Dengue et dengue hémorragique - L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003

 

Maladie tropicale

Conduites a tenir

Maladie virale des zones tropicales et subtropicales, la dengue, qui existe sous quatre formes distinctes, fait partie de la famille des arbovirus. Parfois mortelle, elle n'est combattue par aucun traitement. Seule la prévention permet de s'en prémunir.

La dengue est une maladie virale, parfois mortelle, transmise par des moustiques du genre Aedes ægyptus. Du fait de son expansion géographique, elle représente un important problème de santé publique.

C'est l'arbovirose la plus répandue géographiquement et la plus fréquente. On estime à 50 millions au moins le nombre annuel des infections humaines. Parmi elles, 500 000 sont atteintes de la forme sévère, la dengue hémorragique.

Le virus de la dengue appartient à la famille des arbovirus. Il existe quatre types de virus de la dengue. L'infection par un sérotype entraîne une immunité définitive, mais n'induit pas d'immunité croisée.

Conséquence : une personne peut être atteinte quatre fois par la dengue dans sa vie. On pense même que l'infection par un second virus accroît le risque de déclencher une forme plus grave de la maladie ultérieurement.

Le virus affecte uniquement l'homme et les primates. Il est endémique dans de nombreuses zones tropicales et subtropicales du monde : Asie du Sud-Est, Inde, Afrique (Nigeria, Sénégal, Côte-d'Ivoire, Burkina-Faso), Polynésie, région des Caraïbes, Amérique centrale, nord de l'Amérique du Sud, Japon, Australie.

TRANSMISSION

Dans le cycle sylvestre, le singe est le réservoir du virus et l'homme peut devenir un hôte accidentel.

On peut néanmoins considérer que le véritable réservoir naturel de la dengue est aujourd'hui constitué par l'homme, et plus particulièrement par les populations urbaines, en forte augmentation, notamment en Asie tropicale.

L'assainissement insuffisant, les eaux stagnantes, le manque d'hygiène et le nombre inhabituel de tempêtes tropicales favorisent la prolifération des moustiques qui véhiculent la maladie.

MANIFESTATIONS CLINIQUES

Il existe des formes atypiques frustes et des formes asymptomatiques. Cependant, le plus souvent, les manifestations sont polymorphes. La dengue est l'une des causes principales d'hospitalisation et de décès chez les enfants en Asie du Sud-Est.

La dengue s'exprime selon deux formes.

La dengue. C'est une maladie fébrile aiguë et bénigne dont l'incubation dure de cinq à huit jours. Ses manifestations sont de type grippal (apparition brutale de fièvre, de frissons, de céphalées, de douleurs rétro- orbitales, de photophobie et de douleurs musculaires et articulaires). On observe aussi des nausées, des vomissements et des affections de la gorge. Un érythème généralisé peut se déclarer au début de la maladie et une éruption peut apparaître trois à quatre jours plus tard sur le torse pour gagner ensuite les autres parties du corps. La fièvre dure de cinq à sept jours ; la convalescence peut prendre plusieurs semaines. La mortalité est très faible. Les complications sont rares et la guérison est sans séquelle.

La dengue hémorragique. Observée surtout en Asie tropicale et à Cuba chez les enfants, la dengue hémorragique est une complication fréquemment mortelle. Faute d'un traitement adéquat, la mortalité peut atteindre 10 à 20 % des cas. La maladie débute comme une dengue normale, mais après quelques jours de fièvre se produisent des symptômes hémorragiques avec une insuffisance circulatoire, une hypotension et un syndrome de choc hypovolémique, parfois irréversible. La fièvre peut atteindre de 40° à 41° C et s'accompagner de convulsions et d'hépatomégalie.

DIAGNOSTIC

Les principales méthodes pour diagnostiquer la dengue reposent sur :

- la détection du virus par inoculation sur lignée cellulaire et détection des anticorps par test Elisa ;

- diagnostic par technique de PCR qui permet de détecter l'ARN viral à partir d'un petit échantillon de sérum.

TRAITEMENT

Il n'existe actuellement ni vaccin ni traitement spécifique. Cependant, une prise en charge en service de réanimation permet de sauver des malades atteints de la forme hémorragique.

PRÉVENTION

Les méthodes de prévention sont les suivantes :

- supprimer les vecteurs : épandage aérien d'insecticides à très bas volume dans les zones urbaines et périurbaines, réduction du nombre de gîtes larvaires par destruction des larves, élimination des déchets urbains retenant l'eau ou favorisant la reproduction et la pullulation des moustiques ;

- utilisation de répulsif contre les moustiques ;

- recommander le port de vêtements couvrant le corps ;

- aménagement des maisons (moustiquaires aux fenêtres, autour des lits...).

PRÉVALENCE

Environ 2,5 milliards de personnes sont exposées au risque de dengue. Pour l'année 1995, il y a eu 275 000 cas dans les Amériques, dont 5 380 au Venezuela. Chaque année, environ 500 000 cas de dengue hémorragique nécessitent une hospitalisation, et 5 % se terminent par un décès.

En Polynésie française, l'estimation du nombre de cas pour les années allant de 1988 à 1997 est de 90 000 alors que le nombre de cas déclarés est de 19 594. Cette infection est de plus en plus fréquemment rapportée comme maladie du voyageur.