La dysfonction érectile masculine - L'Infirmière Magazine n° 179 du 01/02/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 179 du 01/02/2003

 

Andrologie

Conduites a tenir

La dysfonction érectile, ou trouble de l'érection, se définit comme l'incapacité à atteindre une érection suffisante afin de permettre un rapport sexuel satisfaisant. Depuis que des médicaments tels que le Viagra® sont apparus, cette pathologie est mieux prise en charge.

PHYSIOLOGIE DE L'ÉRECTION

Chez l'homme, la verge est constituée d'organes érectiles : deux corps caverneux cylindriques et très vascularisés, ainsi qu'un corps spongieux engainant l'urètre, sont innervés par des nerfs somatiques et végétatifs. L'érection est due à un mécanisme neurovasculaire complexe sur lequel influent des facteurs hormonaux et psychologiques. Lors d'une stimulation sexuelle, les corps caverneux et le corps spongieux se gorgent de sang grâce à l'occlusion associée du retour veineux, entraînant une tumescence suffisante pour permettre une pénétration.

FACTEURS FAVORISANTS

L'âge, l'obésité ainsi que certaines pathologies comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, etc., majorent le risque de survenue de troubles de l'érection. De nombreux médicaments favorisent les dysfonctions, notamment les anti-hypertenseurs comme les bêtabloquants et les diurétiques, ou les antidépresseurs. Une mauvaise hygiène de vie, ainsi que des facteurs alimentaires ou psychologiques sont des facteurs favorisants.

APPROCHE THÉRAPEUTIQUE

Des modifications du style de vie représentent une première approche thérapeutique à ne pas négliger : cesser de fumer, éviter les excès d'alcool ou l'utilisation de drogues, avoir une bonne hygiène alimentaire, faire régulièrement de l'exercice, perdre du poids, dormir suffisamment. Certains traitements médicamenteux seront réévalués, et modifiés. Des facteurs psychologiques influent sur ce trouble, comme le stress, l'anxiété, la dépression. Un soutien ou une prise en charge psychologique peut être bénéfique. L'insatisfaction avec le partenaire habituel provoque aussi la baisse du désir et peut engendrer des troubles de la libido. Le comportement sexuel du couple peut alors être modifié. Parfois, un déficit en testostérone est mis en évidence par un dosage sanguin : il sera alors compensé par un traitement hormonal substitutif qui devra être l'objet d'une surveillance médicale régulière. Il est contre-indiqué en cas de cancer de la prostate associé.

TRAITEMENT ORAL

Les substances per os sont essentiellement les inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (PDE5) comme le sildénafil (Viagra®) et bientôt sur le marché européen le vardénafil (Nuviva®) et le tadalafil (Cialis®), ainsi que les agonistes dopaminergiques comme l'apomorphine (Uprima®, Ixense®...). Après avoir tenté d'agir sur les causes iatrogènes et les facteurs favorisants, un traitement oral sera prescrit comme test d'épreuve. En cas de cardiopathie ischémique ou de traitement par dérivés nitrés, il est indispensable de demander préalablement un avis cardiologique. Une utilisation incorrecte du traitement peut engendrer son échec. Il est donc essentiel d'informer le patient sur le fait qu'une stimulation sexuelle reste nécessaire. Un suivi est indispensable, et il faut parfois réadapter les doses selon les besoins et les résultats. Toute nouvelle modification des facteurs favorisants peut influer sur l'effet de la thérapeutique, et une approche globale et plurifactorielle reste nécessaire.

TRAITEMENTS PLUS LOURDS

En cas d'échec avéré ou de contre-indication du traitement par voie orale, il reste bien sûr la possibilité d'avoir recours à des techniques plus invasives souvent précédées d'un bilan urologique complet. Les dysfonctions érectiles accompagnant des troubles neurologiques ou neurovasculaires lourds nécessitent souvent ce type de prise en charge.

Des injections médicamenteuses d'alprostadil, de papavérine et/ou de phentolamine notamment peuvent être effectuées par voie intracaverneuse ou transurétrale afin de déclencher l'érection.

Enfin, dans certains cas, on peut être amené à implanter une prothèse pénienne par voie chirurgicale.

UN MIEUX-ÊTRE

La prise en considération des besoins et de la satisfaction du partenaire est également un facteur essentiel. Les patients traités décrivent à long terme une très nette amélioration de leur qualité de vie. Dans nos sociétés, l'allongement de l'espérance de vie et le désir de vivre le plus normalement possible malgré l'âge qui avance, nous amènent à prendre en charge ces troubles le plus efficacement possible. Au-delà des performances sexuelles, c'est aussi l'image qu'a le patient de lui- même et de sa propre virilité, qui sont en jeu au travers du regard-miroir de sa partenaire.