La constipation - L'Infirmière Magazine n° 177 du 01/12/2002 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 177 du 01/12/2002

 

Pathologie

Conduites a tenir

La constipation touche deux fois plus souvent les femmes que les hommes. Lorsqu'il n'y a pas de pathologie sous-jacente, il faut agir sur les nombreuses erreurs hygiénodiététiques. Quelques conseils avisés peuvent aider les patients à retrouver de bonnes habitudes.

DÉFINITION

On estime qu'il y a constipation à moins de trois selles par semaine. Mais la fréquence seule est généralement un critère insuffisant, car bien des patients constipés se plaignent, malgré une fréquence correcte, de selles dures, d'efforts de poussée excessifs, et de sensations d'évacuation incomplète. Ainsi, il faudra tenir compte de ces facteurs plus subjectifs, difficilement quantifiables. Outre les modifications dans leurs habitudes, ils peuvent décrire conjointement des douleurs abdominales, des ballonnements, et parfois se plaindre d'autres symptômes gastro-intestinaux ou génito-urinaires.

ÉTIOLOGIES

Les étiologies ayant pour symptôme une constipation sont multiples. Il peut s'agir de troubles du transit colique, de dysfonction anorectale, d'une atteinte primitive de la motricité, d'une maladie neurologique, d'une lésion obstructive d'apparition récente (mélanome, sténose, corps étranger...) ou d'une maladie systémique (sclérose en plaques, diabète sucré, hypothyroïdie, maladie de Hirschprung...). La constipation peut aussi être secondaire à une poussée hémorroïdaire, à une déficience périnéale, à un prolapsus ou à des fissures anales douloureuses. Avant de conseiller un patient à propos de son régime alimentaire ou de son hygiène de vie, il faut s'assurer qu'aucune pathologie sévère n'est sous-jacente. Toute constipation de survenue récente et soudaine, tout autre symptôme anormal associé, ou encore la présence de sang dans les selles, devront bien sûr inciter le patient à consulter rapidement son médecin. Une affection générale, un alitement prolongé, une grossesse, une faiblesse musculaire généralisée, et tout ce qui peut engendrer une sédentarité excessive, peuvent provoquer une constipation, de même qu'un terrain anxieux, stressé, des troubles de l'humeur ou une fragilité émotionnelle. De même, de nombreux médicaments (antidépresseurs, antipsychotiques, inhibiteurs calciques, supplémentation martiale, opiacés, antiacides contenant des sels d'aluminium ou de calcium par exemple) peuvent induire une modification des selles, et favoriser l'installation d'une constipation. Enfin, parmi les causes les plus fréquentes de constipation, on retrouve un déséquilibre alimentaire ou des erreurs diététiques, tels qu'une insuffisance de la ration hydrique journalière ou un régime trop pauvre en fibres.

FACTEURS PSYCHOSOMATIQUES

On retrouve parfois des constipations remontant à l'enfance, avec une angoisse sous-jacente de ne pas pouvoir « éliminer ses déchets », ou encore un désir de contrôler ou contenir ses envies. Parfois, cela devient presque une obsession. Nombreux aussi sont ceux qui ne prennent pas le temps d'aller aux toilettes ou d'y rester suffisamment.

COMBATTRE LA SÉDENTARITÉ

Le manque d'exercice physique, ainsi que l'insuffisance de la musculation abdominale, favorisent la constipation. Il faut bouger, marcher, remuer, bref avoir une bonne hygiène de vie. Parallèlement à cela, on peut favoriser la motricité colique et aider à éliminer gaz et ballonnements en massant l'abdomen dans le sens du côlon ascendant/transverse/descendant, c'est-à-dire le sens des aiguilles d'une montre.

BOIRE

Afin d'hydrater suffisamment les matières fécales, et d'en favoriser la progression dans le tube digestif, il faut absolument boire au minimum 1,5 litre d'eau par jour en plus de son alimentation. Parallèlement, il faut favoriser dans l'alimentation les jus de fruits, les soupes, les potages, les légumes et fruits frais contenant beaucoup d'eau (pastèque, agrumes, tomate, concombre, melon...) afin d'augmenter encore davantage l'apport hydrique journalier.

FIBRES

Stimulant les mouvements coliques, augmentant le volume des selles en leur permettant de se gorger d'eau au cours de la digestion, les fibres végétales sont d'une grande aide dans la lutte contre la constipation. Parmi les aliments les plus riches en fibres, on trouve des céréales que l'on peut consommer tous les jours sous forme de pain au son ou complet. Les légumes et les fruits, secs, frais ou cuits, contiennent également des fibres. Il faut absolument inciter les patients à diversifier leur alimentation, à manger davantage de fruits et de légumes, de salades, de soupes, de crudités... La dose quotidienne en fibres nécessaire au transit intestinal est de 15 à 20 grammes par jour. Certaines spécialités vendues en pharmacie peuvent être utilisées : Infibran® (son de blé) en gélules ou comprimés, All-bran®Plus de Kellogg's® en céréales au petit déjeuner, Celluson® sous forme de biscuits, Doses-o-son Réaldyme® en sachets par exemple, ainsi que certains produits diététiques dans les grandes surfaces.

LIMITER LES MÉDICATIONS

La prise de laxatifs doit être limitée, et rester ponctuelle. Elle doit constituer une aide exceptionnelle à la défécation, mais ne doit pas devenir une habitude. Utilisés trop fréquemment, ils peuvent induire de véritables troubles d'absorption, d'irritabilité intestinale, de déshydratation... Certes, de nombreux patients trouvent plus aisé d'utiliser des laxatifs plutôt que de modifier leurs habitudes alimentaires ou leur périmètre de marche. Mais n'est-il pas essentiel de leur apprendre ces quelques règles de vie si simples et si évidentes ?

Boire suffisamment d'eau, marcher davantage et mieux manger, sont les trois axes d'action pour lutter efficacement contre la plupart des constipations.

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