Fin de génériques - L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003

 

OMC

Actualités

Meilleurs voeux aux pays en voie de développement : l'accès aux génériques n'aura pas lieu. Les négociations en cours depuis un an sur l'accès des pays pauvres aux médicaments essentiels ont tristement abouti.

Les déclarations de bonnes intentions prises par les 145 pays membres de l'OMC à Doha (Qatar) en novembre 2001 n'étaient donc que du vent. Rappelons que les accords sur les ADPIC (accords sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) et la santé publique instituaient que rien n'empêchait les membres de l'OMC de protéger la santé publique et, en particulier, de promouvoir l'accès de tous aux médicaments. « Chaque membre a le droit de déterminer ce qui constitue une situation d'urgence nationale ou d'autres circonstances d'extrême urgence, étant entendu que les crises dans le domaine de la santé publique, y compris celles qui sont liées au VIH/sida, à la tuberculose, au paludisme et à d'autres épidémies, peuvent représenter une situation d'urgence nationale ou d'autres circonstances d'extrême urgence. »

Le commerce avant tout

En clair, la santé publique l'emportait alors sur les droits (économiques) des brevets. Eh bien, plus maintenant. Les États-Unis ont fait avorter cet accord. La justification donnée du bout des lèvres par un haut fonctionnaire de l'OMC se passe de tout commentaire : « Le Congrès, sous la pression des labos, a estimé que le commerce passe avant les préoccupations humanitaires. »(1) Signalons que la Suisse suivait les États-Unis sur ce point. Cette décision, entérinée le 23 décembre 2002, signe indirectement l'arrêt de mort des 30 millions de malades du sida. Et que dire des 15 millions de personnes mortes de maladies infectieuses en un an ? Serait-il de trop de répondre que George W. Bush leur souhaite à tous un joyeux Noël et une joyeuse nouvelle année ?

L'Union européenne, non satisfaite de la position des États-Unis, compte faire une dérogation afin de parvenir à un compromis. Elle voudrait instituer l'Organisation mondiale de la santé en arbitre, afin que la liste des problèmes majeurs de santé publique soit établie par un organisme impartial. À suivre.

1- « International Herald Tribune », 17 décembre 2002.