Sur le chemin des écoliers - L'Infirmière Magazine n° 179 du 01/02/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 179 du 01/02/2003

 

Formation

Confidente, éducatrice, soignante, l'infirmière scolaire occupe un poste à la croisée des chemins, entre le soin et la pédagogie. Outre une formation aux projets éducatifs, son travail requiert de solides connaissances en techniques d'urgence.

La mission principale de l'infirmière scolaire consiste à identifier les besoins de santé et mettre en oeuvre au sein de l'établissement une démarche éducative adaptée à ces besoins. Elle collabore au sein du service infirmier ou du service médical, avec le service social et toute la communauté scolaire. Elle est aussi en contact avec les familles, les médecins traitants ou les associations. La soignante peut être résidente dans un établissement scolaire (collège, lycée...) ou rattachée à un centre médicoscolaire et exercer dans diverses structures (écoles, collèges, lycées, universités).

Comme la population prise en charge présente de nombreuses disparités et particularités en fonction du terrain, la pratique du métier n'en est que plus dynamique et variée. Le cadre d'exercice de la profession d'infirmière scolaire est régi par plusieurs textes législatifs. Rattachées à l'Éducation nationale, ses missions sont définies dans la circulaire n° 91-148 du 24 juin 1991 et l'arrêté du 14 février 1991. Elles sont aussi fixées par les décrets relatifs à la pratique de sa profession, notamment l'article 14 du décret de compétence n° 2002-194 du 11 février 2002 : « Formation, éducation, prévention et dépistage, dans le domaine des soins de santé primaires et communautaires. » Initialement réduite au contrôle de la vaccinothérapie, sa place dans un établissement scolaire s'est considérablement affirmée. Elle recouvre désormais des champs d'activités multiples. Ainsi, l'infirmière scolaire :

- assure les urgences pouvant être prises en compte dans la structure avant l'arrivée des unités spécialisées, ainsi que les soins et les traitements en accord avec le médecin traitant ou scolaire ;

- effectue des bilans de santé pour le dépistage des troubles ou des handicaps pouvant gêner l'acquisition scolaire ;

- gère l'éducation à la santé, favorise des projets éducatifs ciblés pour chaque public (toxicomanie, tabagisme, contraception) et participe au dépistage des maladies sexuellement transmissibles, des pratiques addictives ;

- améliore les conditions de vie des écoliers ou étudiants, l'ergonomie du travail scolaire, l'hygiène des locaux et la réduction des nuisances ;

- joue un rôle indispensable d'écoute, de soutien et de conseil et parfois de confidente, dans le respect des règles de secret professionnel et du cadre législatif. Elle est souvent la première source de dépistage de la maltraitance familiale ;

- participe à la formation initiale et continue du personnel infirmier, en recevant des stagiaires en cours de professionnalisation.

Peu de postes.

Chaque année, les postulantes sont nombreuses mais la limitation des postes ne permettra qu'à peu d'élues d'être accueillies au sein des établissements. En effet, les créations de poste sont réservées principalement aux académies pour lesquelles des situations sensibles de toxicomanie ou de violence nécessitent une aide ciblée d'accompagnement à la santé.

Dans le secteur public, le recrutement est organisé chaque année, par concours, académie par académie, puisque les infirmières scolaires n'appartiennent pas à la fonction publique hospitalière. Leur corps relève des infirmières de la fonction publique d'État et leur rémunération dépend de la grille salariale de ce corps. Le nombre de places offertes est lié aux postes budgétaires vacants. Très structurées, elles sont représentées par une infirmière conseillère technique dont la mission est de contribuer à la politique de santé des élèves de l'académie. Leurs missions sont décrites dans la circulaire 2001-014 du 12 janvier 2001, qui reprend précisément le cadre du fonctionnement et des responsabilités de l'infirmière scolaire relevant de l'Éducation nationale. Pour le secteur privé, il n'existe pas de concours, mais les postes disponibles et la grille de rémunération respectent les principes juridiques des circulaires et des décrets de l'exercice infirmier.

Où travailler ?

Les professionnelles s'engageant dans ce métier peuvent suivre deux voies.

Elles peuvent travailler dans un établissement scolaire fixe. Cet exercice est reconnu depuis les années 1940. L'infirmière est placée sous l'autorité hiérarchique du chef d'établissement et bénéficie d'avantages tels les congés scolaires. Le service peut comprendre des astreintes de nuit si l'établissement comporte un internat. Les professionnelles infirmières passent un concours de la fonction publique hospitalière et sont, en cas de succès, affectées à un établissement dans lequel elles peuvent passer toute leur carrière.

