Les cadres, victimes de la RTT - L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003

 

RAPPORT PIQUEMAL

Actualités

Trop hâtive, la mise en place de la RTT a renforcé le cloisonnement des métiers et des structures en milieu hospitalier. C'est ce que souligne le rapport de la Mission nationale d'évaluation (MNE), qui désigne les cadres, en première ligne dans la gestion du personnel, comme des victimes des 35 heures.

Fin octobre 2002, la Mission nationale d'évaluation (MNE) a remis son rapport sur la mise en place de la RTT dans les établissements de santé. Rappelons qu'en juillet 2002, le ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, avait confié à Angel Piquemal, directeur du centre hospitalier intercommunal de la Côte basque, la présidence de la MNE. La mission s'est penchée sur 104 établissements, appartenant à tous les secteurs. La MNE a mis en évidence ce que professionnels et syndicats dénonçaient déjà en septembre 2001. À savoir que la RTT était instaurée à la hâte dans un contexte budgétaire tendu et dans un environnement démographique défavorable... La plupart des préconisations du rapport pour aménager la RTT à court terme ont été reprises par le ministère.

Amertume

Mais certains points du rapport ont été ignorés par l'accord, notamment concernant les cadres hospitaliers. « L'organisation de l'hôpital est caractérisée par une logique de cloisonnement entre les métiers et les structures. Cette logique est la conséquence négative du haut niveau d'expertise des agents et des unités opérationnelles. Les rapports montrent que ces cloisonnements, à l'exception de certains établissements engagés dans une démarche participative de préparation de l'accréditation, ont eu tendance à s'aggraver avec la mise en oeuvre de la RTT. » La MNE pointe du doigt les CHU et les grands centres hospitaliers qui ont subi les conséquences les plus négatives d'un repliement sur elles-mêmes des équipes. « Au sein des équipes de soins, la RTT révèle les écarts préexistants entre les soignants non-médecins et les médecins. » Les missions de la MNE ont souligné que les cadres ont conservé un sentiment d'exclusion et d'amertume, de non-reconnaissance. Les cadres premières victimes de la RTT ? « Soumis à une double hiérarchie, à la fois participant à la conception mais exclus des décisions, ils assument les conséquences négatives des dysfonctionnements quotidiens, passant beaucoup de temps dans la gestion des personnels et les modifications permanentes des plannings, le plus souvent sans l'aide d'une gestion informatisée. Ces tâches se développant aux dépens des fonctions de management, les cadres perdent ainsi le sens de l'organisation générale. » La MNE préconise de structurer le management autour d'une fonction cadre rénové. Gageons que les nombreuses missions sur l'organisation interne proposeront rapidement des solutions.