Surveillance d'un hypnotique - L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 178 du 01/01/2003

 

Pharmacologie

Conduites a tenir

Prescrits pour traiter les troubles du sommeil, les hypnotiques, dont les effets ne sont pas anodins, doivent faire l'objet d'une surveillance infirmière. Il convient également d'analyser les causes de l'insomnie pour obtenir une efficacité optimale des traitements.

OBJECTIFS

Les hypnotiques assurent le traitement symptomatique des insomnies. Ils sont encore appelés somnifères.

ACTIONS

Administrer le traitement. L'administration se fera selon la prescription en respectant les horaires et la posologie. En effet, un anxiolytique est utilisé à dose forte comme hypnotique le soir au coucher. En cas d'insuffisance respiratoire, rénale ou hépatique, la posologie doit être adaptée.

Il faut constater la prise effective du traitement et absolument s'assurer que le patient ne stocke pas ses médicaments (risque de suicide).

Les moyens de la surveillance. La durée et la qualité du sommeil devront être évaluées et signalées au médecin. Lors de ses passages réguliers, l'infirmière de nuit vérifiera et notera si le patient :

- ne dort pas ;

- se réveille plusieurs fois la nuit ;

- connaît un sommeil court ;

- éprouve des difficultés d'endormissement. Une attitude d'écoute va permettre au patient de verbaliser et d'exprimer ses sentiments ;

- dort bien.

On prêtera attention dans la journée à une éventuelle somnolence du patient, liée à l'insomnie ou à l'hypnotique.

Constater l'efficacité du traitement. L'insomnie se caractérise par des troubles de l'endormissement ou par des difficultés à maintenir le sommeil une fois l'endormissement obtenu.

Stress et anxiété. Le moindre déséquilibre de notre environnement ou de notre état psychique peut suffire à provoquer des troubles de la continuité et de la qualité du sommeil. Les difficultés à l'endormissement sont dues à des inquiétudes sur le devenir ou à des ruminations anxieuses.

L'insomnie se manifeste par l'incapacité à se détendre et par une tension musculaire excessive (nervosité). Le sommeil est perturbé par des cauchemars ou par des réveils nocturnes fréquents. Le réveil matinal est marqué par la présence d'une anxiété quasi immédiate. Le patient a l'impression que son sommeil est de mauvaise qualité.

Pathologies organiques. La douleur perturbe le sommeil à l'occasion d'une souffrance cardiaque ou lors de la dyspnée de l'asthmatique, par exemple. L'insomnie peut également être liée à la fièvre, la toux ou les démangeaisons. Le traitement des causes permet de faire régresser l'insomnie.

Dépression. Les troubles du sommeil accompagnent la dépression. Dans ce contexte, ils s'expriment par une difficulté à l'endormissement et des réveils nocturnes, vers 3 h et 6 h du matin. Il faut veiller à ce que ces troubles n'augmentent pas. Ils sont signes d'aggravation de la dépression et justifient la prise d'hypnotique.

Dépister les effets secondaires.

Sédation. Elle se traduit par une somnolence diurne, une perte de la vigilance et un réveil difficile. On posera une barrière de protection pour limiter le risque de chute. La consommation d'alcool n'est pas recommandée, tout comme l'association à d'autres sédatifs car ils potentialisent la sédation.

Dépendance et syndrome de sevrage. L'utilisation des hypnotiques peut amener à plus ou moins long terme une dépendance, avec besoin d'augmenter les doses. En cas d'usage prolongé, l'arrêt brutal du traitement est responsable d'un effet rebond, c'est-à-dire de la reprise aiguë d'anxiété. L'arrêt du traitement doit être progressif par paliers de plusieurs jours : diminution des doses de moitié, puis administration un jour sur deux.

Troubles de la mémoire. À long terme, on peut observer des pertes de mémoire. Chez la personne âgée, les risques d'accumulation aboutissent à de la confusion mentale et une désorientation.

Effets secondaires. Les hypnotiques benzodiazépines et apparentés (Imovane®, Stilnox®, Noctran®...) sont myorelaxants, responsables d'hypotonie musculaire. On observe un risque de dépression respiratoire chez un insuffisant respiratoire et en cas d'interaction médicamenteuse. Sans oublier une possibilité de réaction paradoxale, contraire à l'action souhaitée, s'exprimant par de l'ébriété, de l'irritabilité et de l'agressivité. L'alcool est déconseillé.

Les dérivés de la phénothiazine (Atarax®, etc.) ne sont pas exempts eux non plus d'effets secondaires : sécheresse de la bouche, constipation, confusion, rétention urinaire, syndrome extrapyramidal.

CONSEILS AUX PATIENTS

L'insomnie n'est pas forcément un signe de gravité. Elle peut disparaître si le patient observe quelques règles strictes :

- se coucher et se lever à heures régulières ;

- dormir dans une chambre calme ou bien insonorisée, à l'écart du bruit et de la lumière, avec une literie de bonne qualité ;

- vérifier que la température est maintenue au niveau idéal pour la saison et que la pièce est bien aérée ;

- éviter les repas copieux tard dans la soirée : la digestion étant alors longue, voire pénible ;

- éviter les excitants et le café après 17 h ;

- éviter l'alcool, entraînant un sommeil profond, mais souvent précédé d'énervement et de nervosité.

La durée de prescription d'un hypnotique est de quatre semaines sans renouvellement possible.