui manifestent. « Vous n'avez pas le droit ! Pourquoi vous voulez nous mettre dehors ? J'ai quinze ans de pratique, je vous ai peut-être formées lorsque vous étiez tout juste diplômées... » Les infirmières et les Ibode mobilisées argumentent : « Cet examen cautionne l'exercice illégal de la profession infirmière. Nous n'avons rien contre vous, nous défendons la qualité des soins et l'enseignement qui nous permet d'exercer au bloc opératoire. Cette épreuve n'est qu'une comédie... » Pour preuve, le niveau du QCM : « Le sigle Clin signifie : catalogue listant les instruments et leur nettoyage ? Comité de lutte contre les infections nosocomiales ? Conseils de lavage et indications de nettoyage ? » De plus, certaines questions (le rasage pour les varices, le traitement des endoscopes) ne comportent pas de réponse bonne ou suffisamment complète... L'examen s'est fait dans la précipitation. D'où certaines surprises : un cadre infirmier venu manifester a pu constater qu'elle était inscrite dans le jury d'examen... L'organisation a aussi été dénoncée par Jean-François Rey, président de l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (Umespe), partisan de la régularisation des aides opératoires.

Deux poids, deux mesures

Le scénario s'est répété à Marseille, à Montpellier où la réaction des CRS fut brutale (« seulement » des gaz lacrymogènes selon le commissariat), à Lille, à Strasbourg, à Bordeaux, à Lyon. En quelques jours à peine, les associations professionnelles(1) se sont mobilisées, apprenant le 26 novembre que la requête en référé pour annuler les épreuves avait été jugée irrecevable par le Conseil d'État. « Mais le recours sur le fond du sujet est toujours recevable », explique Chantal Levasseur, présidente de l'Union nationale des associations des infirmières de bloc opératoire (Unaibode). Le combat continue. Et surtout, il dure... Depuis 1999, depuis l'article 38 de la loi créant la CMU. Pourtant, en septembre 1998, une circulaire spécifie que toute personne nouvellement affectée au bloc opératoire d'un hôpital doit avoir le diplôme d'Ibode... Deux poids, deux mesures ? D'un côté, dans le privé à but lucratif, des chirurgiens qui travaillent avec des personnes non diplômées (rémunérées à combien ?), et de l'autre, des chirurgiens à l'hôpital qui exercent avec des infirmières et des Ibode. Cette ambivalence de traitement a été entretenue pendant trois ans sans qu'aucun ministre de la Santé n'organise sérieusement le reclassement des aides opératoires. Et cela risque de perdurer...

1- Associations infirmières opposées aux épreuves : AEEIBO ; CEEP ; le Gipsi qui regroupe l'Anfiide, l'Anig, l'ANPDE, le Ceeiade, le Cefiec, le Geracfas, l'Unaibode, l'Unasiif ; la Coordination nationale infirmière ; Convergence infirmière Cnil ; le Snics, la Fnesi, l'Ascism. L'Unaibode a reçu le soutien du syndicat des chirurgiens hospitaliers.

ILS ONT DIT

« Régulièrement, dans les médias, le ministre de la Santé déclare que la profession infirmière doit être reconnue. Comment faire comprendre à l'infirmière de base que sa reconnaissance passe par l'autorisation de l'exercice illégal de sa profession ? »

Syndicat CFDT (santé sociaux) de Rouen et du Havre.

« Nous avons obtenu la confirmation qu'un amendement du gouvernement proposera une prolongation d'un an pour permettre aux personnels qui n'ont pas pu s'inscrire aux sessions de décembre 2002 de participer à une session de rattrapage... »

Dr Rey (Umespe).