Elles ont aussi la possibilité de travailler en secteur : considérée comme un exercice hérité des infirmières travaillant sous la tutelle de la Ddass, l'infirmière scolaire est placée sous l'autorité hiérarchique de l'inspecteur d'académie. Son travail consiste à circuler chaque jour d'école en école (primaire et maternelle), à rencontrer le médecin scolaire afin de participer au dépistage des maladies ou handicaps de l'enfant et de mettre en oeuvre des actions d'éducation ou de correction.

Quel que soit le lieu d'exercice, les infirmières scolaires respectent les principes du décret d'exercice infirmier et les règles professionnelles du corps infirmier.

Passage obligé

Il est conseillé aux infirmières intéressées par cette filière d'exercer quelques années en secteur hospitalier, à la sortie de leur cursus de formation, afin d'acquérir suffisamment de dextérité et de réactivité pour faire face à des situations délicates sur le plan sanitaire ou social (cf. encadré p. 44).

Les formations professionnelles les plus suivies concernent les domaines suivants :

- formation à la gestion de l'ergonomie et prévention de la santé ;

- apprentissage et accompagnement d'actions éducatives ;

- mise en oeuvre et méthodologie de projets ;

- gestes et techniques d'urgence ;

- conduites addictives et situations de crise ;

- formations spécifiques à chaque structure, toxicomanie, contraception et MST.

Les infirmières scolaires occupent une place centrale dans le dispositif éducatif. Elles aident à dépister les freins à l'acquisition de savoirs, et à créer des milieux de vie propices à l'apprentissage. L'éducation et la réussite scolaires sont des facteurs d'intégration sociale significatifs, et l'école représente un espace de socialisation indispensable à la vie en société. Réunir dans ce même espace santé et culture est l'ambition de l'infirmière scolaire. En ce sens, elle pérennise la mission de construction identitaire de l'élève.

TÉMOIGNAGE

« Au moins cinq ans de pratique... »

Aide-soignante pendant 16 ans, Brigitte Ferry obtient son diplôme d'infirmière en 1994 à l'École des Diaconesses de Reuilly à Paris. Elle a travaillé pendant cinq ans à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes. Elle est infirmière scolaire à la cité scolaire Rodin dans le XIIIe arrondissement de Paris depuis 1999.

« Il ne faut pas avoir peur d'entrer en relation avec plusieurs équipes : médecin et assistante sociale, mais aussi professeurs, administratifs. Ensemble, il faut faire régulièrement le point sur les élèves en difficulté et les prendre globalement en charge. Ce type de poste requiert au minimum cinq ans de pratiques, afin d'être apte à gérer des situations très variées. Un établissement de notre taille dénombre 3 000 passages d'élèves à l'infirmerie par année. Je les vois en moyenne deux fois par an pour des douleurs ou des situations plus graves (fracture, crise d'asthme...), qui nécessitent des procédures de prise en charge différentes (contact des familles ou appel des services d'urgence). Il faut comprendre et accepter les jeunes, mais aussi savoir se faire respecter. Si les étudiants infirmiers en formation sont les bienvenus, on doit leur conseiller de ne pas s'engager dans ce métier avant d'avoir une certaine maturité. J'ai préparé le concours par le biais du Cned, cela nécessite beaucoup de travail. Nous bénéficions régulièrement de formation continue (diagnostic infirmier...). Personnellement, je suis des sessions organisées par l'Éducation nationale pour devenir tuteur et encadrer de nouvelles professionnelles. »

Formations(1)

-> Ergonomie et physiologie du travail

Faculté de médecine La Pitié-Salpêtrière

91, boulevard de l'Hôpital

75634 Paris cedex 13

-> Département de formation continue

Rue Haute-de-Reculée

49045 Angers cedex

-> DU santé au travail

2, rue du Docteur- Marcland

87025 Limoges cedex

-> DU toxicologie et prévention santé au travail

27, boulevard Jean-Moulin

13385 Marseille cedex 5

FORMATION CONTINUE

-> ANFH

256, rue de Charenton

75012 Paris

-> Onisep

46-52, rue Albert

75013 Paris

-> DESU pratiques cliniques avec les familles migrantes

Université Paris VIII

2, rue de la Liberté

93526 Saint-Denis

Tél. : 01 49 40 65 59

> Certificat d'université, pratiques soignantes, soins en santé mentale

École supérieure Montsouris, ASM 13

42, boulevard Jourdan

75014 Paris

Tél. : 01 56 61 68 60

-> Grieps

13, avenue Philippe- Auguste

75011 Paris

Tél. : 01 40 09 87 99

-> Société française des infirmiers en soins intensifs

9, rue Crocé-Spinelli

75014 Paris

Tél. : 01 39 75 54 82

info@sfisi.asso.fr

1- Liste non exhaustive.